Reflux gastro-œsophagien Quels traitements en 2003 ? Le reflux gastro-œsophagien (RGO) touche 30 à 5O % de la population française. Si les patients, dans l’immense majorité des cas, sont satisfaits de leur traitement médical par les inhibiteurs de la pompe à proton(IPP), certains conservent un pyrosis ou des manifestations dyspeptiques sans rapport avec l’acidité. L es IPP ne concernent pas uniquement le RGO mais constituent aussi un traitement préventif et curatif des complications digestives liées aux AINS. Dans le RGO, le pyrosis est le symptôme le plus fréquent, suivi des régurgitations acides et des douleurs épigastriques. Le traitement médical du RGO par les inhibiteurs de la pompe à proton vise à favoriser la cicatrisation des œsophagites, à soulager les symptômes de reflux acide et à prévenir les récidives. Pour le Dr T. Piche (Nice), « les risques liés à une inhibition puissante et prolongée de la sécrétion gastrique acide paraissent de plus en plus faibles au fur et à mesure que l’expérience s’accroît. Une fois l’œsophagite cicatrisée, les stratégies thérapeutiques au long cours sont basées sur des traitements continus ou intermittents “à la demande”, guidés par la symptomatologie du patient ». Environ 80 % des malades déclarent que le traitement a considérablement amélioré leur qualité de vie, notamment en ce qui concerne les activités sociales, le sommeil et l’alimentation. Les limites des IPP Cela dit, les IPP ont des limites car ils n’agissent que sur la composante acide du reflux alors que sa composante biliopancréatique n’est pas réduite, d’où leur moindre efficacité chez les personnes souffrant de troubles fonctionnels digestifs. Si les IPP constituent une avancée thérapeutique, ils ne sont pas un traitement étiologique du RGO, qui est avant tout une maladie motrice. En effet, la majorité des épi- 10 sodes de reflux acide surviennent à l’occasion des relaxations inappropriées du sphincter inférieur de l’œsophage. Ces épisodes sont donc une cible pour le développement de nouveaux agents pharmacologiques. Une maladie chronique Le RGO est une maladie chronique dans laquelle deux tiers des patients présentent encore des symptômes 5 à 10 ans après le diagnostic. En cas de récidives fréquentes, d’insuffisance des résultats ou de lassitude du patient devant un traitement au long cours, des alternatives chirurgicales sont proposées. A noter que les effets secondaires de la chirurgie (dans 30 à 60 % des cas) peuvent être difficiles à contrôler médicalement (difficultés d’éructation, ballonnements, troubles du transit, diarrhée notamment). En outre, de nouvelles techniques endoscopiques sont envisagées comme des alternatives au traitement médical : techniques d’injection et d’implantation d’un polymère, techniques de suture, hyperthermie délivrée par radiofréquence. Reste à évaluer l’intensité des réactions fibrosantes et inflammatoires induites par ces interventions. En ce qui concerne les effets secondaires digestifs des AINS, la prévalence des complications graves reste relativement faible au regard de l’importance des prescriptions d’AINS. Toutefois, « ils constituent un problème préoccupant en raison de leur fréquence et de leur gravité chez les sujets âgés », observe le Dr P. Hochain (Rouen). Les troubles dyspeptiques sont observés dans 30 % des cas, Professions Santé Infirmier Infirmière - No 46 - mai 2003 l’incidence de l’ulcère gastrique est de 45 % après six mois de traitement, la prévalence des hémorragies digestives est de 1/6 000 prescriptions d’AINS, sans oublier les effets secondaires au niveau du grêle et du côlon. Avec les nouveaux anti-inflammatoires, les anti-COX2 (coxibs), la probabilité de développer un ulcère symptomatique est plus faible, mais les troubles dyspeptiques demeurent fréquents. A noter que la prévalence des complications liées aux AINS varie selon les caractéristiques des sujets, à savoir : âge, antécédents digestifs, présence de Helicobacter pylori, dénutrition, stress, prise d’alcool et l’association ou non à d’autres médicaments (aspirine, corticoïdes, anticoagulants). Il est admis que, chez les patients à risque, un traitement préventif par IPP doit être instauré pendant tout le temps du traitement par AINS. Un médicament à base de pantoprazole a obtenu une nouvelle indication dans le traitement préventif des ulcères gastroduodénaux induits par les AINS chez les patients à risque (âge supérieur à 65 ans, antécédents d’ulcère ou d’hémorragie digestive) pour lesquels un traitement antiinflammatoire doit être poursuivi. L.C. Medec 2003 Rappel Le RGO est l’ascension du liquide gastrique vers l’œsophage. Événement naturel très répandu, le RGO est aussi une maladie généralement chronique quand il déclenche des symptômes et entraîne des complications, notamment une œsophagite. Le RGO est parfois peu symptomatique. Il peut être épisodique ou évoluer par poussées entrecoupées d’accalmies parfois prolongées. Il devient invalidant quand les symptômes sont permanents.