
- Quel rationnel biologique existe-t-il pour justifier la sédation (en anesthésie, la
sédation se justifie parce qu’elle limite les conséquences physiologiques des stress
sur la morbidité et la mortalité)?
- Comment choisit-on une drogue (ses indications, ses effets secondaires)?
- Quel type de sédation désire-t’on induire: analgésie, anxiolyse, hypnose,
traitement; légère, profonde?
- Comment en pratique se déroule l’administration des sédatifs?
- Quelle surveillance établit-on?
- Comment évalue-t’on la profondeur de la sédation (échelles...)?
- Comment réévalue-t’on son bienfondé au cours du temps?
Dans les études réalisées en soins palliatifs, les traitements sont rarement
envisagés dans le détail: les sédatifs sont fréquemment désignés comme un
ensemble homogène. Or, les médecins de SP ne sont pas tous anesthésistes et on
ne peut mettre sur le même plan une sédation induite par une benzodiazépine
comme le midazolam et une sédation réalisée avec des barbituriques. Avoir le
souci du confort du patient passe par le choix de la technique adaptée à sa
situation clinique.
Si la sédation prétend à une place dans les soins en fin de vie, alors elle doit se
faire en compétence.
Préalable “Efficacité”
Un second point est lui aussi peu abordé dans les études et pourtant essentiel:
celui des conséquences de la sédation sur ce que vit le patient.
En d’autres termes, la sédation est-elle réellement efficace dans la logique d’une
prise en charge palliative, au-delà de l’apparence paisible du patient? Ne
condamne-t-on pas le patient à une souffrance supérieure à celle qu’il connaissait
en le privant de ses moyens d’expression, en l’enfermant dans une réalité dont
nous en connaissons si peu, et si peu accessible?
Sans vouloir faire des comparaisons, nous pouvons aller chercher des éléments
de réponse, des pistes, dans les situations où la conscience a également été altérée.
On sait1 par les connaissances accumulées autour des situations où la conscience
est altérée qu’un patient sédaté continue d’avoir un vécu, évidemment différent
de la réalité dans laquelle nous nous trouvons. Se pose alors la question des
moyens à développer pour maintenir une forme d’interaction, c’est-à-dire des
moyens que les soignants doivent mettre en oeuvre s’ils reconnaissent au patient
sédaté son statut d’humain, avec, là où il se trouve, son identité et sa dignité.
1- La possibilité d’une élaboration psychique au cours des cures de sommeil en psychiatrie;
- La possibilité de souvenirs explicites pendant l’anesthésie;
- La continuité des processus inconscients au cours du coma;
- La spécificité des troubles psychiques rencontrés au cours du coma, en réanimation;
- Les atteintes sélectives de la mémoire en fonction de la drogue utilisée, i.e. à différents niveaux du processus de mémorisation ou de
remémoration.