Point de vue. L'urgence d'un plan sur les soins palliatifs France - 21 Mars • Editorial Par Dr Vincent Morel, président de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs. La proposition de loi sur la fin de vie vient d'être votée à l'Assemblée. Elle comporte des propositions qui visent à répondre aux aspirations de nos concitoyens d'être plus écoutés, mieux soulagés, mieux accompagnés. Ces propositions soutiennent et respectent aussi les repères soignants fondamentaux : le non-abandon, l'écoute, le soulagement, le refus de l'acharnement thérapeutique et le refus absolu de provoquer intentionnellement la mort. Afin que la volonté du patient soit mieux entendue, le législateur propose que les directives anticipées s'imposent aux médecins. Mais parce qu'il est vigilant à ce que leur mise en oeuvre soit toujours observée dans l'intérêt du malade, elles ne seront pas « opposables », au sens juridique du terme. Comme il est impossible de toujours tout prévoir, l'expérience montre que dans certaines situations, rares mais réelles, les directives anticipées « apparaissent inappropriées ». Dans ce cas particulier, et afin d'apporter toujours les meilleurs soins aux patients, le médecin pourra, après en avoir parlé avec la personne de confiance, s'en délier. « On ne peut réduire la fin de vie à une loi » La sédation en phase terminale est aussi au coeur de cette nouvelle loi. Il ne s'agit pas d'un droit absolu et sans condition à être endormi en fin de vie, mais bien d'un droit de bénéficier « d'une sédation profonde et continue jusqu'au décès » dans des situations précises et encadrées ; par exemple, lorsqu'un patient « atteint d'une maladie grave et incurable dont le pronostic vital est engagé à court terme » présente une souffrance qui persiste malgré tous les traitements déjà mis en place. Ce geste médical, connu depuis des années par les professionnels de santé, ne peut en aucun cas être assimilé à une euthanasie. Même si le décès peut survenir pendant la sédation, ce n'est pas elle qui provoque ce décès, c'est la phase ultime de la maladie. La sédation est et doit rester un traitement qui vise à soulager un malade qui arrive au terme de sa vie. Pour rester dans ce cadre et éviter d'en faire une pratique banalisée, signe d'une mort maîtrisée et refoulée, il nous faudra rester vigilant et prudent dans l'application de cette loi. Une politique de la fin de vie ne saurait se réduire à une seule proposition de loi. Même équilibrée, elle n'aura aucun sens si elle n'est pas suivie d'un véritable développement des soins palliatifs et de l'accompagnement. Ce qui reste inacceptable, ce sont les conditions actuelles de la fin de vie dont les constats, connus et répétés, montrent trop d'inégalités et pas assez d'accès aux soins palliatifs, ainsi que des situations d'acharnement thérapeutique, alliés à un déficit de formation des professionnels de santé. Les patients et leurs proches attendent des mesures concrètes, des aides adaptées, des professionnels formés et attentifs à leur confort, ainsi qu'un accueil et une écoute au plus près de leurs volontés. Le prochain plan pour les soins palliatifs, attendu depuis trois ans, a été annoncé. Il doit être assorti de mesures budgétaires effectives et mis en oeuvre très rapidement. Le véritable enjeu actuellement est de soulager et d'accompagner avec compétence et humanité tous les patients qui arrivent au terme de leur vie, quels que soient leur âge, leur pathologie et leur lieu de vie.