Chapitre 5
Espaces fonctionnels
On note F(X, Y )l’ensemble des applications de Xdans Y.
5.1 La convergence simple et la convergence uniforme
Définition 1. Soit Xun ensemble muni ou non d’une topologie, et Yun espace
topologique. On dit qu’une suite d’applications (fn)nNde Xdans Yconverge
simplement vers une application f:XYsi pour tout xX,(fn(x))nN
converge vers f(x)dans Y
Définition 2. Soit Xun ensemble et (Y, d)un espace métrique. On dit qu’une suite
(fn)n0d’applications de Xdans Yconverge uniformément vers une application
f:XYsi :
 > 0,NN;n>N⇒ ∀xX d(fn(x), f(x)) < .
5.2 Topologie produit et convergence simple
L’ensemble des applications de Xdans Yn’est rien d’autre que l’espace pro-
suit YX.Ona:
Proposition 1. Une suite d’applications (fn)nNde Xdans Yconverge simple-
ment vers une application f:XYsi et seulement si elle converge vers fpour
la topologie produit.
1
2CHAPITRE 5. ESPACES FONCTIONNELS
5.3 Distance de la convergence uniforme
Lemme 1. Soit Xun ensemble, (Y, d)un espace métrique, fYXet (fn)nN
une suite dans YX. Soit d0une distance sur Yuniformément équivalente à d. Alors
la suite (fn)nNconverge uniformément vers fpour la distance dsi et seulement
si elle converge uniformément vers fpour la distance d0.
Démonstration. Supposons que (fn)nNconverge uniformément vers fpour la
distance d, et montrons que (fn)nNconverge uniformément vers fpour la dis-
tance d0. Soit  > 0. On sait qu’il existe µ > 0tel que d(fn(x), f(x)) < µ
d0(fn(x), f(x)) < . Mais d’après la continuité uniforme de fpour d, il existe
NNtel que n>Nd(fn(x), f(x)) < µxX. D’où le résultat.
Définition 3. Soient Xun ensemble et (Y, d)un espace métrique. On pose d0=
min(1, d)et pour f, g YX, on pose D0(f, g) = supxXd0(f(x), g(x)). On
appelle topologie de la convergence uniforme et on note Tcu la topologie sur YX
associée à la distance D0. La topologie ne dépend que de la classe d’équivalence
de d.
Définition 4. On note C(X, Y )l’ensemble des applications continues de Xdans
Yet B(X, Y )l’ensemble des applications bornées de Xdans Y.
Proposition 2. Soient Xun ensemble quelconque et (Y, d)un espace métrique.
Une suite d’applications (fn)nNde Xdans Yconverge uniformément vers une
application fde Xdans Ysi et seulement si la suite (fn)nNconverge vers fdans
(YX,Tcu).
Démonstration. Il suffit d’écrire les définitions.
Théorème 1. Soient Xun espace topologique, (Y, d)un espace métrique et (fn)nN
de Xdans Yqui converge uniformément vers une application fde Xdans Y.
Alors si toutes les fonctions fnsont continues en aX, alors fest continue en a.
C’est à dire que l’ensemble des fonctions continues en aest un ensemble fermé de
(YX,Tcu). De même, C(X, Y )est un sous-ensemble fermé de (YX,Tcu).
Démonstration. Soit  > 0. On écrit :
d(f(x), f(a)) d(f(x), fn(x)) + d(fn(x), fn(a)) + d(fn(a), f(a)).
Or, il existe NNtel que n>Nimplique (d(fn(x), f (x)) <
3pour tout xX.
Soit donc n > N. Puisque fnest continue en a, il existe un voisinage Vade atel
que pour tout xVad(fn(x), fn(a)) <
3. D’où le résultat.
5.3. DISTANCE DE LA CONVERGENCE UNIFORME 3
Proposition 3. Soit (X, d1),(Y, d)des espaces métriques et (fn)n0une suite
d’applications uniformément continues de Xdans Y. Si la suite (fn)n0converge
uniformément vers une application f, alors fest uniformément continue.
Démonstration. Puisque (fn)converge uniformément ves f, il existe Ntel que
pour tout n>N,supxXd(fn(x), f(x))
3. Soit n>Nfixé. Puisque fnest
uniformément continue, il existe µtel que d1(x, y)< µ implique d(f(x), f(y)) <
3. Alors,
d(f(x), f(y)) d(f(x), fn(x)) + d(fn(x), fn(y)) + d(fn(y), f(y))
3+
3+
3.
Ce qui montre que fest uniformément continue.
Théorème 2 (Dini).Soit Xun espace compact et (fn)nNune suite d’applications
continues de Xdans R. On suppose que :
1. la suite (fn)nNest croissante, c’est à dire que pour tout xX, la suite
fn(x)est croissante.
2. La suite (fn)nNconverge simplement vers une application continue fde
Xdans R.
Alors la suite (fn)nNconverge uniformément vers f.
Démonstration. On pose Fn={xX;|fn(x)f(x)| ≥ }={xX;f(x)
fn(x)}. Alors comme fnfest continue, Fn= (ffn)1([, +[) est
un sous-ensemble fermé de X. Puisque fn+1(x)fn(x),Fnest une suite dé-
croissante au sens de l’inclusion. Soit x∈ ∩nNFn. Alors pour tout nN,
f(x)fn(x). Ce qui est impossible puisque fn(x)tend vers f(x). Donc
nNFn=. Donc (Fn)nNest une famille de fermés d’intersection vide. Or X
est un espace compact, donc il existe une sous-famille finie d’intersection vide.
Dans ce cas, cela signifie qu’il existe NNtel que FN=. C’est à dire que :
NN/n > N, xX, |fn(x)f(x)|< .
Donc la suite fnconverge uniformément vers f.
Lemme 2. Soient Xun ensemble, (Y, d)un espace métrique et (fn)nNune suite
de Cauchy dans (YX,Tcu). Si pour tout xXla suite (fn)(x)nNconverge vers
f(x)Y, alors la suite (fn)nNconverge uniformément vers f.
4CHAPITRE 5. ESPACES FONCTIONNELS
Démonstration. On peut supposer que la distance dest majorée par 1et que la
topologie Tcu est donnée par la distance D(f, g) = supxXd(f(x), g(x)). Alors,
(fn)est de Cauchy dans (YX,Tcu)⇒ ∃N/p, q > N D(fp, fq)< .
Donc,
N/p, q > N d(fp(x), fq(x)) <  xX.
Par passage à la limite lorsque q+on obtient,
N/p > N D(fp(x), f(x)) < xX.
C’est à dire que fnconverge uniformément vers f.
Théorème 3. Soient Xun ensemble, (Y, d)un espace métrique complet. Alors les
espaces métriques (YX,Tcu)et (B(X, Y ),Tcu)sont complets. Si Xest un espace
topologique (Cb(X, Y ),Tcu)est complet.
Démonstration. Soit (fn)une suite de Cauchy de (YX,Tcu). Alors :
N;p, q > N ⇒ ∀xXd0(fp(x), fq(x)) < ,
avec d0=min(1, d). Donc pour tout xfixé, (fn(x)) est une suite de Cauchy de
(Y, d0). Or (Y, d0)est complet, donc il existe l(x)tel que fn(x)l(x). On pose
f(x) = l(x). Alors D’après le lemme précédent (fn)converge uniformément vers
f.
Soit (fn)une suite de Cauchy de (B(X, Y ),Tcu). Alors, d’après ce qui précède
(fn)converge uniformément vers une fonction f. Soit ntel que xX,d(fn(x), f(x))
). Alors d(f(x), f(y)d(f(x), fn(x)) + d(fn(x), fn(y)) + d(fn(y), f(y))
M+ 2.
Enfin, soit (fn)une suite de Cauchy de (B(X, Y ),Tcu). Alors, d’après ce qui pré-
cède (fn)converge uniformément vers une fonction f. Mais on avait vu que fétait
aussi continu. D’où le résultat.
Théorème 4 (Inversion des limites).Soient Xun espace topologique, Aune par-
tie de X,x0¯
A,(Y, d)un espace métrique complet et fnune suite dans YA
convergeant uniformément vers fYA. Si pour tout n,fnadmet en x0une limite
lnY, alors il existe lYtel que :
1.
lim
n+ln=l.
2.
lim
xx0
f(x) = l.
5.4. THÉORÈME D’ASCOLI 5
Autrement dit, on a :
lim
xx0
f(x) = lim
xx0
( lim
n+fn(x)) = lim
n+( lim
xx0
fn(x))
Démonstration. On montre d’abord le 1. Pour cela on va montrer que la suite
(ln)nNest de Cauchy dans Y. Soit  > 0fixé. On sait que la suite fnconverge
uniformément vers f. Donc il existe N, tel que n, m > N implique que pour
tout xA,d(fn(x), fm(x)) <
3. Puisque fmet fnconvergent vers lmet ln
lorsque xtend vers x0, il existe un voisinage Vde x0tel que pour tout xVA,
d(fm(x), lm)<
3et d(fn(x), ln)<
3. On a alors, pour xVA:
d(lm, ln)d(lm, fm(x)) + d(fm(x), fn(x)) + d(fn(x), ln).
La suite (ln)nNest donc de Cauchy dans Y, or Yest complet, donc elle converge
vers une limite l. Montrons maintenant le 2. On sait que la suite fnconverge uni-
formément vers fet que la suite lntend vers l. Donc il existe N, tel que n>N
implique que pour tout xA,d(fn(x), f(x)) <
3et d(ln, l)<
3. Soit donc
n>Nfixé. On sait qu’il existe un voisinage Vde x0tel que pour tout xVA,
d(fn(x), ln)
3. Alors pour tout xVA,ona:
d(f(x), l)d(f(x), fn(x)) + d(fn(x), ln) + d(ln, l).
Théorème 5. Soit [a, b]un intervalle fermé borné de Ret (fn)nNune suite de
fonctions de C([a, b],R)convergeant uniformément vers une fonction f: [a, b]
R. Alors :
lim
n+Zb
a
fn(x)dx =Zb
a
f(x)dx.
Théorème 6. Soient Iun intervalle de Ret (fn)nNune suite de fonctions déri-
vables de Idans R. on suppose que :
1. (fn)converge simplement vers une fonction f.
2. (f0
n)converge uniformément vers une fonction g.
Alors fest dérivable sur Iet sa dérivée est g.
5.4 Théorème d’Ascoli
Soient Xun espace toplogique et (Y, d)un espace métrique. Dans ce para-
graphe, on s’intéresse à la caractérisation des parties compactes de C(X, Y ).
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !