Electromagnétisme, TD n˚3, corrigé Retour sur le bleu du ciel 1 Diffusion par une particule 1) La molécule que l’on considère est située en O. On peut écrire son moment dipolaire p0 = 0 α(ω)Einc (0) = 0 α(ω)E0 . Le potentiel vecteur s’en déduit immédiatement (résultat de cours) : A(r) = µ0 exp(ikr) (−iωp0 ) 4π r En champ lointain, le champ électrique rayonné est : E(r) = iωA⊥ (r) = µ0 exp(ikr) 2 ω p0,⊥ 4π r Le symbole ⊥ signifie "transverse", c’est-à-dire que l’on prend la composante du vecteur qui est dans le plan perpendiculaire à la direction d’observation (axe émetteur observateur) ur . Les champs électrique et magnétiques rayonnés en champ lointain sont donc perpendiculaires à la direction de propagation. On retrouve une caractéristique des ondes planes. Rappel : en champ lointain on a montré que les ondes étaient localement planes. 2) L’onde plane incidente est polarisée suivant Ox. Cela signifie que E0 = E0 ex . Le moment dipolaire de la molécule est donc lui aussi orienté suivant Ox, ainsi que le potentiel vecteur A(r). Dans la direction d’observation Ox, la composante transverse de E0 est nulle : le champ électrique diffusé dans cette direction est donc nul. Dans la direction Oy, E0,⊥ = E0 , le champ électrique diffusé a une amplitude maximale. 3) La lumière solaire n’est pas polarisée, c’est à dire que la polarisation du champ électrique incident est aléatoire. Mais elle est dans le plan xOy. Si l’on décompose le champ électrique incident sur la base ex , ey , on peut écrire le champ diffusé sous la forme (c’est aussi la linéarité des équations de Maxwell) : Ediff = (...)p0x ex,⊥ + (...)p0y ey,⊥ Dans la direction d’observation Ox, ex,⊥ = 0 et ey,⊥ = ey . Le champ diffusé n’est donc proportionnel qu’à ey : la lumière diffusée dans cette direction est polarisée ! 1 4) La puissance diffusée dP dans un angle solide dΩ se calcule à partir du vecteur de Poynting Π = 2µ1 0 Re (E × B∗ ). En exprimant E et B en champ lointain à l’aide du potentiel vecteur, on montre facilement que : dP = ω2 ω2 |A⊥ |2 udS = |A⊥ |2 r2 dΩ 2µ0 c 2µ0 c En réinjectant l’expression de A⊥ , il vient : dP = µ0 p20 4 ω |ex,⊥ |2 dΩ 32π 2 c Si la polarisabilité est constante, cette puissance diffusée varie en ω 4 . 5) Le bleu, autour de 400 nm, est plus diffusé que le rouge, autour de 600 nm, d’un facteur (600/400)4 = 5 2 Exercice de diffusion : les montagnes au loin sont bleues... 1) La section efficace de diffusion est définie par le rapport de la puissance totale diffusée et de l’amplitude du vecteur de Poynting incident. Le rapport entre puissance et vecteur de Poynting s’exprime bien en unités de surface, d’où le terme de "section efficace". Le vecteur de Poynting incident (valeur moyenne temporelle) est : |Πinc | = 0 c |E0 |2 2 La puissance totale diffusée Pdiff est l’intégrale sur les angles solides de dP (défini en 1.4). En remarquant que |ex,⊥ |2 = (1 − sin2 θ cos2 Φ), il vient : Pdiff = 8π µ0 p20 4 µ0 p20 4 ω = ω 3 32π 2 c 12πc en remarquant que p0 = 0 α0 E0 , et en utilisant 0 µ0 c2 = 1, on trouve la section efficace de diffusion : Pdiff α2 ω 4 σdiff = = 0 4 |Πinc | 6πc 2) Le libre parcours moyen lpm est par définition : lpm = 1/nσdiff où n est le nombre de particules par unité de volume dans le milieu (ici l’atmosphère). 3) Le flux lumineux dans la direction de l’observateur décroît lors de la traversée de l’atmosphère. Cette atténuation n’est pas due à de l’absorption mais à de la diffusion, c’est-à-dire de "l’éparpillement" de la lumière au fur et à mesure de sa propagation. La luminance est L0B = LB exp(−D/lpm) 2 4) Le soleil éclaire le volume δV qui diffuse la lumière. Ce volume contient nδV molécules. On a d’après la question 1.41 : 0 α02 E02 4 dPd = nδV ω dΩ 32π 2 c3 5) Par définition dLd = dPd dΩS . Il vient donc : dLd = ndy 0 α02 E02 4 ω 32π 2 c3 6) Entre l’observateur et la chaîne de montagne, on a donc la luminance de l’atmosphère : Z D Ld = 0 dLd = nD 0 α02 E02 4 ω 32π 2 c3 app 0 7) On a Lapp B = LB + Ld et LN = Ld 8) Le contraste apparent est défini par : C app = app Lapp B − LN app Lapp B + LN α2 ω 4 cE 2 3 0 0 0 On note K(ω) = nD 6πc 4 . On peut écrire Ld = 8π 2 K(ω). On peut écrire le contraste apparent sous la forme : exp[−K(ω)] C app = 3K(ω)/2 + exp[−K(ω)] Application numérique : le contraste est de l’ordre de 9%. La couleur des montagne est due à la diffusion de l’atmosphère : on les voit bleues. 1 Attention, il y a ici une petite erreur de raisonnement : on considère le rayonnement de chaque particule de manière indépendante et sans prendre en compte les interférences entre les différentes particules ! Le résultat est quand même juste car l’atmosphère n’est pas figée : on peut montrer que le fait que les molécules bougent dans l’air conduit en moyenne à sommer les puissances diffusées par chaque molécule 3 luminance/LB 4.5 4 Lapp N 3.5 Lapp B 3 2.5 2 1.5 1 0.5 0 400 450 500 550 600 longueur d’onde (nanomètres) 650 700 Fig. 1 – à gauche : luminances apparentes en fonction de la longueur d’onde. Le bleu est beaucoup plus présent dans le spectre que le jaune ou le rouge. À droite : vue dans le massif du Mont Blanc 4