Psychologie sociale du changement Cours 7 Semestre 2 L2 Psychologie Claudia TOMA RAPPEL La persuasion : s’intéresse aux attitudes en réponse à un message Selon les approches du traitement dual, un message persuasif peut être traité de deux façons - de manière périphérique (ELM) ou heuristique (HSM) - de manière centrale (ELM) ou systématique (HSM) De manière générale, LA PERSUASION est abordée à travers les mécanismes en jeu dans le traitement de l’information Partie 3: L’INFLUENCE SOCIALE 1.INTRODUCTION GENERALE L’influence sociale : - s’intéresse à l’importance de la relation entre la source et la cible dans l’impact du message; - concerne les processus par lesquels les individus / les groupes maintiennent ou changent leurs modes de pensée lors des interactions sociales. Trois phénomènes d’influence sont généralement étudiés - l’obéissance, - la conformité et - l’innovation 2. L’OBEISSANCE Il suffit d’être investi d’une autorité légitime pour être influent Exemple de recherche : Stanley Milgram (1974) Cover story : expérience sur l’apprentissage à base de punition Procédure: 1) Tirage au sort (truqué) des rôles des participants - le sujet sera le moniteur et « punira » - le compère sera l’élève 2) Quand l’élève se trompe, le moniteur le punit par des « chocs électriques » (de 15 à 450 volts). A chaque erreur l’intensité des chocs doit augmenter. Les derniers boutons mentionnent la dangerosité du choc Si le moniteur hésite à punir, l’expérimentateur le rappelle à l’ordre Dispositif expérimental 450V XXX Danger choc sévère 300V Choc intense Choc très important 150V Choc important Choc modéré 0V Choc faible Dispositif expérimental 450V • Absence totale de réactions 300V • Refus de poursuivre • Cris d’agonie 150V • Cris • Grognement 0V RESULTATS: 65 % des personnes vont jusqu’à 450 volts soit près de 2 personnes sur 3 La présence d’une autorité légitime amène à passer d’une évaluation morale des comportements à une évaluation cognitive QUESTION : Peut- o n évoquer la personnalité du sujet ? C’est avant tout une question de situation et non une question de personnalité De même, l’obéissance varie selon les situations (ex: dilution de responsabilité, majorité) Au sein d’un groupe, il existe une certaine pression à respecter les règles sociales (explicites et implicites) qui régissent ce qui est acceptable dans le groupe Question: A quel point un groupe peut-il exercer une pression sur l’individu ? - Etude de l’influence majoritaire - Etude de l’influence minoritaire 3. La conformité et l’influence majoritaire 3.1. Pression à la conformité Exemple de recherche: Asch (1951) Les participants (1 « naïf » et des compères) doivent participer à une tâche de jugement visuel: Quelle ligne parmi les 3 est de la même longueur que celle présentée ? Chacun répond à tour de rôle Dans les deux premiers essais tout le monde donne la bonne réponse Mais au 3ème essai et à intervalles réguliers, les compères donnent une réponse erronée Que fait le sujet ? Plus de 30% des individus se conforment au groupe et donnent une réponse fausse ...contre 1% de réponses fausses quand les individus sont testés seuls. POURQUOI ? Première explication: les individus n’aiment pas se sentir différents des autres membres du groupe, ils ont peur d’être rejetés REMARQUE: Que dire sur le nombre de compères ? Quand il y en a qu’un seul, conformité négligeable. Elle augmente très fortement quand on ajoute une puis deux personnes. Pour certains, l’effet se stabilise à partir de 4 personnes. Pourcentage de conformisme selon le nombre de compères donnant une mauvaise réponse (Asch, 1955) 50 % Conformisme 40 30 20 10 0 0C 1C 2C 3C 4C 15C Pourcentage de conformisme selon la présence ou non d’un supporter (Asch, 1956) 50 40 % Conformisme 30 20 10 0 Seul Unanimité Un supporter 3.2. Pourquoi se conformer Pour Festinger, il y aurait deux explications Explication 1: une construction sociale de la réalité - Nous avons tous certaines croyances concernant le monde -Ces mini théories guident nos actions et nos interprétations des événements sociaux -De plus, il est important de vérifier certaines théories DONC quand tous semblent d’accord cela => une certaine assurance de ce que doit être la réalité. => c’est une validation Une conséquence: La pression à la conformité augmente quand l’individu se retrouve dans une situation ambiguë Explication 2: le but du groupe -Le groupe poursuit des objectifs -Pour les atteindre il faut une certaine uniformité Etude sur l’impact d’un nouveau but: Lewin (1965) Objectif : persuader les familles américaines, après la guerre, de manger des abats Lewin compare 2 groupes : - G1: les mères de familles sont amenées ensemble, à l’issue de la conférence d’un expert en nutrition, à décider de nouvelles recettes à suivre - G2: suggestion par l’expert de tester de nouvelles recettes => La participation active fonctionne davantage due à une certaine cohésion de groupe MAIS une question se pose : Pourquoi les sujets de Asch ont-ils été influencés pour choisir la longueur des lignes ? il n’y a pas vraiment de groupe ni de buts ? Il y a une 3ème explication : Les sujets veulent seulement éviter d’être ridicules. Se rapproche de l’influence normative de Deutsch et Gerard (1955) Les effets du conformisme Effets positifs: - facilite la socialisation, - répond à ses besoins de repères et de sécurité, - permet à l’individu de s’affirmer, - renforce la cohésion des groupes. Effets négatifs: - adhésion à des croyances fausses ou malfaisantes, - un frein à des changements nécessaires et/ou souhaités. 4. L’influence minoritaire Pour Moscovici (1976), l’influence de la minorité est également possible POURQUOI ? Aucun groupe n’est parfaitement homogène AINSI: Si les « déviants » parviennent à présenter des arguments convaincants, une division explicite peut se faire et => de nouvelles normes Exemple de recherche: Moscovici et collaborateurs (1969) La tâche des sujets (4 naïfs et 2 compères): faire un jugement visuel (dire de quelle couleur est la diapo présentée? (Bleue ou verte ?)) Les compères sont consistants: ils disent toujours « vert » Mesure: combien de fois les sujets disent « vert » quand c’est bleu RESULTATS: 32% des sujets disent au moins une fois « vert » et 8% d’entre eux disent tout le temps « vert » DONC La minorité n’est pas un récipient passif du message Sa position peut générer du conflit Il FAUT CEPENDANT - qu’elle soit consistante que la position soit consensuelle à l’intérieur de la minorité elle doit apparaître investie elle doit apparaître autonome elle doit apparaître flexible. Sinon, elle court le risque de passer pour extrémiste Il faut donc donner l’impression d’être ouvert à d’autres propositions, tout en conservant une même ligne de conduite Remarques sur ces deux types d’influence Moscovici pense que ces 2 types d’influence ont des processus différents - La majorité génère avant tout un changement publique - La minorité engendre avant tout un changement privé Exemple de recherche : Moscovici et Personaz (1981-86) 1) Paradigme bleu-vert (Le compère = issu d’une majorité vs minorité) 2) Une fois la réponse donnée: les expérimentateurs éteignent la diapo et demandent aux sujets ce qu’ils voient sur l’écran blanc (phénomène qui consiste à voir le complémentaire de la couleur précédente). Pour répondre: échelle en 9 points (1= jaune et 9=violet) RESULTATS: pas de changement dans leur perception de l’après image quand le compère vient d’une majorité. Mais quand il vient d’une minorité, la diapo est perçue plus violette (= complémentaire du vert) DONC: la minorité a généré un changement interne dans les perceptions Quoiqu’il en soit: - La majorité peut être source d’influence - La minorité aussi Une théorie qui explique comment on arrive à changer d’attitude et à être influencé par la source minoritaire : L’INNOVATION