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L'étude de Stenberg (corticoïdes versus placebo avec
cross-over) ne retrouve pas de différence entre la
période corticoïdes et la période placebo en ce qui
concerne le gain de poids, l'hypertension artérielle, la
symptomatologie gastro-intestinale, l'insomnie, les
douleurs ou spasmes musculaires, l'hyperglycémie,
mais sans que l'on sache comment les effets
secondaires ont été évalués (4). L'étude de Million ne
permet pas non plus d'obtenir d'informations (3). Dans
cette étude, 2 décès et 6 fractures étaient
potentiellement liées aux corticoïdes. Il faut cependant
signaler que certains patients du bras " corticoïdes "
n'en n'ont en fait pas reçu, et que inversement, certains
patients de l'autre groupe ont nécessité la prise de
corticoïdes en cours de suivi.
L'étude publiée par l'Empire Rheumatism Council en
1955 a concerné une molécule peu utilisée de nos jours
(1). Les patients ont été randomisés pour recevoir 75
mg d'acétate de cortisone ou de l'aspirine. Les effets
secondaires ont été fréquents, mais le plus souvent
considérés par les auteurs comme mineurs. Cependant,
nous n'inclurons pas ce travail dans l'analyse car, chez
de nombreux patients, la dose de cortisone a été
augmentée et a dépassé les 15 mg/j d'équivalent
prednisone.
Le travail de Harris (2) comporte quelques
informations sur la tolérance. Rappelons qu'il s'agit
d'une étude comparant un traitement de prednisone
5mg/j à un placebo, donnés pendant 24 semaines. A 24
semaines, les auteurs signalent qu'il n'y avait pas de
modification significative du poids, de la tension
artérielle, des circonférences thoracique et abdominale,
et de la cholestérolémie. L'examen ophtalmologique,
effectué systématiquement à l'inclusion et à 24
semaines, n'était jamais modifié.
Chamberlain et Keenan ont suivis 49 patients
randomisés pour recevoir en double aveugle 5, 3, ou 0
mg/j de prednisolone. D'autres thérapeutiques, en
particulier les sels d'or, étaient autorisées. Les patients
ont été suivis 3 ans, mais on ignore combien étaient
encore dans l'étude après cette période. On sait
simplement que 41 étaient toujours suivis à 2 ans (16
dans le groupe placebo, 9 dans le groupe 3 mg, et 16
dans le groupe 5 mg). La méthode de collection des
effets secondaires n'est pas connue, si ce n'est que les
patients ont bénéficié d'une cortisolémie, et d'un test au
synacthène. Les auteurs n'ont pas constaté de
différence entre les groupes en termes de fractures
vertébrales et de dyspepsie. Un faciès cushingoïde était
noté chez un des patients sous placebo, 2 de ceux
traités par 3 mg, et 5 de ceux traités par 5 mg de
prednisolone. A 2 ans, la cortisolémie était
significativement plus basse dans le groupe
prednisolone 5 mg, comparée à baseline et au groupe
placebo.
La réponse au synacthène était diminuée dans les
groupes prednisolone en comparaison avec baseline.
L'étude de van Schaardenburg a analysé de façon
systématique l'évolution de la masse osseuse (7). Dans
ce travail comparant un groupe de patients traités par
chloroquine (28 patients) à un groupe de patients
traités par prednisone (15 mg en traitement d'attaque
puis décroissance selon possibilité) (28 patients), et à
un groupe de témoins non malades, on notait à 2 ans
une perte significative du contenu minéral osseux
lombaire, et de la densité minérale osseuse au col
fémoral chez les malades par rapport aux témoins,
mais sans qu'il n'y ait de différence entre les 2 groupes
de malades (BMC lombaire : - 1, 8 % dans le groupe
chloroquine contre - 3,6 % dans la groupe prednisone ;
BMD fémorale : - 4,8 % groupe chloroquine contre -
6,3 % dans le groupe prednisone). On notait par
ailleurs une diminution significative des phosphatases
alcalines et de l'ostéocalcine sériques dans le groups
prednisone, non retrouvée dans le groupe chloroquine.
En ce qui concerne les autres effets secondaires, le
travail est beaucoup moins précis. On se contente de
nous signaler que 3 patients du groupe prednisone ont
stoppé le traitement en raison d'un syndrome
cushingoïde.
Enfin, dans le travail de Laan (8), 39 patients
présentant une PR on été traités soit par corticoïdes
(dose maximale 10 mg/j, dose moyenne 7,5 mg/j), soit
par placebo. A 6 mois, la masse osseuse lombaire,
mesurée par tomodensitométrie, était abaissée de 8,2
% dans le groupe corticoïdes, et de 1,3 % dans le
groupe placebo. Les corticoïdes étaient ensuite arrêtés,
et l'on notait dans les 6 mois suivants une ré-
augmentation de la masse osseuse dans le groupe
initialement traité par corticoïdes (+ 5,3 %, vs - 1,5 %
dans le groupe placebo).
2) Méta-analyses
Quatre méta-analyses ont été retrouvées (10-13)
(tableau II). Deux d'entre elles ne se sont pas
intéressées aux effets secondaires (11, 12).
En terme d'efficacité, toutes démontrent un effet positif
quoi que modeste des corticoïdes par rapport au
placebo.
En terme de tolérance, la plus intéressante est celle de
Gotzsche (10). Les auteurs manquent de données en ce
qui concerne les effets secondaires. Parmi 8 études
analysées, ils recensent 5 fractures sur 176 patients
traités par corticoïdes, contre 2 chez 265 témoins
traités par placebo ou aspirine. Aucun cas de cataracte
n'est rapporté dans les études analysées. Les auteurs
concluent que les effets secondaires semblent
acceptables en utilisation à court et moyen terme.