LE ROLE DE VIRUS D’EBSTEIN-BARR DANS LA GENESE D’UNE MYOCARDITE SEVERE ET FULMINANTE A PROPOS D’UNE OBSERVATION Dr OUNISSI T. – Dr GHENI R. – Dr LY RACINE. – Dr RACHIKOU L. – Dr BEN HMIDA R. – Dr AISSA I. – Pr Ag. BARAKETT N. – Service de cardiologie – Hôpital Mohamed Tahar Mâamouri de Nabeul INTRODUCTION Symptomatologie de la myocardite virale : Plusieurs virus peuvent être responsables d’une myocardite ; les principaux étant les adénovirus et entérovirus, le virus d’EpsteinBarr (VEB), le virus de l’herpès, le parvovirus et le cytomégalovirus (CMV). La mononucléose infectieuse (MNI) est une infection généralement bénigne, provoquée par le VEB. Les complications se manifestent par l’atteinte des organes nobles entre autre le myocarde. Lorsqu’elles sont prises en charge correctement, ces complications sont de bon pronostic et régressent en quelques jours. L’OBSERVATION Monsieur WH, âgé de 31 ans Motif d’hospitalisation : DE majorée (avec orthopnée) + malaise ATCDS : Tabagisme – énolisme chronique – profession : tourisme Examen : TA : 80/60 mm Hg Tableau d’IC globale ECG : Tachycardie sinusale (106/mn) – PR normal – rabotage de R en AS ETT : CMD avec altération de la fonction systolique (DTD : 77 – DTS : 67 – FE : 27 %). Dilatation bi-auriculaire. HTAP : 75 mm Hg. Biologie : GS : A+ positif CRP : 92 mg/l – VS : 52 H1 – Créatinine : 102 µmol/l Sérologie : Ag HBS et Ac anti HCV : négatif Ac VIH 1 + 2 (Elisa) : négatif VEB : positif (IgG VCA et IgG EBNA) : Evolution : Insuffisance cardiaque réfractaire (malgré un traitement médical optimal d’IC) → pneumopathie hypoxémiante et asphyxiante + EDC cardiogénique → assistance respiratoire → Décès. DISCUSSION Définitions et généralités : La myocardite est une inflammatoire du myocardite dont l’origine la plus fréquente est l’infection virale (1). Plusieurs virus peuvent être responsables, dont les principaux étant les adénovirus et entérovirus, le VEB, le virus d’herpès, le parvovirus et CMV (2,3). La MNI est une infection généralement bénigne, provoquée par le VEB, qui appartient à la même famille que les virus de l’herpès avec une transmission préférentielle par la salive (on l’appelle aussi maladie de baiser ou encore maladie des amoureux). Elle se caractérise par une lymphocytose lympho-plasmo-monocytaire et une réaction sérologique de Paul et Bunnell positive, on considère de plus en plus que le suivi des Ac de VEB (IgM et IgG) permet de conclure une MNI si les autres symptômes typiques sont associées chez une personne sans défaillance de son immunité (4). Epidémiologie : la MNI est une infection extrémement fréquente : prés de 95 % des adultes dans le monde possèdent les stigmates biologiques d’une infection ancienne avec près de 50 % des contaminations ont lieu avant l’âge de 5 ans (4,5). Pour la myocardite virale : son incidence est difficile à déterminer, la plupart des formes étant asymptomatiques. Une étude autopsique de morts subites chez des personnes jeunes montre qu’une myocardite est présente dans un cas sur dix (6). Evolution de la MNI : La MNI est souvent bénigne. Cependant, elle peut engendrer des complications dont les principaux organes touchés sont : cerveau (encéphalite, méningite), cœur (myocardite), poumons (pneumonie), rein (néphrite), foie (HMG, hépatite virale), etc … Lorsqu’elles sont prises en charge correctement, ces complications sont de bon pronostic et regressent en quelques jours. Mais dans certains cas rarissimes et associés à d’autres facteurs (génétiques, environnementaux et immuno dépression), ce virus peut avoir un mauvais pronostic. Elle peut se révéler par une douleur thoracique (parfois de type péricarditique) ou un tableau d’insuffisance cardiaque de gravités diverse : allant d’une simple DE jusqu’à OAP. Sa première manifestation peut être également un arrêt cardiorespiratoire. L’imagerie médicale : a/ l’échocardiographie : elle peut être stritement normale ou montrer un épanchement péricardique. dans les formes les plus graves, la fonction systolique est altérée avec diminution globale et homogène de la contraction du VG. b/ IRM cardiaque (2) : C’est le « Gold standard » en matière d’investigation d’une myocardite. c/Coronarographie et coroscanner : L’IDM pouvant se présenter comme une myocardite, une coronarographie (ou coroscanner) doit être faite en cas de doute diagnostique (elle est normale en cas de myocadite isolée) (2). Biopsie endomyocardique : C’est l’élement clé pour le diagnostic (par voie endocavitaire). Elle est réservée aux cas graves avec IC d’apparition récente (7). Biologie (2) : Il existe un syndrome inflammatoire biologique avec élévation de VS et CRP. La preuve de l’origine virale est le plus souvent donnée par les sérologies (dosage des Ac antiviraux) qui montrent une augmentation du taux des Ac sur 2 examens séparés de quelques semaines : c’est le cas de notre observation. La recherche d’auto Ac antimuscle cardiaque est possible mais son intérêt dans la PEC n’est pas clairement établie. Traitement (2) : Une hospitalisation est nécessaire afin d’en surveiller l’évolution pendant les premiers jours (courbe du taux de troponine). Le repos est conseillé (le patient peut être mis sous Aspirine ou AINS à fortes doses). Aucun traitement spécifique (anti-virale) n’a démontré son efficacité. En cas d’IC : le traitement de celle-ci. Evolution (8) : Elle se fait habituellement vers la guérison sans séquelles. Dans des rares cas, elle peut se compliquer d’un tableau d’IC pouvant être gravissime (« myocardite fulminante ») et pouvant nécessiter parfois une assistance ventriculaire, voire une transplantation cardiaque (8). Les formes intermédiaires (« myocardite subaigüe ») : peuvent par contre, évoluer vers la CMD avec un tableau d’IC chronique. CONCLUSION La MNI représente, le plus souvent, une infection bénigne. La myocardite virale au VEB évolue habituellement vers la guérison sans séquelles. Dans des rares cas associés à d’autres facteurs (environnementaux, génétiques, immuno dépression), cette infection devient gravissime : (« myocardite fulminante ») et pouvant nécessiter parfois une assistance ventriculaire, voire une transplantation cardiaque. Des formes évolutives intermédiaires peuvent évoluer vers la CMD et un tablseau d’IC chronique (« myocardite subaigüe »). REFERENCES 1/ J. Cohen et al – article mutimédia (september 22, 2007) 2/ Myocardite virale. Wikipédia (November 28,2011) 3/ R. Dennert et al. Acute viral myocarditis. Eur Heart J, 2008 ; 29 : 2073-82. 4/ Mononucléose infectieuse. Wikipédia (April 24, 2012) 5/ Luzuriaga et al. Infections mono nucléosis, N Engl J Med, 2010 ; 362 : 1993-2000 6/ A Doolan et al. Causes ofs Sudden cardiac death in young Australians. Med J Aust, 2004 ; 180 : 110-112. 7/ SA Hunt et al. ACC/AHA Guidelines for the Evaluation and Management of Chronic Heart Failure in the Adult. Circulation, 2001 ; 104 : 2996-3007. 8/ RE Mc Carthy et al. Long-term outcome of fulminant myocarditis as compared with acute (non fulminant) myocarditis. N Engl JMed, 2000 ; 342 : 690-695.