À la fin de l’examen, une symphyse pleurale par talc dépourvu de
fibres d’amiante (Stéritalc
®
Novatech, France) et calibré peut être
réalisée en cas de pneumothorax ou de pleurésie récidivante. Un
drain thoracique est inséré en fin d’examen afin d’assurer sur la
table, en décubitus latéral, la réexpansion pulmonaire (3).
COMPLICATIONS ET CONTRE-INDICATIONS
Complications
L’ensemble des résultats concernant les complications de la thora-
coscopie, obtenus à partir des principales séries de la littérature, rap-
porte une mortalité inférieure à 0 , 0 1 %. Plusieurs litres de liquide
peuvent être complètement aspirés pendant cet examen, avec un
risque limité d’œdème du fait de l’équilibre des pressions permis
par l’entrée de l’air à travers le trocart dans l’espace pleural. Si la
réexpansion pulmonaire paraît difficile, une aspiration à faible pres-
sion négative doit être appliquée. La prise de pression intrapleurale
avant l’examen permet de prévoir cet inconvénient. La complica-
tion la plus sérieuse est l’embolie gazeuse après insufflation active
d’air dans la cavité pleurale, qui est cependant rare (< 0 , 1 %) et peut
être évitée en utilisant un insufflateur à double ballonnet.
Les complications d’une thoracoscopie médicale peuvent être
prévenues en observant les règles suivantes :
– suspendre l’examen si le patient a une toux difficilement
réductible,
–pendant l’examen, surveiller l’oxymétrie et l’ECG, oxygéner,
– éviter les biopsies près des scissures ou du médiastin,
– insérer un drain thoracique dans tous les cas.
Contre-indications
Elles sont rarement absolues. Le principal écueil est la taille de la
poche pleurale à explorer. Certains facteurs peuvent retarder la
réalisation de l’examen. Il s’agit de la toux, de l’hypoxémie, des
troubles de la crase sanguine (taux de prothrombine < 6 0 %e t / o u
plaquettes < 6 0 0 0 0 / m m
3
) et des anomalies cardiologiques. Le
pneumologue doit évaluer le rapport bénéfice-risque pour chaque
cas (4, 5).
Les contre-indications pour les biopsies pulmonaires sont l’hyper-
tension artérielle pulmonaire, un aspect du poumon en “rayons
de miel”, une suspicion d’anévrisme artério-veineux, le kyste hyda-
tique, les tumeurs très vascularisées.
APPLICATIONS CLINIQUES
La thoracoscopie médicale est avant tout un examen diagnos-
tique, mais elle peut également être utilisée dans le cadre de gestes
thérapeutiques.
Indications de base
Les pleurésies cancéreuses
Il s’agit de l’indication principale de la thoracoscopie médicale,
compte tenu du mauvais rendement diagnostique de l’analyse du
liquide pleural et des biopsies pleurales percutanées. En outre,
elle offre la possibilité d’évaluer le caractère disséminé ou loca-
lisé des lésions ainsi que l’atteinte de la plèvre viscérale et du
diaphragme, ce qui présente un intérêt pronostique dans certaines
situations et peut modifier la stratégie thérapeutique. Le rendement
se situe entre 90 et 100 %, comparé à une sensibilité d’environ
4 0 % pour la biopsie percutanée et de 60 % pour la cytologie
pleurale. Si le patient a un cancer connu et une cytologie pleurale
négative à la ponction, une thoracoscopie doit être préférée à une
biopsie pleurale percutanée.
Dans le cas de pleurésies néoplasiques récidivantes, une sym-
physe pleurale peut être réalisée dans le même temps. Après une
évacuation complète du liquide, l’insufflation douce de talc cali-
bré, stérile, sans fibres minérales, sous contrôle de la vue de toute
la surface pleurale, permet d’obtenir une symphyse dans plus de
9 0 % des cas lorsque la réexpansion complète du poumon est
obtenue. On note dans les suites une ascension thermique chez
30 % des patients et une durée moyenne d’hospitalisation de 4 à
5 jours. Cette méthode est actuellement considérée comme la
meilleure option dans le cadre du traitement palliatif des pleurésies
néoplasiques récidivantes (6). Les nouvelles stratégies de prise
en charge des pleurésies récidivantes, notamment ambulatoires
ou au lit du patient, doivent être comparées à cette technique (7).
Pleurésies métastatiques
Les biopsies percutanées ne permettent pas le diagnostic des
nodules localisés au niveau du diaphragme, de la plèvre viscérale
et sur le médiastin. Le rendement diagnostique est en outre dépen-
dant de la dissémination de la tumeur dans la cavité pleurale
(figure 2). Le principal avantage de la thoracoscopie est de per-
mettre un diagnostic précoce et une évaluation complète de la
cavité pleurale. Dans 85 %des cas de cancer pleural, la thoraco-
scopie met en évidence un aspect macroscopique évocateur de
malignité. Cet aspect doit cependant être confirmé par l’analyse
histologique, qui est le seul critère diagnostique. Le seul écueil à
l’examen est la présence d’adhérences gênant la réalisation de la
pneumoséreuse.
Mésothéliome pleural malin
La thoracoscopie permet le choix des sites biopsiques, des pré-
lèvements multiples, et donc un rendement élevé. Les biopsies
sont positives dans plus de 98 % des cas, alors que la combinaison
de la cytologie du liquide pleural et de la biopsie percutanée donne
un diagnostic dans moins de 40 % des cas.
La thoracoscopie permet aussi d’apprécier le stade de la maladie,
qui est un paramètre pronostique important. Elle permet en outre
des prélèvements pulmonaires, afin de documenter une éventuelle
exposition à l’amiante (8).
Les pleurésies tuberculeuses
Dans 70 à 90 % des cas, le diagnostic peut être obtenu par biopsie
percutanée (dont c’est actuellement la seule indication) pour ana-
lyse histologique et culture. Un deuxième prélèvement permet un
rendement de 95 %. De fait, la thoracoscopie ne joue pas un rôle
important dans le diagnostic de cette maladie, et sa découverte est
le plus souvent fortuite. L’aspect en est le plus souvent celui de
granulations blanchâtres recouvrant la plèvre pariétale et dia-
phragmatique. Les lésions initiales perdent souvent leur spécifi-
cité macroscopique, mais également histologique lorsque l’exa-
men est réalisé tardivement. Les cultures de fragments sont
positives dans seulement 50 % des cas.
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M A G E R I E
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La Lettre du Pneumologue - Volume VII - n
o
4 - juillet-août 2004