Les annonces au cours de la maladie chez un patient atteint de cancer

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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.4-n°4-octobre-novembre-décembre 2004
Pratique infirmière
Les annonces au cours
de la maladie
chez un patient
atteint de cancer
Françoise CHARNAY-SONNEK
Chargée de mission AFIC
Aujourd’hui encore, le mot cancer reste aux
yeux de la plupart des gens un sujet tabou
engendrant peur et angoisse, synonyme de
traitements lourds à supporter, de douleur, de
mort. Cette épée de Damoclès menaçante ne peut être
ignorée et chaque patient étant passé par ce grand tun-
nel que représente un traitement anticancéreux en
conviendra sûrement. Le traitement miracle qui gué-
rira le cancer comme on guérit un simple rhume n’est
malheureusement pas encore trouvé.
Cela explique donc pourquoi l’annonce du diagnostic
de cancer ainsi que celles au cours de la maladie peu-
vent être source de traumatismes majeurs.
Alors quel rôle joue l’infirmière, quelle est sa place ?
Qui plus est, quelle est celle du patient ?
Le patient face à lui-même éprouve un sentiment que
“ quelque chose ne va pas bien ”, qu’il n’est plus maître
de lui-même, que son corps ne lui répond plus, un sen-
timent d’impuissance. Il se trouve très souvent en posi-
tion de dépendance face à sa famille, qui aurait parfois
tendance à vouloir tout prendre sur elle-même, à le
materner pour le ménager, et de surcroît à projeter ses
peurs et ses angoisses sur lui.
Face au corps médical, il est souvent placé en position
d’infériorité, ses connaissances dans le domaine de la
médecine sont réduites, même si par internet il peut
accéder à de nombreuses données.
Son destin est malgré tout entre les mains d’autrui.
Face au corps infirmier, il pourra aussi éprouver un
sentiment d’infériorité, de dépendance s’il se sent
ignoré mais, souvent, c’est vers lui qu’il se tourne pour
s’épancher et/ou poser toutes les questions qui restent
ouvertes.
Il est vrai que c’est le personnel soignant qui dans le
temps est le plus en contact avec le malade, son rôle
n’est donc pas à sous-estimer. Il a souvent un rôle de
médiateur. De par sa position, c’est lui qui fait le lien
entre le patient, sa famille (et/ou entourage), le méde-
cin et le ou la psychologue. Il est vrai que cela demande
beaucoup de “ doigté ”, une certaine maturité. Il peut
arriver que de jeunes IDE se trouvent désarmés face à
des situations critiques, préférant se retrancher derrière
les soins techniques et ignorer la détresse du patient
qui n’est pas ou mal informé. Ce n’est pas une marque
de mauvaise volonté, loin s’en faut, mais plus un signe
de manque d’assurance, d’expérience. Il est alors
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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.4-n°4-octobre-novembre-décembre 2004
Pratique infirmière
important qu’ils soient soutenus, guidés par des col-
lègues plus expérimenté(s.
Il n’incombe pas à l’infirmier(e) de faire la première
annonce, mais il est de son devoir de faire en sorte que
le patient et sa famille/entourage se sentent correcte-
ment informés.
Un rappel du décret du 11 février 2002 qui stipule :
Art.2 les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou pal-
liatifs, intègrent qualité technique et qualité des rela-
tions avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte
de l’évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour
objet, dans le respect des droits de la personne, dans le
souci de son éducation à la santé et en tenant compte
de la personnalité de celle-ci dans ses composantes phy-
siologique, psychologique, économique, sociale et cul-
turelle : 1) de protéger, maintenir, restaurer et pro-
mouvoir la santé physique et mentale des personnes ou
l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psy-
chiques en vue de favoriser leur maintien, leur réin-
sertion dans leur cadre de vie familiale ou sociale ;
2) de concourir à la mise en place de méthodes et au
recueil des informations utiles aux autres profession-
nels, notamment aux médecins pour poser leur dia-
gnostic et évaluer l’effet de leurs prescriptions ; […]
5) de participer à la prévention, à l’évaluation et au
soulagement de la douleur et de la détresse physique et
psychique des personnes, particulièrement en fin de vie
au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner, autant
que de besoin, leur entourage ”.
Le rôle de l’infirmièr(e) peut être illustré ainsi dans dif-
férents cas de figure.
- Le patient n’est pas ou mal infor, soit parce qu’il
n’a pas réellement saisi ce que lui avait dit le médecin
pour se protéger, soit parce que sa famille s’interpose
entre le médecin et lui par crainte qu’il “ tombe ” dans
une dépression qui le pousserait au suicide.
- Le patient refuse d’être inforparce qu’il a peur, qu’il
ne se sent pas encore en mesure d’écouter, d’entendre.
Une très grande tension se fera alors ressentir, le patient
sera très renfermé sur lui-même, voire agressif, que ce
soit vis-à-vis du personnel ou de sa famille.
Dans ce cas il est important de rester à son écoute, de
l’observer pour percevoir les moindres signes pouvant
signaler un besoin de parler, de s’ouvrir. C’est alors
qu’on s’adressera au médecin pour lui demander de
bien vouloir expliquer ou re-expliquer, sans oublier de
contacter le ou la psychologue. L’idéal est que l’infir-
mièr(e) soit présent(e) à ce moment-là, pouvant ainsi
s’informer de ce que le médecin a dit et, si toutefois le
malade n’a pas compris, par la suite, être à même de
répondre à ses questions.
Si la famille ne veut pas que le malade sache, il est alors
bon de lui parler sans la brusquer en lui expliquant
combien il est important que celui-ci ne soit pas mis à
l’écart de toutes décisions le concernant. En effet, il est
responsable de lui-même, son corps et son esprit lui
appartiennent et aucune décision ne peut être prise à
son insu. De plus, comment peut-il se battre s’il ignore
contre quoi ?
En fait tout est fondé sur une étroite collaboration entre
médecin, soignants paramédicaux et psychologue. C’est
un véritable travail “ main dans la main ”. Au final un
patient et sa famille/son entourage bien informés, se
sentant soutenus, pourront vivre plus sereinement cette
rude épreuve, régler des affaires s’il y a lieu.
Le malade, de son côté, sera mieux armé pour lutter
contre la maladie. En phase terminale, les adieux se
feront dans la paix.
En conclusion, en tant que soignants, notre mission
dans l’annonce faite au patient est avant tout celle d’une
médiation. Nous ne sommes ni médecin, ni psycho-
logue. En revanche, nous devons rester attentifs et
savoir reconnaître les besoins du malade, l’écouter,
le soutenir.
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