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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.4-n°4-octobre-novembre-décembre 2004
Pratique infirmière
important qu’ils soient soutenus, guidés par des col-
lègues plus expérimenté(s.
Il n’incombe pas à l’infirmier(e) de faire la première
annonce, mais il est de son devoir de faire en sorte que
le patient et sa famille/entourage se sentent correcte-
ment informés.
Un rappel du décret du 11 février 2002 qui stipule :
“Art.2 les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou pal-
liatifs, intègrent qualité technique et qualité des rela-
tions avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte
de l’évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour
objet, dans le respect des droits de la personne, dans le
souci de son éducation à la santé et en tenant compte
de la personnalité de celle-ci dans ses composantes phy-
siologique, psychologique, économique, sociale et cul-
turelle : 1) de protéger, maintenir, restaurer et pro-
mouvoir la santé physique et mentale des personnes ou
l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psy-
chiques en vue de favoriser leur maintien, leur réin-
sertion dans leur cadre de vie familiale ou sociale ;
2) de concourir à la mise en place de méthodes et au
recueil des informations utiles aux autres profession-
nels, notamment aux médecins pour poser leur dia-
gnostic et évaluer l’effet de leurs prescriptions ; […]
5) de participer à la prévention, à l’évaluation et au
soulagement de la douleur et de la détresse physique et
psychique des personnes, particulièrement en fin de vie
au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner, autant
que de besoin, leur entourage ”.
Le rôle de l’infirmièr(e) peut être illustré ainsi dans dif-
férents cas de figure.
- Le patient n’est pas ou mal informé, soit parce qu’il
n’a pas réellement saisi ce que lui avait dit le médecin
pour se protéger, soit parce que sa famille s’interpose
entre le médecin et lui par crainte qu’il “ tombe ” dans
une dépression qui le pousserait au suicide.
- Le patient refuse d’être informé parce qu’il a peur, qu’il
ne se sent pas encore en mesure d’écouter, d’entendre.
Une très grande tension se fera alors ressentir, le patient
sera très renfermé sur lui-même, voire agressif, que ce
soit vis-à-vis du personnel ou de sa famille.
Dans ce cas il est important de rester à son écoute, de
l’observer pour percevoir les moindres signes pouvant
signaler un besoin de parler, de s’ouvrir. C’est alors
qu’on s’adressera au médecin pour lui demander de
bien vouloir expliquer ou re-expliquer, sans oublier de
contacter le ou la psychologue. L’idéal est que l’infir-
mièr(e) soit présent(e) à ce moment-là, pouvant ainsi
s’informer de ce que le médecin a dit et, si toutefois le
malade n’a pas compris, par la suite, être à même de
répondre à ses questions.
Si la famille ne veut pas que le malade sache, il est alors
bon de lui parler sans la brusquer en lui expliquant
combien il est important que celui-ci ne soit pas mis à
l’écart de toutes décisions le concernant. En effet, il est
responsable de lui-même, son corps et son esprit lui
appartiennent et aucune décision ne peut être prise à
son insu. De plus, comment peut-il se battre s’il ignore
contre quoi ?
En fait tout est fondé sur une étroite collaboration entre
médecin, soignants paramédicaux et psychologue. C’est
un véritable travail “ main dans la main ”. Au final un
patient et sa famille/son entourage bien informés, se
sentant soutenus, pourront vivre plus sereinement cette
rude épreuve, régler des affaires s’il y a lieu.
Le malade, de son côté, sera mieux armé pour lutter
contre la maladie. En phase terminale, les adieux se
feront dans la paix.
En conclusion, en tant que soignants, notre mission
dans l’annonce faite au patient est avant tout celle d’une
médiation. Nous ne sommes ni médecin, ni psycho-
logue. En revanche, nous devons rester attentifs et
savoir reconnaître les besoins du malade, l’écouter,
le soutenir. ■
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