Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Congrès La passion du soin infirmier au défi d’une plus grande humanité Geneviève BRIDIER et John PINTE IDE, AFIC Congrès du Sidiief (Montpellier, mai 2003) Perspective fort intéressante des soins infirmiers. Mais comment aborder un tel sujet ? Il ne correspond pas au titre d’un ouvrage ni même à celui d’un mémoire, mais il est le thème du IIe Congrès mondial des infirmières et infirmiers francophones qui s’est déroulé du 25 au 28 mai dernier à Montpellier. L’un des intérêts des congrès internationaux est de pouvoir rencontrer des professionnels d’autres nationalités, de confronter des pratiques et peut-être même de mettre en place des projets communs. A Montpellier, en plus de rencontrer d’autres soignants, le deuxième point commun est la langue : le français. Et, au-delà de cet aspect, on retrouve dans l’espace francophone une approche des soins spécifiques et une vision commune de notre profession de soignant. Mais l’espace francophone confronte de nombreuses cultures : nord-américaine avec les Québécois, africaine avec les divers pays tels que le Sénégal, la république démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun, proche-orientale avec le Liban et bien sûr européenne avec la France, la Suisse ou la Belgique. Mais cette liste n’est pas exhaustive, les participants venaient de nombreux pays de tous les continents. Avec un tel thème, toutes les perspectives étaient possibles. C’est ainsi que Diane Lavallée, infirmière, nous a présenté son parcours au cours duquel la pasBulletin Infirmier du Cancer sion et le besoin de relever un défi l’ont menée à son poste actuel de présidente du Conseil du statut de la femme du Québec. Dans un tout autre ordre, Boris Cyrulnick, neuropsychiatre, a abordé la résilience et l’a confrontée à la relation d’aide. Lors de son intervention, il nous a expliqué que la résilience correspond au “ processus qui permet de reprendre un type de développement malgré un traumatisme et dans des circonstances adverses ”1. Parmi les nombreux intervenants, Albert Jacquard, philosophe, nous a expliqué comment l’être humain se définissait aujourd’hui. Ces interventions de qualité et d’ordre général nous ont permis de réaliser l’impact de nos actes au quotidien et l’importance de se remettre en cause pour que notre quotidien ne se transforme pas en actes dénués de tout sens. Mais l’échange réel entre les soignants et la confrontation des pratiques a eu lieu lors des séances parallèles, qui se sont déroulées en petits comités, avec un libre choix (54 séances proposées avec autant de thèmes). L’une de ces séances abordait la santé communautaire et les pratiques centrées sur la clientèle. La santé communautaire n’a pas d’équivalent en France, 1 21 Le murmure des fantômes. Boris Cyrulnick, Ed. Odile Jacob, 2002. Vol.4-n°1-janvier-février-mars 2004 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Congrès atteintes de la maladie d’Alzheimer, il y ait une baisse de l’agressivité associée à une amélioration des fonctions mentales et moteur résiduelles. Les idées innovantes sont nombreuses, variées et touchent tout type de population. C’est ainsi qu’au Québec s’est construit un projet sur la vie d’une grossesse à risque élevé à domicile. Son but est d’assurer une issue positive et, parallèlement, de préserver chaque membre de la famille. Les moyens sont alors nombreux et comprennent notamment un remaniement de la vie quotidienne et une utilisation de toutes les ressources disponibles (amis, famille, professionnels de santé…). On constate que les thèmes abordés ont été nombreux et variés. Lors de ces séances, les soins infirmiers en oncologie/cancérologie ont fait l’objet de discussions, de confrontations des différents projets présentés. Il en a été de même de la qualité de la formation des professionnels de santé ou de l’exigence éthique de la responsabilité en soins infirmiers. Durant le Forum étudiant, six groupes d’étudiants ont “ mis en scène ” les soins infirmiers et la passion du soin. Durant cette session, de véritables jeux de scène nous ont permis de revivre nos débuts dans la profession en nous plongeant dans la véritable fonction que nous tenons : promotion et développement de la qualité de la vie, soin de l’autre… Et, à travers l’exposé très émouvant d’un étudiant de la République démocratique du Congo, une autre fonction de l’infirmier est apparue : la contribution à la construction de la paix et d’une plus grande humanité, perspective intéressante mais qui reste très difficile. Nous oublions souvent que des pays francophones vivent une situation de guerre depuis des années. Encore un grand bravo à ces six groupes constitués d’étudiants de l’IFSI de Montpellier, de Bukavu (République démocratique du Congo), de 3e année de Lausanne, de 4e année de spécialisation en gériatrie et psychogériatrie de Bruxelles, de futurs cadres infirmiers de Paris et de nouvelles diplômées du Québec. Ce congrès d’une grande diversité - de thèmes, d’intervenants et de participants, de cultures - donnait la possibilité de s’ouvrir sur l’extérieur, de comprendre ce que vivent les soignants de tous les continents par l’intermédiaire d’une langue commune. Et c’est ce dernier point qui a rendu cette manifestation internationale accessible à un grand nombre d’infirmiers français qui, par culture, est une population majoritairement unilingue. ■ mais pourrait correspondre au secteur extrahospitalier. Les projets sont nombreux, notamment au Québec avec une présentation des soins de périnatalité, dont l’objectif est d’écourter la durée des séjours suite à un accouchement sans complication tout en assurant un suivi à domicile (un appel téléphonique dans les 24 heures suivant la sortie et/ou la visite à domicile d’un soignant). L’autre objectif est d’assurer une continuité des soins de périnatalité avec une collaboration des divers professionnels de santé. Dès lors on aperçoit le fil conducteur de cette session : les réseaux de soins. Beaucoup émergent en France, ce n’est pas une spécificité mais cela correspond bien à une volonté internationale. Deux types différents de réseau nous ont été présentés : un réseau de soins auprès des personnes âgées au Québec et un réseau de soins en oncologie en région parisienne. L’un des problèmes qui surgit de ces deux exemples est que les réseaux essaient de corriger le manque de coordination entre les différents professionnels et organismes qui ont en charge les patients, qu’ils soient âgés ou atteints de pathologie cancéreuse. Le but est alors d’assurer une prise en charge des patients dans les meilleures conditions et, si possible, à domicile. La présentation de ces projets a été suivie de questions et d’échanges. Le partage des expériences propres à chacun a pris pleinement son sens dans une autre séance parallèle : les pratiques cliniques et les perspectives innovantes. En effet, plusieurs équipes nous ont rapporté leur projet. Une équipe de Toulouse a ainsi créé une consultation infirmière auprès des adolescents transplantés rénaux afin d’assurer un meilleur suivi de la greffe. Le rôle de celle-ci est d’assurer une formation auprès des adolescents vis-à-vis de leur greffe, de leur faire prendre conscience de l’importance de l’observance du traitement, mais aussi d’assurer une coordination et “ un décloisonnement ” entre les différents professionnels de santé et services où le patient est susceptible d’être suivi ou hospitalisé (néphrologie, dialyse, réanimation, hôpital de jour…). Visant un autre objectif et touchant une autre population, le projet Isidoro a été mis en place dans un centre hospitalier de Turin (Italie), où des animaux domestiques de petites tailles ont fait leur entrée auprès des personnes âgées du service. Il a pour but d’étudier l’impact de ces animaux sur la santé des patients. C’est ainsi qu’il semble que, dans le cas de personnes Bulletin Infirmier du Cancer 22 Vol.4-n°1-janvier-février-mars 2004