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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.4-n°1-janvier-février-mars 2004
Congrès
mais pourrait correspondre au secteur extrahospitalier.
Les projets sont nombreux, notamment au Québec
avec une présentation des soins de périnatalité, dont
l’objectif est d’écourter la durée des séjours suite à un
accouchement sans complication tout en assurant un
suivi à domicile (un appel téléphonique dans les
24 heures suivant la sortie et/ou la visite à domicile
d’un soignant). L’autre objectif est d’assurer une conti-
nuité des soins de périnatalité avec une collaboration
des divers professionnels de santé.
Dès lors on aperçoit le fil conducteur de cette ses-
sion : les réseaux de soins. Beaucoup émergent en
France, ce n’est pas une spécificité mais cela corres-
pond bien à une volonté internationale. Deux types
différents de réseau nous ont été présentés : un réseau
de soins auprès des personnes âgées au Québec et un
réseau de soins en oncologie en région parisienne. L’un
des problèmes qui surgit de ces deux exemples est que
les réseaux essaient de corriger le manque de coordi-
nation entre les différents professionnels et organismes
qui ont en charge les patients, qu’ils soient âgés ou
atteints de pathologie cancéreuse. Le but est alors d’as-
surer une prise en charge des patients dans les
meilleures conditions et, si possible, à domicile. La pré-
sentation de ces projets a été suivie de questions et
d’échanges.
Le partage des expériences propres à chacun a pris
pleinement son sens dans une autre séance parallèle :
les pratiques cliniques et les perspectives innovantes.
En effet, plusieurs équipes nous ont rapporté leur pro-
jet. Une équipe de Toulouse a ainsi créé une consul-
tation infirmière auprès des adolescents transplantés
rénaux afin d’assurer un meilleur suivi de la greffe. Le
rôle de celle-ci est d’assurer une formation auprès des
adolescents vis-à-vis de leur greffe, de leur faire prendre
conscience de l’importance de l’observance du traite-
ment, mais aussi d’assurer une coordination et “ un
décloisonnement ” entre les différents professionnels
de santé et services où le patient est susceptible d’être
suivi ou hospitalisé (néphrologie, dialyse, réanimation,
hôpital de jour…).
Visant un autre objectif et touchant une autre popu-
lation, le projet Isidoro a été mis en place dans un
centre hospitalier de Turin (Italie), où des animaux
domestiques de petites tailles ont fait leur entrée auprès
des personnes âgées du service. Il a pour but d’étudier
l’impact de ces animaux sur la santé des patients. C’est
ainsi qu’il semble que, dans le cas de personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer, il y ait une baisse
de l’agressivité associée à une amélioration des fonc-
tions mentales et moteur résiduelles. Les idées inno-
vantes sont nombreuses, variées et touchent tout type
de population. C’est ainsi qu’au Québec s’est construit
un projet sur la vie d’une grossesse à risque élevé à
domicile. Son but est d’assurer une issue positive et,
parallèlement, de préserver chaque membre de la
famille. Les moyens sont alors nombreux et compren-
nent notamment un remaniement de la vie quotidienne
et une utilisation de toutes les ressources disponibles
(amis, famille, professionnels de santé…).
On constate que les thèmes abordés ont été nom-
breux et variés. Lors de ces séances, les soins infirmiers
en oncologie/cancérologie ont fait l’objet de discus-
sions, de confrontations des différents projets présen-
tés. Il en a été de même de la qualité de la formation
des professionnels de santé ou de l’exigence éthique
de la responsabilité en soins infirmiers.
Durant le Forum étudiant, six groupes d’étudiants
ont “ mis en scène ” les soins infirmiers et la passion
du soin. Durant cette session, de véritables jeux de
scène nous ont permis de revivre nos débuts dans la
profession en nous plongeant dans la véritable fonc-
tion que nous tenons : promotion et développement
de la qualité de la vie, soin de l’autre… Et, à travers
l’exposé très émouvant d’un étudiant de la République
démocratique du Congo, une autre fonction de l’infir-
mier est apparue : la contribution à la construction de
la paix et d’une plus grande humanité, perspective inté-
ressante mais qui reste très difficile. Nous oublions sou-
vent que des pays francophones vivent une situation
de guerre depuis des années. Encore un grand bravo
à ces six groupes constitués d’étudiants de l’IFSI de
Montpellier, de Bukavu (République démocratique du
Congo), de 3eannée de Lausanne, de 4eannée de spé-
cialisation en gériatrie et psychogériatrie de Bruxelles,
de futurs cadres infirmiers de Paris et de nouvelles
diplômées du Québec.
Ce congrès d’une grande diversité - de thèmes, d’in-
tervenants et de participants, de cultures - donnait la
possibilité de s’ouvrir sur l’extérieur, de comprendre
ce que vivent les soignants de tous les continents par
l’intermédiaire d’une langue commune. Et c’est ce der-
nier point qui a rendu cette manifestation internatio-
nale accessible à un grand nombre d’infirmiers fran-
çais qui, par culture, est une population majoritairement
unilingue. ■