La passion du soin infirmier au défi d`une plus grande humanité

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Congrès
La passion du soin
infirmier au défi d’une
plus grande humanité
Geneviève BRIDIER
et John PINTE
IDE, AFIC
Congrès du Sidiief (Montpellier, mai 2003)
Perspective fort intéressante des soins infirmiers.
Mais comment aborder un tel sujet ? Il ne correspond
pas au titre d’un ouvrage ni même à celui d’un
mémoire, mais il est le thème du IIe Congrès mondial
des infirmières et infirmiers francophones qui s’est
déroulé du 25 au 28 mai dernier à Montpellier.
L’un des intérêts des congrès internationaux est de
pouvoir rencontrer des professionnels d’autres nationalités, de confronter des pratiques et peut-être même
de mettre en place des projets communs. A Montpellier, en plus de rencontrer d’autres soignants, le
deuxième point commun est la langue : le français. Et,
au-delà de cet aspect, on retrouve dans l’espace francophone une approche des soins spécifiques et une
vision commune de notre profession de soignant. Mais
l’espace francophone confronte de nombreuses cultures : nord-américaine avec les Québécois, africaine
avec les divers pays tels que le Sénégal, la république
démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun, proche-orientale avec le Liban et bien sûr européenne avec la France, la Suisse ou la Belgique. Mais
cette liste n’est pas exhaustive, les participants venaient
de nombreux pays de tous les continents.
Avec un tel thème, toutes les perspectives étaient
possibles. C’est ainsi que Diane Lavallée, infirmière,
nous a présenté son parcours au cours duquel la pasBulletin Infirmier du Cancer
sion et le besoin de relever un défi l’ont menée à son
poste actuel de présidente du Conseil du statut de la
femme du Québec. Dans un tout autre ordre, Boris
Cyrulnick, neuropsychiatre, a abordé la résilience et
l’a confrontée à la relation d’aide. Lors de son intervention, il nous a expliqué que la résilience correspond
au “ processus qui permet de reprendre un type de développement malgré un traumatisme et dans des circonstances adverses ”1. Parmi les nombreux intervenants, Albert Jacquard, philosophe, nous a expliqué
comment l’être humain se définissait aujourd’hui. Ces
interventions de qualité et d’ordre général nous ont
permis de réaliser l’impact de nos actes au quotidien
et l’importance de se remettre en cause pour que notre
quotidien ne se transforme pas en actes dénués de tout
sens.
Mais l’échange réel entre les soignants et la confrontation des pratiques a eu lieu lors des séances parallèles, qui se sont déroulées en petits comités, avec un
libre choix (54 séances proposées avec autant de
thèmes). L’une de ces séances abordait la santé communautaire et les pratiques centrées sur la clientèle. La
santé communautaire n’a pas d’équivalent en France,
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Le murmure des fantômes. Boris Cyrulnick, Ed. Odile Jacob, 2002.
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Congrès
atteintes de la maladie d’Alzheimer, il y ait une baisse
de l’agressivité associée à une amélioration des fonctions mentales et moteur résiduelles. Les idées innovantes sont nombreuses, variées et touchent tout type
de population. C’est ainsi qu’au Québec s’est construit
un projet sur la vie d’une grossesse à risque élevé à
domicile. Son but est d’assurer une issue positive et,
parallèlement, de préserver chaque membre de la
famille. Les moyens sont alors nombreux et comprennent notamment un remaniement de la vie quotidienne
et une utilisation de toutes les ressources disponibles
(amis, famille, professionnels de santé…).
On constate que les thèmes abordés ont été nombreux et variés. Lors de ces séances, les soins infirmiers
en oncologie/cancérologie ont fait l’objet de discussions, de confrontations des différents projets présentés. Il en a été de même de la qualité de la formation
des professionnels de santé ou de l’exigence éthique
de la responsabilité en soins infirmiers.
Durant le Forum étudiant, six groupes d’étudiants
ont “ mis en scène ” les soins infirmiers et la passion
du soin. Durant cette session, de véritables jeux de
scène nous ont permis de revivre nos débuts dans la
profession en nous plongeant dans la véritable fonction que nous tenons : promotion et développement
de la qualité de la vie, soin de l’autre… Et, à travers
l’exposé très émouvant d’un étudiant de la République
démocratique du Congo, une autre fonction de l’infirmier est apparue : la contribution à la construction de
la paix et d’une plus grande humanité, perspective intéressante mais qui reste très difficile. Nous oublions souvent que des pays francophones vivent une situation
de guerre depuis des années. Encore un grand bravo
à ces six groupes constitués d’étudiants de l’IFSI de
Montpellier, de Bukavu (République démocratique du
Congo), de 3e année de Lausanne, de 4e année de spécialisation en gériatrie et psychogériatrie de Bruxelles,
de futurs cadres infirmiers de Paris et de nouvelles
diplômées du Québec.
Ce congrès d’une grande diversité - de thèmes, d’intervenants et de participants, de cultures - donnait la
possibilité de s’ouvrir sur l’extérieur, de comprendre
ce que vivent les soignants de tous les continents par
l’intermédiaire d’une langue commune. Et c’est ce dernier point qui a rendu cette manifestation internationale accessible à un grand nombre d’infirmiers français qui, par culture, est une population majoritairement
unilingue.
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mais pourrait correspondre au secteur extrahospitalier.
Les projets sont nombreux, notamment au Québec
avec une présentation des soins de périnatalité, dont
l’objectif est d’écourter la durée des séjours suite à un
accouchement sans complication tout en assurant un
suivi à domicile (un appel téléphonique dans les
24 heures suivant la sortie et/ou la visite à domicile
d’un soignant). L’autre objectif est d’assurer une continuité des soins de périnatalité avec une collaboration
des divers professionnels de santé.
Dès lors on aperçoit le fil conducteur de cette session : les réseaux de soins. Beaucoup émergent en
France, ce n’est pas une spécificité mais cela correspond bien à une volonté internationale. Deux types
différents de réseau nous ont été présentés : un réseau
de soins auprès des personnes âgées au Québec et un
réseau de soins en oncologie en région parisienne. L’un
des problèmes qui surgit de ces deux exemples est que
les réseaux essaient de corriger le manque de coordination entre les différents professionnels et organismes
qui ont en charge les patients, qu’ils soient âgés ou
atteints de pathologie cancéreuse. Le but est alors d’assurer une prise en charge des patients dans les
meilleures conditions et, si possible, à domicile. La présentation de ces projets a été suivie de questions et
d’échanges.
Le partage des expériences propres à chacun a pris
pleinement son sens dans une autre séance parallèle :
les pratiques cliniques et les perspectives innovantes.
En effet, plusieurs équipes nous ont rapporté leur projet. Une équipe de Toulouse a ainsi créé une consultation infirmière auprès des adolescents transplantés
rénaux afin d’assurer un meilleur suivi de la greffe. Le
rôle de celle-ci est d’assurer une formation auprès des
adolescents vis-à-vis de leur greffe, de leur faire prendre
conscience de l’importance de l’observance du traitement, mais aussi d’assurer une coordination et “ un
décloisonnement ” entre les différents professionnels
de santé et services où le patient est susceptible d’être
suivi ou hospitalisé (néphrologie, dialyse, réanimation,
hôpital de jour…).
Visant un autre objectif et touchant une autre population, le projet Isidoro a été mis en place dans un
centre hospitalier de Turin (Italie), où des animaux
domestiques de petites tailles ont fait leur entrée auprès
des personnes âgées du service. Il a pour but d’étudier
l’impact de ces animaux sur la santé des patients. C’est
ainsi qu’il semble que, dans le cas de personnes
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