Les nouvelles de l’AFIC
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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.4-n°3-juillet-août-septembre 2004
une tumeur due à un excès d’humeur, un déséqui-
libre de la bile noire dont les traitements consistaient
en des régimes alimentaires, purges, médicaments,
saignées, excision de la lésion. Il est à noter que ces
théories perdureront pendant 1 500 ans avec peu de
progrès.
Fin du premier millénaire :
la médecine arabe se distingue
Avicenne (980-1037), à Bagdad, décrit l’évolution
des cancers. Albucasis (1013-1106), à Cordoue,
recommande, l’excision en début d’évolution, la cau-
térisation des tissus avoisinants, la purge de la bile
noire et la saignée. Avenzoar (1070-1162), à Cordoue,
présente la description du cancer de l’estomac, de
l’œsophage et des tumeurs médiastinales.
Moyen-âge
Ce sont les chirurgiens qui contribuent à une
meilleure compréhension du cancer. John of Andeire
(1307-1390) décrit les symptômes du carcinome rec-
tal : hémorragies, obstructions.
De la Renaissance
au XVIesiècle
A la Renaissance, les textes originaux d’Hippocrate
et de Galien sont redécouverts. Les autopsies sont
autorisées, ce qui permet d’accroître les connais-
sances anatomiques. Ambroise Paré (1509-1590)
décrit, dans son traité des “ tumeurs contre nature ”,
les métastases comme des manifestations locales de
l’humeur noire et donne la description de la tumeur
du sein d’une dame d’honneur de Catherine de Médi-
cis. Gaspard Aselli (1581-1625) décrira le système
lymphatique et Jean Pecquet (1622-1674) le canal
thoracique.
Du XVII eau XIX esiècle
Au XVIIesiècle, peu de progrès sont à noter. Au
contraire, le cancer est considéré comme une mala-
die contagieuse et, à cet effet, des hôpitaux pour
cancéreux seront créés. Aux XVIIIeet XIXesiècle, on
reprend la théorie des “ humeurs ” de Galien. Henri
François Pedrei (1685-1770) préconise, dans le trai-
tement chirurgical, d’exciser non seulement la
tumeur, mais aussi les ganglions lymphatiques axil-
laires dans le cancer du sein. Il met ainsi en avant la
gravité du cancer si les ganglions sont envahis. Cette
époque marque aussi les notions de cancers pro-
fessionnels, de métastases. John Hunte (1728-1791)
évoque l’existence de prédispositions au cancer
(hérédité), le rôle de l’âge, du climat.
Au XIXesiècle, on montre que le cancer n’est pas
seulement une maladie de l’organisme, une mala-
die du tissu, mais aussi une maladie de la cellule,
une maladie du noyau cellulaire. La fin de ce siècle
verra la chirurgie évoluer grâce à l’anesthésie, l’an-
tisepsie, l’asepsie. Par la découverte de l’électricité,
naîtra l’électrocoagulation. Il faut aussi parler
de la découverte des rayons X, en 1895, et de
la radioactivité, en 1898 par Marie, Pierre Curie,
Bequère. De là, naîtra la radiothérapie, la radium-
thérapie (curiethérapie).
XXesiècle
Le début du XXesiècle sera marqué par un retour de
la peur. Le cancer, assimilé à nouveau à une mala-
die contagieuse, est mystifié. De véritables ghettos
pour cancéreux sont construits, éloignés des grandes
structures. D’un autre côté, les premières campagnes
de dépistage se mettent en place, ce qui, malen-
contreusement, accroît le phénomène de psychose.
Cancérologie contemporaine
Ce sera la découverte de l’ADN, qui marquera un
tournant dans la cancérologie, pour en venir à la
constatation que l’origine du cancer est un dérè-
glement du génome. Les facteurs endogènes de can-
cérisation sont les hormones et l’hérédité. Les fac-
teurs exogènes de cancérisation sont l’alimentation,
le rayonnement, la pollution, le tabac, l’alcool.
Les thérapies contemporaines, peut-être à l’étonne-
ment de certains, sont issues de la recherche mili-
taire. Les chimiothérapies résultent des expériences
faites avec les gaz moutardes en 1943. Les premiers
anti-métabolites sont le méthotrexate, le 5FU. Il
s’avère que la radiothérapie au Cobalt C060, produit
de déchet de la fabrication de la bombe atomique,
est plus performante et moins coûteuse que le radium.
De 1950 à 1975, c’est la grande euphorie. Une véri-