Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 Chapitre IX Équations de Maxwell. Ondes électromagnétiques IX.a. 1. Équations de Maxwell Courant de déplacement Le champ électromagnétique a été déterminé dans les chapitres précédents à partir des quatre équations locales ρ ~= div E , (IX.1) ε0 ~ ∂B −→ ~ , (IX.2) rot E = − ∂t ~ = 0, div B (IX.3) −→ ~ rot B = µ0 ~ (IX.4) ~ et B ~ à l’infini. et des conditions sur E D’après l’équation (IX.4), div ~ = 0 (IX.5) puisque la divergence d’un rotationnel est toujours nulle. Cette équation, correcte dans le cadre de l’approximation des régimes quasi stationnaires, ne l’est plus dans le cas général. On doit alors avoir ∂ρ =0 ∂t ~ donc ce qui impose de modifier l’équation (IX.4). Or ρ = ε0 div E, ~ ∂E = 0. div~ + ε0 ∂t div ~ + (IX.6) (IX.7) La solution la plus simple, confirmée par l’expérience, est donc de rajouter à ~ dans l’équation (IX.4) le terme, appelé courant de déplacement, ~ ∂E ε0 . ∂t On obtient ainsi la version définitive des équations de Maxwell : ρ ~= div E , (équation de Maxwell-Gauss) (IX.8) ε0 ~ ∂B −→ ~ rot E = − , (équation de Maxwell-Faraday) (IX.9) ∂t ※1 ~ = 0, div B (IX.10) ~ ∂E −→ ~ rot B = µ0 ~ + ε0 µ0 . ∂t 1. (équation de Maxwell-Ampère) Parfois appelée « équation de Maxwell-flux » car elle est reliée au flux du champ magnétique. 80 (IX.11) Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 ~ et B, ~ les équations de Maxwell déterminent Avec la force de Lorentz et les conditions aux limites sur E ~ et B ~ obéissent au principe complètement le mouvement de particules chargées. Elles sont linéaires, donc E ~ et B ~ à partir des équations de Maxwell est néanmoins délicate en de superposition. La détermination de E régime non stationnaire car les champs électrique et magnétique sont alors couplés. Il est en fait plus simple de passer par les potentiels. 2. Potentiels Remarquons d’abord que la constante c= √ 1 ε0 µ0 ≈ 3 × 108 m · s−1 (IX.12) a la dimension d’une vitesse. Nous verrons qu’il s’agit de la vitesse de la lumière dans le vide. D’après les équations (IX.9) et (IX.10), ~ −−→ ∂A ~ = −− E grad V − , ∂t →~ ~=− B rot A, (IX.13) (IX.14) ~ sont respectivement les potentiels scalaire et vectoriel. Introduisons-les dans les équations (IX.8) où V et A et (IX.11). On obtient −∆V − ~ ρ ∂(div A) = , ε0 ∂t (IX.15) ! ~ −−−→ −−→ ∂V ∂2 A ~ − ∆A ~ = µ0 ~ − ε0 µ0 − grad(div A) − ε0 µ 0 . grad 2 ∂t ∂t (IX.16) On peut réécrire ces équations de la manière suivante : ! ρ ∂ ~ + 1 ∂V , − div A ε0 ∂t c2 ∂t ! −−−→ 1 ∂V ~ ~ A = −µ0 ~ + grad div A + 2 , c ∂t V = − (IX.17) (IX.18) où est l’opérateur d’alembertien défini par =∆− 1 ∂2 c2 ∂t2 = ∂2 ∂x2 + ∂2 + ∂y2 ∂2 ∂z2 − 1 ∂2 c2 ∂t2 . (IX.19) Le même terme ~ + 1 ∂V div A c2 ∂t ~ ne déterminent pas les ~ et B ~ en fonction de V et A apparaît dans les deux équations. Or les expressions de E potentiels de manière unique. En effet, pour toute fonction f , si −−→ ~0 = A ~+− A grad f, (IX.20) alors → ~ −→ ~0 ~=− B rot A = rot A , puisque le rotationnel d’un gradient est nul. De même, comme −−−→ ~ ~0 ∂A ∂ grad f − − − → − − − → ∂ A ~ = − grad V − E = − grad V − − ∂t ∂t ∂t on a avec (IX.21) ! ~0 ∂f −−→ ∂A = − − grad V − − , ∂t ∂t ~0 −−→ ∂A ~ = −− E grad V 0 − ∂t V0 = V − ∂f . ∂t (IX.22) (IX.23) (IX.24) ~ de telle sorte que Il est toujours possible de trouver une fonction f et de redéfinir V et A ~+ div A 1 ∂V c2 81 ∂t = 0. (IX.25) Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 Cette condition est appelée jauge de Lorenz (sans « t » : ce n’est pas le même physicien que celui de la force de ~ = 0) dans le cas de sources et de champs non stationnaires. Lorentz). Elle généralise la jauge de Coulomb (div A En jauge de Lorenz, les équations (IX.17) et (IX.18) deviennent ρ V = − , (IX.26) ε0 ~ = −µ0 ~. A (IX.27) ~ Les solutions de ces équations, avec les conditions supplémentaires V(∞) = 0 et A(∞) = ~0, valables pour une distribution de sources localisée ou dont la densité décroît suffisamment rapidement avec la distance, sont les suivantes : $ ρ(P, t − PM/c) d̄τ, (IX.28) V(M, t) = 4 π ε0 PM P $ µ0 ~(P, t − PM/c) ~ d̄τ. (IX.29) A(M, t) = 4 π PM P Ces solutions sont appelées potentiels retardés car les valeurs des potentiels en un point M à un instant t dépendent de celles des sources en tous les points P à l’instant antérieur t − PM/c. La quantité PM/c correspond au temps de propagation de P à M à la vitesse c des effets d’une variation des sources. On peut rajouter une autre solution, celle des potentiels avancés, où « t − PM/c » est remplacé par « t + PM/c ». Cette solution n’est pas physique car les potentiels (et les champs) dépendraient des valeurs des sources à un instant ultérieur : elle violerait donc le principe de causalité selon lequel la cause précède l’effet. Lorsque les sources sont stationnaires, les potentiels retardés se réduisent aux expressions obtenues en électrostatique et en magnétostatique : $ ρ(P) d̄τ, (IX.30) V(M) = 4 π ε0 PM P $ µ0 ~(P) ~ d̄τ. (IX.31) A(M) = 4 π PM P Les champs sont alors donnés par les lois de Coulomb et de Biot et Savart : −−→ $ ρ(P) PM ~ E(M) = d̄τ, 3 P 4 π ε0 PM −−→ $ µ0 ~(P) × PM ~ B(M) = d̄τ. 4 π PM3 P (IX.32) (IX.33) ~ ~ Il ne faut pas en conclure que, pour des sources non stationnaires, les expressions de E(M, t) et B(M, t) peuvent être obtenues à partir des lois de Coulomb et de Biot et Savart en remplaçant ρ(P) et ~(P) par ρ(P, t − PM/c) et ~(P, t − PM/c). Les expressions correctes, dues à Jefimenko, sont −−→ $ ρ(P, t − PM/c) PM 1 ~ E(M, t) = 4 π ε0 PM3 P ! −−→ (∂ρ/∂t)(P, t − PM/c) PM (∂~/∂t)(P, t − PM/c) + − d̄τ, (IX.34) c PM2 c2 PM ! $ ~(P, t − PM/c) µ0 (∂~/∂t)(P, t − PM/c) −−→ ~ B(M, t) = + × PM d̄τ. (IX.35) 3 2 4π PM c PM P Aux termes usuels en électrostatique et en magnétostatique, qui dépendent des valeurs de ρ et de ~ (mais au temps retardé) et qui décroissent en 1/r2 , s’ajoutent, dans le cas non stationnaire, des termes dépendant des dérivées de ρ et de ~ par rapport au temps et qui décroissent en 1/r. Ces derniers dominent donc à grande distance des sources si celles-ci ne sont pas stationnaires et ce sont eux qui sont à l’origine des ondes électromagnétiques. En régime quasi stationnaire, le temps de propagation PM/c est négligeable devant le temps d’évolution du système (ce qui revient à négliger le courant de déplacement). Près des sources, les potentiels V(M, t) et ~ A(M, t) sont alors donnés par (IX.30) et (IX.31) avec ρ(P, t) et ~(P, t) au lieu de ρ(P) et ~(P). $ ρ(P, t) V(M, t) ≈ d̄τ, (IX.36) 4 π ε0 PM P $ µ0 ~(P, t) ~ A(M, t) ≈ d̄τ. (IX.37) P 4 π PM 82 Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 ~ ~ De même pour B(M, t) à partir de (IX.33). En revanche, à cause du terme « ∂A/∂t » dans (IX.13), il ne suffit ~ pas de remplacer ρ(P) par ρ(P, t) dans (IX.32) pour obtenir E(M, t). 3. Théorème de Poynting Une particule de charge q se déplaçant à une vitesse ~ v par rapport à un référentiel galiléen reçoit du champ électromagnétique une puissance ~+~ ~ ·~ ~·~ P q = q (E v × B) v = qE v. (IX.38) Un volume d̄τ contenant différents types de porteurs de charge reçoit une puissance X ~·~ ~ d̄τ. dP = νk d̄τ qk E vk = ~ · E (IX.39) k La puissance reçue par les charges dans un volume V fixe est donc $ ~ d̄τ. ~ · E PV = V (IX.40) Réécrivons ce terme en utilisant (IX.11). $ −→ ~ ~ rot B ∂ E ~ PV = µ − ε0 ∂t · E d̄τ. 0 V (IX.41) −→ −→ div(~a × ~b) = rot ~a · ~b − ~a · rot ~b, (IX.42) Or donc $ ~ ~ ~ ~×B ~ E ∂B B ∂ E d̄τ ~· · + ε0 E PV = − + div µ0 µ0 ∂t ∂t V ! $ 2 2 ~×B ~ E ε E B ∂ 0 ~ + d̄τ, =− µ · d̄S − 2 2 µ0 0 V ∂t S (IX.43) (IX.44) où l’on a appliqué le théorème d’Ostrogradski à la surface S de V. Le volume étant fixe, on peut réécrire cette expression sous la forme ! $ ~×B ~ ε0 E2 E d B2 ~ · d̄S − + d̄τ = PV + (IX.45) µ0 2 2 µ0 dt V S (théorème de Poynting). La quantité uEM = ε0 E2 2 + B2 2 µ0 (IX.46) peut s’interpréter comme la densité d’énergie électromagnétique associée au champ ; son intégrale est l’énergie électromagnétique E contenue dans V. La quantité ~ ~ ~ = E×B Π µ0 (IX.47) est le vecteur de Poynting ※2 et son intégrale sur S est le flux d’énergie électromagnétique à travers S (positif s’il y a un flux net vers l’extérieur). Le théorème de Poynting traduit la conservation de l’énergie : la variation de l’énergie électromagnétique dans un volume est due au travail des forces électromagnétiques sur les charges dans ce volume ou (inclusivement) à un échange d’énergie avec l’extérieur par la surface de ce volume. On peut de même associer une densité (volumique) de quantité de mouvement ~ g= ~ Π c2 (IX.48) au champ électromagnétique. 2. La preuve du théorème de Poynting utilise le théorème d’Ostrogradski, valable pour une surface fermée, et ne fait intervenir que la → ~ +− divergence du vecteur de Poynting. La divergence d’un rotationnel étant nulle, Π rot ~f satisferait aussi le théorème pour n’importe quelle fonction ~f . Le flux d’énergie électromagnétique à travers une surface ouverte dépend en revanche de la fonction ~f . Nous admettrons que la densité de flux d’énergie électromagnétique est bien donnée par l’expression (IX.47). 83 Michel Fioc IX.b. 1. Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 Ondes électromagnétiques dans le vide Équation des ondes électromagnétiques dans le vide On s’intéresse ici aux équations de Maxwell dans le vide, c.-à-d. dans une région où ρ = 0 et ~ = 0. Prenons le rotationnel de l’équation de Maxwell-Faraday. On a −−−→ −→ −→ rot(rot ~a) = grad(div ~a) − ∆~a, (IX.49) donc, dans le vide, −→ ~ ~ ~ ∂(ε0 µ0 ∂E/∂t) ∂(rot B) −→ −→ ~ → ∂B ~ = −− rot(rot E) = −∆E rot =− =− , ∂t ∂t ∂t (IX.50) ~ = ~0. E (IX.51) −→ ~ ~ ~ ∂ E −→ −→ ~ − → = 1 ∂(rot E) = 1 ∂(−∂B/∂t) , ~ = rotε0 µ0 rot(rot B) = −∆B 2 2 ∂t ∂t ∂t c c (IX.52) ~ = ~0. B (IX.53) d’où De même, d’où ~ et B ~ sont découplés dans les équations (IX.51) et (IX.53). Remarquer que E En jauge de Lorenz, les équations (IX.26) et (IX.27) donnent également V = 0, (IX.54) ~ = ~0 A (IX.55) dans le vide. On obtient dans tous les cas l’équation de d’Alembert décrivant la propagation tridimensionnelle à la vitesse c d’une onde ψ(~r, t) non atténuée : ! 1 ∂2 ∆− ψ = 0 dans le vide, (IX.56) c2 ∂t2 ~ ※3 . ~ B ~ et A ~ B, ~ V, A}. ~ Cette équation est également valable pour les composantes cartésiennes de E, où ψ ∈ {E, √ La vitesse c = 1/ ε0 µ0 des ondes électromagnétiques étant égale à la vitesse de la lumière visible, on peut légitimement supposer que la lumière est une onde électromagnétique. Cette hypothèse a été confirmée par de nombreuses expériences d’interaction de la lumière avec des particules chargées. 2. Ondes planes L’équation de d’Alembert admet notamment comme solution des ondes planes. Considérons par exemple des ondes ψ(x, t) ne dépendant spatialement que de la coordonnée x (les plans d’onde sont donc perpendi~x ). Posons culaires à u u = x − c t, (IX.57) v = x + ct (IX.58) et exprimons les dérivées de ψ par rapport à x et t en fonction de celles par rapport à u et v ※4 . On a ∂u/∂x = ∂v/∂x = 1, donc ! ∂ψ ∂ψ ∂u ∂ψ ∂v ∂ψ ∂ψ ∂u ∂ ∂v ∂ = + = + ψ= + , (IX.59) ∂x ∂u ∂x ∂v ∂x ∂x ∂u ∂x ∂v ∂u ∂v d’où ∂2 ψ ∂u ∂ ∂v ∂ = + 2 ∂x ∂u ∂x ∂v ∂x ! ! ∂ψ ∂ψ ∂2 ψ ∂2 ψ ∂2 ψ + = + 2 + . ∂u ∂v ∂u ∂v ∂u2 ∂v2 (IX.60) De même, ∂u/∂t = −c et ∂v/∂t = c, donc ∂ψ ∂ψ ∂u ∂ψ ∂v ∂ψ ∂ψ = + = −c +c , ∂t ∂u ∂t ∂v ∂t ∂u ∂v 3. 4. (IX.61) ~ρ + ∆ fφ u ~ φ + ∆ fz u ~z . Idem pour les composantes Attention, ce n’est pas vrai pour les composantes cylindriques car ∆ ~f , ∆ fρ u sphériques. Plus rigoureusement, il faudrait distinguer la fonction (x, t) 7→ ψ(x, t) de la fonction (u, v) 7→ ψ(x[u, v],t[u, v]). 84 Michel Fioc d’où Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) ∂2 ψ ∂v ∂ ∂u ∂ + = ∂t ∂u ∂t ∂v ∂t2 ! UPMC, 2016/2017 ! 2 2 ∂ψ ∂ψ ∂2 ψ 2 ∂ ψ 2 ∂ ψ −c +c = c2 + c − 2 c . ∂u ∂v ∂u ∂v ∂u2 ∂v2 (IX.62) On obtient donc ∂2 ψ ∂2 ψ 1 ∂2 ψ − = 4 = 0. ∂u ∂v ∂x2 c2 ∂t2 En intégrant ∂2 ψ/(∂u ∂v) par rapport à u, on obtient que ∂ψ/∂v ne dépend pas de u, soit ψ = ∂ψ = g(v). ∂v En intégrant ∂ψ/∂v par rapport à v, on obtient que ψ(x, t) = F(u) + G(v) = F(x − c t) + G(x + c t), Rv (IX.63) (IX.64) (IX.65) où G(v) = g(v ) dv . Les solutions F(u) et G(v) correspondent à des ondes planes progressives : F(u) = F(x − c t), à une onde progressant à la vitesse c vers les x croissants ; G(v) = G(x + c t), à une onde progressant à la même vitesse (en valeur absolue) vers les x décroissants. Plus généralement, pour une onde plane se propageant dans la direction indiquée par le vecteur unitaire ~n, ψ(~r, t) = F(~n · ~r − c t) + G(~n · ~r + c t), (IX.66) 0 0 où F correspond à une onde progressive se propageant selon +~n et G à une onde progressive se propageant selon −~n. a. Ondes planes progressives (OPP) ~ = 0. Intéressons-nous au cas où ψ est le champ électrique ou le champ magnétique. On a toujours div B ~ = 0 puisqu’on est dans le vide. Pour une onde plane progressive vers les x croissants, Par ailleurs, div E ~ ~ ~ c.-à-d. E = E(x, t) = E(u), ∂E y ∂Ez ∂Ex ~ = ∂Ex + + = = 0. (IX.67) div E ∂x ∂y ∂z ∂x Ex ne dépend donc pas de x, ni non plus de t puisque Ex est fonction de u = x − c t seulement. Dans ce qui ~ et B ~ l’éventuel terme constant par rapport à t et ne conservons que le terme non suit, nous retranchons à E stationnaire. On a donc Ex = 0. On obtient le même résultat pour une onde progressant vers les x décroissants, ~ dans les deux sens. ainsi que pour le champ B Pour une onde plane progressive vers les x croissants, ~ ∂E y ∂B y ∂Ez ∂B ∂Bz −→ ~ ~y + ~z = − ~y − ~z rot E = − u u =− u u ∂x ∂x ∂t ∂t ∂t d’après l’équation de Maxwell-Faraday. Or ∂/∂x = ∂/∂u et ∂/∂t = −c ∂/∂u, donc ∂B y ∂Ez = −c ∂u ∂u et ∂E y ∂u =c ∂Bz . ∂u (IX.68) (IX.69) (IX.70) ~ et B, ~ on obtient En intégrant, puisqu’un éventuel constant a déjà été retranché à E et soit et Ez = −c B y (IX.71) E y = c Bz , (IX.72) ~ = −c u ~ ~x × B E (IX.73) ~= 1 u ~ ~x × E. B c (IX.74) ~ et B ~ d’une onde plane progressive n’ont donc pas de composante (variable) dans la direction Les champs E ~ et B ~ sont normaux de propagation ~n : les ondes électromagnétiques sont transverses, c.-à-d. que les champs E à ~n. 85 Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 Pour une onde plane progressive selon +~n, ils obéissent aux relations et ~ = −c ~n × B ~ E (IX.75) ~ = 1 ~n × E. ~ B c (IX.76) ~ et B ~ forment donc un trièdre direct et Les vecteurs ~n, E ~ = c kBk. ~ kEk (IX.77) L’intensité lumineuse d’une onde est définie comme la moyenne temporelle de la densité de flux d’énergie électromagnétique —c.-à-d. du vecteur de Poynting— projetée sur la direction de propagation : Ilum = hΠi. (IX.78) 2 ~ ~ ~ = E × B = E ~n, Π µ0 µ0 c (IX.79) Pour une onde plane progressive selon +~n, donc Ilum = hE2 i = ε0 c hE2 i. µ0 c (IX.80) La densité d’énergie du champ associé à l’onde est uEM = B2 B2 ε0 E2 + = ε0 E2 = . 2 2 µ0 µ0 (IX.81) ~ qui vaut On vérifie que, pendant une durée dt, l’énergie de l’onde traversant une surface d̄S, ~ dt, ~ · d̄S Π est égale à l’énergie présente dans le volume ~ · c dt ~n, d̄τ = d̄S (IX.82) c.-à-d. uEM d̄τ. ~ pendant Cela signifie que cette énergie se propage bien à la vitesse c ~n de l’onde et a traversé la surface d̄S dt. b. Ondes planes progressives monochromatiques (OPPM) Parmi les solutions de l’équation de d’Alembert en ondes planes progressives selon ±~ ux , les ondes monochromatiques présentent un intérêt particulier. La forme d’une OPPM est ψ(x, t) = A cos(ω t − k x + φ), (IX.83) où ω > 0 est la pulsation (en rad · s−1 ) ; |k| est le nombre d’onde (en rad · m−1 ) : k = +|k| si l’onde se propage selon +~ ux et k = −|k| si c’est selon −~ ux ; I A est l’amplitude ; I ω t − k x + φ est la phase de l’onde et φ est la phase à l’origine ※5 . ~ soit le potentiel V. ~ B ~ ou A, La fonction ψ est ici scalaire et représente soit une composante cartésienne de E, Injectons cette solution dans l’équation de d’Alembert. On obtient ! ∂2 ψ ω2 1 ∂2 ψ 2 − = A cos(ω t − k x + φ) −k + = 0. (IX.84) ∂x2 c2 ∂t2 c2 I I Cette relation devant être vérifiée pour tout x et tout t, on doit avoir la relation de dispersion ω |k| = . (IX.85) c ψ peut être réécrit en fonction de la longueur d’onde λ (c.-à-d. la période spatiale) et de la fréquence ν ou 5. φ est parfois appelée le déphasage, voire la « phase » tout court, mais il vaut mieux réserver cette dénomination pour ω t − k x + φ. 86 Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 de la période (temporelle) T = 1/ν. On a |k| = 2π λ ※6 et ω = 2 π ν = 2π . T (IX.86) En raison de la linéarité de l’équation de d’Alembert, toute onde plane progressive selon +~ ux peut s’écrire comme une superposition d’ondes planes monochromatiques : Z ∞ A(ω) cos(ω [t − x/c] + φ[ω]) dω. (IX.87) ψ(x, t) = ω=0 Pour une onde périodique de période T = 2 π/ω, cette transformée de Fourier se réduit à une série de Fourier : ψ(x, t) = ∞ X An cos(n ω (t − x/c) + φn ). (IX.88) n=0 Pour une onde plane progressive monochromatique se propageant dans la direction et le sens indiqués par un vecteur unitaire ~n, ψ(~r, t) = A cos(ω t − ~k · ~r + φ), (IX.89) où ~k = ω ~n c (IX.90) est le vecteur d’onde et k~kk = 2 π/λ. On appelle vitesse de phase la vitesse vφ à laquelle la phase ω t − ~k · ~r + φ se propage. On a ω . (IX.91) vφ (ω) = k~k(ω)k Dans le vide, vφ est indépendante de ω et vaut c. La vitesse de groupe est quant à elle définie par vg (ω) = dω . d k~k[ω]k (IX.92) Dans le vide, elle vaut également c, mais hors de celui-ci, on a généralement vφ , vg . c. Notation complexe Pour étudier les ondes monochromatiques, il est commode d’utiliser la notation complexe, déjà vue en électrocinétique pour décrire l’aspect temporel. Posons ※7 ~ ψ(~r, t) = A ei (ω t−k·~r+φ) . (IX.93) L’onde ψ se propageant selon ~n = ~k/k~kk est reliée à ψ par ψ = Re ψ. (IX.94) On peut réécrire ψ sous la forme ※8 ~ ψ(~r, t) = A ei (ω t−k·~r) , (IX.95) A = A ei φ . (IX.96) avec La dérivée première de ψ par rapport à t est ∂ψ ∂t et la dérivée seconde vaut ∂2 ψ ∂t2 6. 7. 8. = iωψ (IX.97) = −ω2 ψ (IX.98) Attention, on définit parfois le nombre d’onde(s) comme 1/λ. ~ On peut tout aussi bien poser ψ(~r, t) = A ei (k·~r−ω t+φ) . Les facteurs i ω et i ~k ci-dessous doivent alors être remplacés par leur opposé. ~ en remplaçant A par un vecteur de composantes cartésiennes ~ B ~ et A Cette expression est également applicable aux vecteurs E, (Ax ei φx , A y ei φ y , Az ei φz ). 87 Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 De même, la dérivée par rapport à x est ∂ψ ∂(~k · ~r ) (IX.99) ψ = −i kx ψ. ∂x ∂x Plus généralement, si ψ est une onde scalaire ou l’une des composantes cartésiennes d’une onde vectorielle, = −i −−−→ grad ψ = −i ~k ψ. (IX.100) ~ = −i ~k · ψ ~ div ψ (IX.101) −→ ~ ~ rot ψ = −i ~k × ψ. (IX.102) ~ Pour une onde vectorielle ψ, et Que la fonction soit scalaire ou vectorielle, son laplacien est donné par ∆ψ = −k2 ψ. (IX.103) Un des intérêts de la notation complexe est que, lorsqu’on se restreint à des combinaisons linéaires de dérivées ~ de ψ, le facteur ei (ω t−k·~r) apparaît dans tous les termes et peut donc être simplifié. La superposition de plusieurs ondes de même pulsation et même vecteur d’onde, ψi (~r, t) = Ai cos(ω t − ~k · ~r + φi ), est une onde ψ dont la représentation complexe est donnée par (IX.95) avec X Ai . A= (IX.104) (IX.105) i L’intensité lumineuse de cette superposition est facile à calculer en notation complexe. En effet, Z T A A∗ |A|2 1 2 2 hψ i = ψ (~r, t) dt = = . 2 2 T t=0 (IX.106) Si A est l’amplitude complexe du champ électrique, ε0 c |A|2 Ilum = ε0 c hE2 i = . (IX.107) 2 P Si φi a la même valeur pour toutes les ondes, Ilum = i Ilum, i . Sinon, des termes d’interférence apparaissent. d. Polarisation d’une OPPM Considérons une OPPM se propageant selon +~ ux . On a alors Ex = 0, E y = A y cos(ω t − k x + φ y ), Ez = Az cos(ω t − k x + φz ). En posant φ0 = φ y − φz , (IX.108) (IX.109) on obtient Ez = cos(ω t − k x + φ y − φ0 ) = cos(ω t − k x + φ y ) cos φ0 + sin(ω t − k x + φ y ) sin φ0 , Az d’où Par ailleurs, Ey Ez − cos φ0 = sin(ω t − k x + φ y ) sin φ0 . Az Ay Ey Ay sin φ0 = cos(ω t − k x + φ y ) sin φ0 . En faisant la somme des carrés des deux dernières équations, on obtient ! E y 2 Ez 2 E y Ez + −2 cos φ0 = sin2 φ0 . Ay Az A y Az 88 (IX.110) (IX.111) (IX.112) (IX.113) Michel Fioc i. Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 Polarisation rectiligne Si φ0 ∈ {0, π} (modulo 2 π), alors sin φ0 = 0 et cos φ0 = ±1 C s, donc ! !2 E y 2 Ez 2 E y Ez Ey Ez + − 2s = −s = 0, Ay Az A y Az Ay Az soit la relation linéaire Ez = s Az Ey . Ay (IX.114) (IX.115) ~ oscille donc dans le plan (~ ~0 ), où u ~0 fait un angle (orienté par rapport à u ~x ) Le vecteur E ux , u θ = arctan s Az Ay (IX.116) ~ ※9 est rectiligne selon u ~ y . On dit que la polarisation de E ~0 . avec u ii. Polarisation elliptique Si φ0 < {0, π} (modulo 2 π), on reconnaît (?) dans (IX.113) l’équation d’une ellipse. En effet, l’équation ~Y et u ~Z est d’une ellipse de demi-grand axe a et de demi-petit axe b 6 a selon des vecteurs orthogonaux u Z2 Y2 + = 1. (IX.117) a2 b2 ~Y et u ~Z sont les images de u ~ y et u ~z par une rotation d’axe u ~x et d’angle θ ∈ ]−π/2, π/2] Si les vecteurs unitaires u ~ ~Z ) (c.-à-d. Y u ~Y + Z u ~Z = E y u ~ y + Ez u ~z ), et que Y et Z sont les composantes de E dans (~ uY , u " # " #t " # " # Y cos θ −sin θ E y cos θ E y + sin θ Ez = = , (IX.118) Z sin θ cos θ Ez −sin θ E y + cos θ Ez où « t » désigne la transposée de la matrice. On obtient donc ! ! 2 2 sin2 θ cos2 θ 1 1 2 cos θ 2 sin θ Ey + + E + − 2 E E sin θ cos θ − = 1. y z z a2 b2 a2 b2 b2 a2 (IX.119) En identifiant les termes dans (IX.113) et (IX.119), on obtient sin2 θ 1 cos2 θ + = 2 , 2 2 a b A y sin2 φ0 (IX.120) sin2 θ cos2 θ 1 + = 2 , 2 2 a b Az sin2 φ0 cos φ0 1 1 . sin θ cos θ 2 − 2 = b a A y Az sin2 φ0 (IX.121) (IX.122) La polarisation est dite elliptique. Le cas de la polarisation rectiligne correspond à une ellipse dégénérée : ~y. le demi-petit axe est nul et l’ellipse se réduit à un segment de longueur 2 a faisant un angle θ avec u Cherchons les caractéristiques de cette ellipse. En ajoutant (IX.120) et (IX.121), on a 1 1 1 1 1 + 2 = 2 + 2 B α. (IX.123) 2 a b Ay Az sin2 φ0 La différence (IX.121) − (IX.120) donne 1 1 cos(2 θ) 2 − 2 b a 1 1 = 2 − 2 Az Ay 1 sin2 φ0 B β. (IX.124) L’équation (IX.122) peut être réécrite sin(2 θ) 1 1 − 2 b2 a = 2 cos φ0 A y Az sin2 φ0 B γ. (IX.125) La combinaison (IX.124)2 + (IX.125)2 donne 1 1 − 2 = 2 b a 9. q β2 + γ2 ~ fait un angle (orienté par rapport à u ~ ~x ) de π/2 avec E. Rappelons que B 89 (IX.126) Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 (la solution négative est exclue car b 6 a), d’où, en faisant la somme et la différence de (IX.123) et (IX.126), s 2 a= , (IX.127) p α − β2 + γ2 s 2 b= . (IX.128) p α + β2 + γ2 L’ellipse est un cercle si β = γ = 0, c.-à-d. si A y = Az et φ0 = ±π/2 (modulo π) ; la polarisation est alors qualifiée plus spécifiquement de circulaire. Les équations (IX.124) et (IX.125) permettent de déterminer θ. On peut écrire que θ= γ 1 arctan 2 β (modulo π/2) (IX.129) et ne retenir que la solution dans ]−π/2, π/2] qui soit du signe de γ (les signes de sin(2 θ) et γ sont identiques d’après (IX.125)). On peut aussi écrire directement que ※10 γ . (IX.130) θ = arctan p β + β2 + γ2 ~ Sens de rotation de E iii. ~ décrit au cours du temps une ellipse La polarisation est dite gauche si, en un point donné, l’extrémité de E ~ tourne dans le sens dans le sens trigonométrique quand on regarde l’onde de face. Elle est dite droite si E ~ × dE/dt. ~ horaire. Pour déterminer le sens de la polarisation, on peut calculer le vecteur E Si celui-ci est selon +~ ux , la polarisation est gauche. S’il est selon −~ ux , elle est droite. 0 0 ~ d E ~× E = A y cos(ω t − k x + φ y ) × −ω A y sin(ω t − k x + φ y ) dt Az cos(ω t − k x + φz ) −ω Az sin(ω t − k x + φz ) = −ω A y Az (cos[ω t − k x + φ y ] sin[ω t − k x + φz ] ~x − sin[ω t − k x + φ y ] cos[ω t − k x + φz ]) u ~x = ω A y Az sin φ0 u ~x . = −ω A y Az sin(φz − φ y ) u (IX.131) La polarisation est donc elliptique droite si φ0 ∈ ]−π, 0[ et gauche si φ0 ∈ ]0, π[. 3. Ondes sphériques Une autre solution intéressante de l’équation de d’Alembert est constituée par les ondes sphériques. Celles-ci correspondent notamment à l’émission isotrope par une source ponctuelle. Le champ électromagnétique ne dépend alors plus que de la distance r à la position O de la source. En coordonnées sphériques, ∆ψ(r, t) = 1 ∂(r2 ∂ψ/∂r) ∂r r2 (IX.132) en raison de l’isotropie. On a donc Or donc 10. 1 ∂(r2 ∂ψ/∂r) 1 ∂2 ψ − = 0. ∂r r2 c2 ∂t2 (IX.133) ∂2 ψ 1 ∂(r2 ∂ψ/∂r) 2 ∂ψ 1 ∂2 (r ψ) = + = , 2 2 r ∂r r ∂r r ∂r ∂r2 (IX.134) ∂2 (r ψ) 1 ∂2 (r ψ) − = 0. ∂r2 c2 ∂t2 (IX.135) De manière générale, si ρ cos φ = A et ρ sin φ = B, avec ρ > 0 et φ ∈ ]−π, π], alors ρ = √ ρ + ρ cos φ = 2 ρ cos2 (φ/2) = A + A2 + B2 . √ A2 + B2 et Par ailleurs, B = 2 ρ cos(φ/2) sin(φ/2), donc, si (A, B) , (0, 0), on a φ B = arctan . √ 2 A + A 2 + B2 La solution modulo π n’est pas à considérer car φ/2 est nécessairement dans l’intervalle ]−π/2, π/2] = arctan(R ∪ {+∞}). On applique ici cette méthode avec A = β, B = γ et φ = 2 θ. 90 Michel Fioc Électromagnétisme et électrocinétique (2P021) UPMC, 2016/2017 La fonction r ψ(~r, t) obéit à la même équation qu’une onde plane, donc 1 (F[r − c t] + G[r + c t]). (IX.136) r Le premier terme est une onde divergente émise par la source située en O. Le deuxième terme est une onde convergeant vers O. Il est généralement nul, sauf si la source est entourée par un miroir sphérique qui renvoie vers elle la lumière qu’elle a émise. À grande distance de la source, l’onde sphérique peut être assimilée à une onde plane. ψ(~r, t) = 91