Dériver une composition et une réciproque

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Dériver une composition et une réciproque
Une approche math niveau 1.
Au lieu d’énoncer les hypothèses des théorèmes en question, puis de démontrer leur validité, nous
allons travailler à l’envers : chercher d’une manière aussi directe que possible le résultat, puis
énoncer les hypothèses qui ont permis de l’obtenir.
Soit deux fonction f et g. Supposons que g o f soit bien définie au voisinage d’un point a.
(g ! f )(a + h) ! (g ! f )(a) par g( f (a + h)) ! (g( f (a)) par g( f (a + h)) ! g( f (a)) f (a + h)) ! f (a)
=
=
"
def
RH1
h
h
f (a + h) ! f (a)
h
Si h tend vers 0 alors pour que le membre de droite soit bien défini il faut que f soit dérivable en a.
Posons f (a) =: b et f (a + h) = b + r (h) où r est une fonction de h qui ‘mesure’ l’écart f (a + h) − b .
Comme f est dérivable en a alors f es continue en a (cf. thm 0), d’où lim r (h) = 0 .
h →0
g ( f (a + h)) − g ( f (a )) g (b + r (h)) − g (b)
, qui sous la
=
f (a + h) − f (a )
r (h)
condition que g soit dérivable en b tend h tend vers g ′(b) = g ′( f (a)) . D’où le résultat:
Le quotient précédent peut donc s’écrire :
Théorème 1. Si f est dérivable en a et que g est dérivable en f(a) alors (g ! f )!(a) = g !( f (a)) " f (a)
ATTENTION : la ‘preuve’ ci-dessus n’est pas rigoureuse, car le dénominateur pourrait
s’annuler! Pour contrecarrer ce défaut on peut imposer à f d’être injective au voisinage de a.
Exemple d’utilisation.
Si f ( x) = x3 = y et g ( y ) = sin( y ) alors (sin( x3 ) )′ = cos( y) ⋅ 3 x 2 = 3 x 2 ⋅ cos( x 3 )
Supposons à présent que f soit une fonction bijective de I dans J (intervalles ouverts) de fonction
réciproque r f Posons comme précédemment a ∈ I , f (a) := b ∈ J et déterminons
r
f ( y ) − r f (b) par
x−a
1
=
=
def
f
(
x
)
−
f (a)
y −b
f ( x) − f (a)
x−a
Si l’on veut que ce dernier quotient soit bien défini (lorsque x tend vers a) alors f ′ doit exister en
a et de surcroît f ′(a) ≠ 0 . Remarquons que, lim r f ( y) = a est équivalent à r f est continue en b.
y →b
Or, un résultat classique (non démontré) d’analyse garantit que si une fonction f est continue et
bijective sur tout un intervalle I alors sa réciproque r f est aussi continue. Dans ce cas alors « y
tend vers b » est équivalent à « x tend vers a » (le passage délicat). D’où le théorème :
Théorème 2. Si f est bijective sur un intervalle ouvert I dans J et dérivable en a ∈ I avec
f ′(a) ≠ 0 alors la fonction réciproque est aussi dérivable en b := f (a) et r f ′(b) =
1
.
f ′( a )
Exemples d’utilisation.
( )
1) Si f (x) = x n = y, n !! * alors r f ( y) = y1/n . D'où y1/n
"
=
1
( x )"
n
=
1
=
n # x n$1
2) Si f ( x) = tan( x) = y alors r f ( y ) = arctan( y ). D'où ( arctan( y ) )′ =
1
% 1(
n#' yn *
& )
1
( tan( x) )′
=
n$1
=
1
n# y
n$1
n
=
1 1n $1
#y
n
1
1
=
2
1 + tan( x) 1 + y 2
.
Une approche math niveau 2.1
Commençons par donner trois définitions équivalentes de « f est dérivable en a » :
f ( x) − f (a )
existe ( !! ) que l’on baptise alors f ′(a ) .
x−a
f ( x) − f (a)
Posons alors r ( x) :=
− f ′(a ) pour x ≠ a et r (a) = 0 . On voit que la condition 1) est
x−a
équivalente à lim r ( x) = 0 c’est-à-dire que r est continue en a et s’annule en a. Si l’on multiplie les
1) (Cauchy, 1821) : Si lim
x→a
x →a
deux membres de l’égalité par x–a et que l’on réarrange les termes l’on obtient :
2) (Weierstrass, 1861) f est dérivable en a et de dérivée f ′(a ) s’il existe une fonction continue r
en a avec r (a) = 0 telle que f ( x) = f (a) + f ′(a)( x − a) + r ( x)( x − a) .
Mettons (x–a) en évidence dans le 2e terme et posons ϕ ( x) := f ′(a) − r ( x) d’où
3) (Carathéodory, 1950) f est dérivable en a et de dérivée f ′(a ) s’il existe une fonction ϕ ( x)
continue en a tel que f ( x) = f (a) + ϕ ( x)( x − a) pour laquelle ϕ (a) =: f ′(a) .
Théorème 1’. Si f est dérivable en a et que g est dérivable en f(a) alors (g ! f )!(a) = g !( f (a)) " f (a)
Preuve. si f est dérivable en a et que g est dérivable en b =f(a) alors il existe ϕ comme ci-dessus
et un φ continu en b tel que g ( y) = g (b) + φ ( y)( y − b) avec φ (b) =: g ′(b) . Comme y = f ( x) alors
par
g ( f ( x)) = g ( f (a)) + φ ( y)( f ( x) − f (a)) = g ( f (a)) + φ ( f ( x))ϕ ( x)( x − a) . La fonction (! ! f ) " #
def 3
est
continue en a et de plus (! ! f )(a) "# (a) = ! ( f (a)) "# (a) = g $( f (a)) " f $(a) .
Théorème 2’. Si f est bijective sur un intervalle ouvert I dans J et dérivable en a ∈ I avec
r
f ′(a) ≠ 0 alors la fonction réciproque f est aussi dérivable en b := f (a) et r f ′(b) =
1
.
′
f (a)
Preuve. On a que f ( x) = f (a) + ϕ ( x)( x − a) avec ϕ (a) = f ′(a) ≠ 0 . Posons f ( x) = y et b =f(a).
D’où y − b = ϕ ( r f ( y))( r f ( y) − r f (b)) que l’on écrit
r
f ( y ) = r f (b) +
1
( y − b) . Par le résultat
ϕ ( f ( y ))
r
classique, « Si f bijective continue de I vers J alors rf est aussi bijective continue de J vers I » on
voit que
1
!!r f
est continue en b et de plus
1
1
1
=
=
est bien défini, puisque
! ! f (b) ! (a) f "(a)
r
f ′(a) ≠ 0 par hypothèse.
1
Extrait de Analyse au fil de l’histoire, Hairer & Wanner, pages 235-236 
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