Troubles du comportement et leur prise en charge

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04/02/2014
Environnement de la maladie
d’Alzheimer
AVQ
Les troubles du comportement
et la maladie d’Alzheimer
MA
Sylvie Pariel
Service de gériatrie ambulatoire
Hôpital Charles Foix
Ivry sur seine
Comportement
NPI : Neuropsychiatric Inventory
ou l’Inventaire Neuropsychiatrique
Troubles du comportement:
Evaluation et retentissement
Définition
Troubles du comportement = conduite
inadaptée ou aberrante compte tenu du
contexte où elle se produit
trouble du comportement pathologique si
rupture avec le comportement antérieur et
retentissement sur les actes de la vie
quotidienne
Frequence (% des patients)
Pic de fréquence des symptômes
comportementaux dans la maladie
d’Alzheimer
100
Agitation
80
60
Depression
rhythme
diurne
Irritabilité
déambulation
40
Retrait
Social
Paranoia
20
0
–40
Aggressivité
Modif
Anxiététhymiques
Idées
suicidaires
–30
Accusations
–20
–10
0
Inaccep
sociale
Hallucinations
Délire
Sexualité inappropriée
10
20
Cognition
30
Mois avant/après diagnostic
Jost and Grossberg, 1996
Les changements de comportement apparus depuis le début
de la maladie.
Elle explore 12 domaines comportementaux :
apathie,
dépression,
anxiété,
agitation,
irritabilité,
comportement moteur
appétit,
impulsivité,
sommeil,
idées délirantes,
hallucinations,
euphories.
L’évaluation, si le symptôme est présent, porte sur la
fréquence, la gravité et son retentissement émotionnel pour
l’accompagnant.
Pour la version anglaise : Cummings J. L. The Neuropsychiatric Inventory: assessing psychopathologia in dementia patients.
Neurology. 48 (suppl 6): s10-s16.
Pour la version française Robert P., Médecin I.,Vincent S. et al. Inventaire neuropsychiatrique,
validation de la version française
destinée à évaluer les troubles du comportement chez les sujets déments. Serdi, Paris. 1998 ; 5 : 63-86.
Un trouble du comportement est
rapporté par un tiers …
Contexte personnel du malade et
environnement non maîtrisable
Réponse inadaptée à une difficulté non
élaborée ou à des peurs
Part de subjectivité des rapporteurs
Rôle systémique des témoins, pour le
déclenchement ou l’aggravation
Trouble du comportement:
inadéquation entre le milieu et le
sujet âgé
1
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Facteurs des troubles du
comportements : complexes
Liés au malade
Troubles du comportement : quadruple recherche
Troubles liés à une pathologie organique
Cognition
Facteurs émotionnels, ethnologiques et relationnels
Conscience des troubles, attention
Troubles liés à une iatrogénie
Liés à l’aidant
Stratégies personnelles
Épuisement
Connaissance
Troubles liés à une démence, à des problèmes
psychiatriques
Liés à l’environnement
Contenant ou non
Qualité de vie du malade comme de l’aidant
Les approches des troubles du
comportement
Troubles liés à l’environnement, les aidants.
Relations aidant- patient
Agitation
du patient
Approche
Approche
Approche
Approche
Approche
architecturale
relationnelle
sociothérapique
symptomatique
médicamenteuse
Stress
de l’aidant
Agressivité
du patient
Stress
du patient
Epuisement
de l’aidant
« Malmenance »
de l’aidant
Trouble
du comportement
du patient
Evaluation multi-dimensionnelle
Conduite à tenir face à des troubles
du comportement
Evaluation comportementale
Evaluation
cognitive
Patient
Aidant
Troubles aigus
ou subaigus
Evaluation
somatique
Bilan
Somatique
Iatrogénie
Liés à la
maladie
Traiter
la cause
Arrêt du
traitement
Traitement
spécifique
Evaluation fonctionnelle et sociale
Traitement pharmacologique
Prise en charge neuropsychosociale
2
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Conduite à tenir face à des troubles
du comportement
Troubles
chroniques
Quels traitements?
liés à la
maladie
Dépression
Réaction
psychologique
Traitement
spécifique
Traitement
spécifique
Education
de l’entourage
Traitements médicamenteux des
troubles du comportement dans la
maladie d’Alzheimer
Les psychotropes:
• Les antidépresseurs
• Les neuroleptiques et les antipsychotiques
atypiques
• Les benzodiazépines, les carbamates
Les psychotropes en gériatrie
Importance du volume de prescription
Evolution croissante de leur prescription
Spécificités de la prescription en gériatrie
Les IACE:
• Donépézil
• Rivastigmine
• Galantamine
Efficacité mal documentée en Gériatrie
La mémantine
En France :
1/3 femmes > 80 ans sous psychotropes
Enquête décennale de santé 1991/1992
Après 50 ans pour les femmes et 60 ans pour les
hommes 1/6 > a consommé un ou plusieurs
psychotropes:
Antidépresseurs, anxiolytiques, hypnotiques.
Les neuroleptiques ne viennent qu’après.
10 % hospitalisations des PA dues aux effets
secondaires des médicaments (20% si > 80 ans)
Généralités
Pas d’indication validée par les autorités
de santé
Propriété antipsychotiques et sédatives
Tolérance médiocre chez les sujets âgés
Sédation dose-dépendante
Effets anticholinergiques
D’après l’observatoire national des prescriptions et consommations des
médicaments juillet 1998.
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Bonnes pratiques pour la
prescription des psychotropes
Guidelines
www.sante.gouv.fr/htm/actu/alzheimerpresse/ehpad.pdf
Vellas et al; Revue de Gériatrie 2005;30:627-640
« Evidence based » médecine
Critères de BEERS
Critères concernant les médicaments
appropriés/inappropriés en Gériatrie, dont
les psychotropes, avec analyse qualitative
Beers MH, et al.. Arch Intern Med. 1991;151:1825-1832
Beers MH. Arch Intern Med. 1997;157:1531-1536
Faculté de médecine McMaster (Canada)1980
Consensus sur la démence de type Alzheimer au stade
sévère; Rev geriatrie 2005:30:627-640
Avant de prescrire évaluer les troubles :
Bien établir le diagnostique ETIOLOGIQUE
Se méfier d’une vision limitée aux problèmes
somatiques
Intrication des étiologies organiques et des
problèmes psychologiques/et ou
environnementaux
Influence importante de l’entourage du
patient dans les décisions des
prescripteurs :
Eviter de prescrire :
« à la demande de l’institution »
« pour soulager la famille »
« parce que l’entourage est défaillant»
« par manque de personnel »
Mode de prescription
Temps limité
Dose la plus faible pour une efficacité la
plus importante
Iatrogénie
Réévaluer l’efficacité du traitement, ses
effets secondaires rapidement et son
intérêt.
Les neuroleptiques et les
antipsychotiques chez les
sujets âgés
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Généralités
La consommation de psychotropes croit avec l’âge.
Après 50 ans pour les femmes et 60 ans pour les
hommes plus d’une personne sur six a consommé
un ou plusieurs psychotropes.
Il s’agit majoritairement d’antidépresseurs et
d’anxiolytiques et hypnotiques.
Les neuroleptiques sont utilisés de façon chronique
chez
6% des personnes du plus de 75 ans
18% des patients atteints de maladie d’Alzheimer
15-30% des sujets vivant en institution gériatrique
(EHPAD, SLD)
Indications des neuroleptiques
Indications AMM :
Etats psychotiques aigus
Etats psychotiques chroniques
(schizophrénie, délires chroniques).
(Vomissements des chimiothérapies pour
certains)
Les neuroleptiques et les
antipsychotiques
Neuroleptiques classiques
Solian, Dogmatil, Tiapridal, Dipipéron,
Droleptan, Haldol, Semap, Largactil, Moditen,
Neuleptil, Npzinan, Piportil, Tercian, Clopixol,
Fluanxol, Orap … (non exhaustif)
Antipsychotiques
Leponex, Zyprexa, Risperdal
Indications des antipsychotiques
Indications AMM :
Risperdal, Zyprexa : schizophrénie, épisodes
maniaques et troubles bipolaires
Leponex : schizophrénie*, troubles psychotiques
survenant au cours de la maladie de Parkinson
*résistante au traitement ou avec effets indésirables avec les autres tt.
Neuroleptiques - Antipsychotiques
Peu d’indications vraies en gériatrie
Sur le terrain : la plupart des prescriptions
sont motivées
par des troubles du comportement chez des
patients déments*
Souvent avec forte demande de l’entourage
(familles, personnel soignant)
Effets indésirables des NLP
Bouche sèche
Sédation, troubles de l’équilibre
Hypotension orthostatique
Chutes
Syndrome parkinsonien, dyskinésies
Allongement de QT, mort subite
Aggravation glaucome, rétention d’urine
Confusion mentale
Syndrome malin, fièvre
Prise de poids
Conséquences de la sédation/immobilisation
5
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Effets indésirables des antipsychotiques
Etudes
Syndrome parkinsonien (fréquence < celle des
NLP)
Sédation, troubles de l’équilibre
Effets anticholinergiques moins marqués
qu’avec les NLP
Allongement de QT, sd malin
Peu d’études chez les plus de 80 ans
Difficultés reproduction dans les études
des conditions réelles polypathologies, et
polymédication
Biais méthodologiques
Échelles d’évaluation et diagnostiques
discutables et extrapolation au sujet jeune
Risperdal et Zyprexa : augmentation de la
fréquence des AVC
Leponex = risque de leucopénie, agranulocytose
Etude sur la prescription de neuroleptiques
chez PA admises récemment en maison de
retraite
Etude sur toutes MDR dans l’Ontario au Canada
19780 adultes de plus de 66ans, mars 19982000.
17% PA sous NLP
24% depuis 1 an en institution
10% doses dépassant recommandations
Seulement 14% des patients traités vus par
gériatre ou psychiatre
Susan E Bronskill, JAGS 2004; 52:749-55.
Haloperidol pour l’agitation dans
les démences (2)
Conclusions:
Halopéridol réduit agressivité mais effets
secondaires associés+++++ ;
Balance bénéfice/risque défavorable : ne pas
prescrire introduire en routine pour traitement
agitation dans démence
Fremont P., Presse Med 1999;28:1794-9.
Haloperidol pour l’agitation dans
les démences : une méta-analyse
Lonergan E et al., Cochrane library 2002.
Etudes randomisées vs placebo, sujets déments avec
agitation.
Résultats:
Pas de différence comparativement au placebo
Diminution modérée de l’agressivité, pas de modification du reste
de l’agitation vs placebo
Augmentation des interruptions du tt dues aux effets indésirables
Données insuffisantes pour examiner la réponse au traitement en
relation avec durée du traitement, degré de démence, sexe, et âge
des patients
Halopéridol versus neuroleptiques
atypiques
2 méta-analyses de la Cochrane library:
Faible efficacité sur agressivité, aucune sur
agitation
Effets secondaires des neuroleptiques
classiques >> ceux des antipsychotiques
Lonergan, Ballard
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Pharmacovigilance : risque de mortalité et d’accidents vasculaires
cérébraux chez les patients âgés atteints de démence traités par
olanzapine (Zyprexa®, Zyprexa Velotab®)
Evaluation du risque de décès
chez les utilisateurs de NLP et d’antipsychotiques
Lettre aux prescripteurs (mars 2004)
L’utilisation d’olanzapine n’est pas indiquée et est déconseillée chez les
patients âgés atteints de démence souffrant de troubles psychotiques et/ou
de troubles du comportement.
Risque de décès est augmenté chez les
utilisateurs de NLP et d’antipsychotiques
par rapport aux non utilisateurs
L’augmentation du risque est comparable
avec les NLP et les antipsychotiques
Chez les patients âgés atteints de démence souffrant de troubles
psychotiques et/ou de troubles du comportement, actuellement traités par
olanzapine, il est impératif de réévaluer la balance bénéfice-risque du
traitement en concertation avec le patient et/ou son entourage de soin.
Chez ces patients âgés atteints de démence traités par olanzapine, ont été
constatés :
- 2 fois plus de décès comparativement au groupe placebo (3.5% vs 1.5%)
- 3 fois plus d’effets indésirables cérébrovasculaires comparativement au
groupe placebo (1.3% vs 0.4 %)
Wang PS, et al. Risk of death in elderly users of conventional vs. atypical
antipsychotic medications. N Engl J Med. 2005;353:2335-41.
Utilisation des NLP dans la maladie d’Alzheimer:
recommandations de l’ HAS (juin 2008)
Les IACE
Donepezil
Donepezil
Etude randomisée, double-aveugle 290 patients, 24 semaines
agressivité
Méta-analyse, 16 études, 4365
participants
10mg/j
Forte diminution des troubles du
comportement après 24 semaines
P<0,05 *
irritablité
24 semaines
J0
apathie
*
anxiété
*
Dépression
*
BirksJS, Harvey R Cochrane data base 2000,
2003, 2006
-20
0
20
40
60
80
Gauthier S et al, Int Psychogeriatr. 2002
7
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Rivastigmine
Galantamine
173 patients, 26 semaines, étude ouverte
*
*
*
P<0,001 *
*
*
0
10
20
30
40
50
60
70
nombre de patients
Changement de score NPI
on
ati
ent
il
alim
mes
m
o
s rant
ber
a
m
ité
cho
bil
psy
ita
es
irr
thie
ubl
tro
apa n
io
tat
agi ons
ati
ucin
l
l
ire
ha
dél
Etude randomisée, contrôlée, 978 patients
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
P<0,04
NPI total
détresse de l'aidant
placebo
Galant 8 Galant 16 Galant 24
Cummings et al Am J Geriatr Pharmacology 2005
Cummings, Schneider, Tariot et Am J Psychiatry 2004
Reduction du fardeau de la prise en
charge par la mémantine
Ressource Utilisation in Dementia (RUD)
Réduction du temps du caregiver de10
heures par semaine P = 0.02
( analyse multivariée(ANCOVA))
Réduction des institutionalisations P <
0.05
(log. Rank Chi Square Test)
Réduction du poids pour la société
Prise en charge non
médicamenteuse
Atteindre des objectifs thérapeutiques
Fournir au patient et à son entourage des
moyens pour aider à gérer les
conséquences de la démence sur la vie
quotidienne
Bases logiques, besoins identifiés
Évaluation: efficacité?
Analyse littérature complexe.
Etudes réalisées
Petite taille
Interventions diverses
Défauts méthodologiques:
Absence de randomisation
Absence de groupe contrôle
8
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Rapport d’évaluation HAS
2003
Conclusions rapport HAS 2003
Rapport évaluation technologique sur analyse de la
littérature
6 catégories d’intervention:
Stimulation cognitive et psychocognitive
Stimulation du comportement
Stimulation sensorielle
Stimulation de l’activité motrice
Aménagement de l’environnement
Surveillance médicale
« Aucune conclusion valide ne peut
donc être tirée sur ces études en
nombre insuffisant et de qualité
méthodologique très médiocre. Toutes
ces techniques restent insuffisamment
évaluées, de nombreuses questions
restent posées »
ANAES. Prise en charge non médicamenteuse de la maladie
d’Alzheimer et des troubles apparentés. Rapport, avril 2003.
http://www.hassante.fr:portail/upload/docs/application/pdf:Alzheimer_techno.p
df.
Autre constat HAS 2003…
« certaines revues (de la littérature) semblent
plutôt favorables, à l ’ensemble des approches
évaluées, en particulier sur l’amélioration des
interactions sociales, de la communication, et la
réduction des troubles du comportement. Ces
bénéfices restent néanmoins très modestes et
aucune amélioration sur le déclin cognitif n’a été
observée. »
Prises en charges non
médicamenteuses
Axe prioritaire devant la iatrogénie
des médicaments et leur peu
d’efficacité
Développement encore
insuffisant
Peu de recherche
Plans de santé publique
Espoirs pour l’avenir
Prise en charge non
médicamenteuses ayant fait leurs
preuves
Case management
Programmes d’ergothérapie à domicile
Effets de la lumière vive
Prise en charge de répit
Programmes éducatifs et psycho éducatifs
envers les aidants familiaux
Interventions combinées envers les patients et
les aidants
Santé globale des patients
Prévention
Ton apaisant, phrases simples, contact
physique..
Respect de la personnalité, de l’identité, de
l’autonomie
Prévenir et traiter les déficits sensoriels
Prévenir et traiter les affections somatiques
intercurrentes
Eviter toute rupture brutale dans le rythme de vie
habituel
Formation des soignants et des aidants
Education des aidants
9
04/02/2014
Conclusion
Respect de la personne
10
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