L’efficacité des neuroleptiques atypiques chez les patients Alzheimer est contrebalancée par leurs effets secondaires. L’existence de troubles du comportement comme les délires, les hallucinations, l’agitation et l’agressivité est très fréquente dans les démences de type Alzheimer et apparentées. Ces manifestations toucheraient plus de la moitié des patients. Les neuroleptiques atypiques actuellement prescrits en première intention sont considérés comme aussi efficaces que les antipsychotiques conventionnels tel que l’halopéridol (Haldol®). Bien que très peu d’études de qualité soient disponibles concernant l’efficacité de ces molécules, elles ont cependant fait émerger une augmentation du risque d’accidents cérébrovasculaires et de décès. Certains praticiens utilisent aussi les antidépresseurs comme le citalopram pour réguler l’agitation et l’agressivité des patients malgré le manque d’études adéquates. Les auteurs de cette étude multicentrique nord-américaine, randomisée en double aveugle contre placebo, ont voulu comparer l’efficacité et la tolérance de 3 nouveaux neuroleptiques, l’olanzépine (Zyprexa®), la quétiapine (Séroquel®, non commercialisé en France) et la risperidone (Risperdal®). Les patients avaient une maladie d’Alzheimer avec troubles du comportement retentissant sur la vie quotidienne. Ils étaient soit au domicile soit dans un foyer logement et bénéficiaient de l’aide d’un proche. Les doses étaient ajustées en fonction de la clinique et le suivi était prévu sur 36 semaines. Au total, 421 patients d’âge moyen 80 ans ont été inclus. Le MMS moyen était de 15 ± 5,8. L’aidant était l’épouse dans 50% des cas avec un âge moyen de 73,5 ans. Dans 33% des cas il s’agissait d’un enfant, d’un gendre ou d’une belle-fille, d’âge moyen 51 ans. L’aide apportée chaque jour était de 5,2 ± 4 heures. La moitié des patients prenaient un antihypertenseur, 1/3 un hypolipémiant et 1/3 de la vitamine E. Au cours de cet essai, 63% des patients ont stoppé leur traitement à la 12ème semaine. Il n’y avait pas de différence significative entre les molécules quant à la durée de traitement et l’impression d’amélioration globale clinique. L’arrêt prématuré pour manque d’efficacité était plus fréquent pour le placebo et la quétiapine. Les traitements ont été arrêtés à moins de 8 semaines chez la moitié des patients, respectant ainsi les bonnes pratiques de prescriptions des neuroleptiques. Il n’y avait pas de différence significative entre les 3 neuroleptiques quant à la survenue d’évènements indésirables graves tels que décès ou accidents cérébrovasculaires. Les signes extra-pyramidaux et les syndromes parkinsoniens étaient plus fréquents avec l’olanzépine et la rispéridone (12%) qu’avec le placebo (1%) et la quétiapine (2%) et étaient les principales causes d’arrêt du médicament. La confusion était plus présente sous olanzépine (18%) et rispéridone (11%) que sous placebo (5%). La sédation était plus fréquente pour les 3 antipsychotiques (15 à 25%) que pour le placebo (5%). On observait plus de troubles cognitifs (5%) et de symptômes psychotiques (7%) avec l’olanzépine qu’avec les autres neuroleptiques et le placebo (0 à 2%). Enfin, les patients sous neuroleptiques atypiques prenaient du poids par rapport à ceux sous placebo. Même si les neuroleptiques atypiques restent utilisés de façon préférentielle, leurs effets secondaires contrebalancent leur efficacité dans les troubles du comportement des sujets souffrant de maladie d’Alzheimer. Leur utilisation se limiterait donc aux troubles du comportement sévères avec une bonne évaluation du bénéfice-risque pour le patient. Traitement Durée du traitement avant arrêt pour absence d’efficacité 22,1 semaines % d’effets indésirables Olanzépine Durée médiane du traitement avant arrêt pour diverses causes 8,1 semaines Quétiapine 5,3 semaines 26,7 semaines 16 % Rispéridone 7,4 semaines 9,1 semaines 18 % 8 semaines 9 semaines 5% Placebo 24 % Nathalie Faucher, Hôpital Bichat Claude Bernard, Paris. Schneider LS, Tariot PN, Dagerman KS, Davis SM, Hsiao JK, Ismail MS, Lebowitz BD, Lyketsos CG, Ryan JM, Stroup TS, Sultzer DL, Weintraub D, Lieberman JA for the CATIE-AD Study Group. Effectiveness of atypical antipsychotic drugs in patients with Alzheimer’s disease. N Engl J Med. 2006,355;1525-1538. ©2007 Successful Aging SA Af 481-2007