Les causes somatiques des troubles du comportement dans la démence. Dr Marie-Claire Van Nes, gériatre, CHR de la Citadelle La démence s’accompagne souvent de troubles du comportement. Ils ne sont pas tous liés à la dégénérescence cérébrale en tant que telle. En effet, ils peuvent être une manifestation atypique d’une maladie ou d’un effet secondaire médicamenteux. Les personnes démentes souffrent souvent de plusieurs affections nécessitant divers traitements. Elles ne sont pas nécessairement en mesure de communiquer leurs symptômes en cas de maladies aiguës. Le diagnostic de celles-ci peut donc être posé avec retard. Les médicaments représentent une cause importante de troubles du comportement particulièrement lorsqu’ils ont un effet anti-cholinergique. Des molécules appartenant à des classes thérapeutiques différentes peuvent avoir cet effet. Il faudra donc toujours revoir rigoureusement l’ensemble du traitement y compris les produits pouvant être obtenus sans ordonnance. La douleur provoque très souvent des modifications du comportement parce que les patients ne sont pas en mesure de l’exprimer ou parce qu’ils ne sont pas entendus. Bien des urgences médicales peuvent induire une douleur manifestée par la seule agitation comme par exemple l’infarctus du myocarde ou la perforation digestive. Parfois, le changement comportemental est le seul reflet d’une fracture. Enfin, beaucoup trop de personnes souffrent d’une absence de soins dentaires adéquats avec son cortège d’abcès, de gingivites, de plaque dentaire et de dents cassées. Cette situation aggrave en outre la malnutrition si fréquente en cas de démence. Il peut y avoir un intérêt à instaurer un traitement d’épreuve par antalgiques pour identifier la douleur comme facteur responsable et en chercher la cause. Les grands syndromes gériatriques (confusion, immobilité, chutes, incontinence) peuvent induire des troubles du comportement. Le fécalome, lié à la constipation, est grand pourvoyeur d’altération comportementale, de même que l’immobilité liée à l’utilisation de moyens de contention. Parfois les syndromes gériatriques sont la conséquence du trouble du comportement, par exemple, en cas d’usage immodéré de sédatifs et de neuroleptiques. Parfois, c’est une maladie inflammatoire comme la pseudo-polyarthrite ou un diabète décompensé qui est à l’origine de la surexcitation. Il est important de poser le bon diagnostic car le traitement de l’affection sous-jacente pourra stabiliser le comportement. Enfin, on n’oubliera pas que les patients souffrant de démence sont à risques de maltraitance et que l’apparition d’un affolement peut en être la seule expression. En conclusion, il faut éviter d’attribuer les troubles du comportement survenant chez le dément au seul processus dégénératif cérébral. Lorsqu’ils surviennent, on s’interrogera sur l’origine organique possible. Pareille attitude évite de méconnaitre une urgence médicale. Le traitement d’une affection médicale sous-jacente aura un impact favorable sur le comportement évitant ainsi la prescription de neuroleptiques avec leur cortège d’effets secondaires.