Le reflux gastrooesophagien et l’ulcère gastro-duodénal 30 janvier 2009 Docteur G. BREYSACHER Service de Médecine A Hôpitaux Civils de Colmar Le RGO Le RGO Touche 15 à 25% de la population adulte Affection fréquente chez le nourrisson, le plus souvent bénigne, fonctionnelle et transitoire, guérissant spontanément avec la maturation et la croissance. Le RGO Définition: Le RGO se définit comme le passage intermittent ou permanent du contenu (acide ou alcalin) de l'estomac vers l'oesophage. Il s'agit d'un phénomène physiologique bref, essentiellement postprandial, qui devient pathologique lorsque la fréquence des reflux augmente et que leur durée se prolonge induisant alors des symptômes et/ou des lésions endoscopiques. Le RGO Symptomatologie typique: Pyrosis (68% des cas): Brûlures rétro-sternales ascendantes jusqu’à la gorge, suivi ou non d’une régurgitation acide et chaude. Son déclenchement postural est caractéristique (décubitus, antéflexion), et il est habituellement postprandial; il peut survenir au cours de l'effort physique ou la nuit. Les substances incriminées pour le déclenchement: café, jus de fruit, alcool, chocolat et graisses. Le tabac et l'alcool amplifient l'intensité du pyrosis. Le RGO Symptomatologie typique: Régurgitations (60% des cas): Constituées de liquide acide ou amer, elles sont plus rarement alimentaires. Elles se distinguent des vomissements car elles ne sont précédées ni de nausée, ni d'effort de vomissement. Le RGO Symptomatologie atypique: Manifestations ORL: paresthésies pharyngées, pharyngites, rhinopharyngites, laryngites, sténoses sousglottiques Manifestations pulmonaires: toux nocturne, asthme, bronchopneumopathies récidivantes Manifestations cardiaques (précordialgies, angor intriqué) Mécanismes du RGO (1) 1. 2. 3. 4. Incompétence du SIO Altération de la clairance oesophagienne Hypersécrétion acide Retard de la vidange gastrique Mécanismes du RGO (2) Défaillance du dispositif antireflux: Défaillance anatomique = hernie hiatale Mécanismes du RGO (3) Défaillance fonctionnelle = relaxations transitoires du SIO (mécanisme ?), hypotonie du SIO, augmentation de la pression abdominale Défaillance de la clairance acide oesophagienne ( contractions réflexes déclenchées par acidité au niveau de l’oeso. et déglutition salive) Le RGO (3) Bilan: Endoscopie digestive à la recherche de: hernie hiatale, endo-brachyoesophage, oesophagite… A faire systématiquement après 50 ans, si patient tabagique. pH métrie: Élèctrode placée à 5 cm au-dessus du cardia Paramètres étudiés: % de temps passé à pH < 4, nombre de reflux, nombre de reflux d’une durée > à 5 mn, concordence entre épisodes de reflux et symptomatologie du patient TOGD: pour apprécier la hernie ( RGO) (à venir: impédencemétrie) PHmétrie: tracé RGO acide RGO alcalin Le RGO (4) Complications: Oesophagite peptique, sténose peptique, hémorragie digestive, endo-brachyoesophage Traitement: Règles hygièno-diététiques: graisses, café, boissons gazeuses, amaigrissement, alcool, tabac Médical: gels, motilium (vidange gastrique), prokinétiques (prépulsid), IPP (pleine dose, puis ½ dose, à la demande) Chirurgical: Intervention de Nissen En cas de résistance ou de lassitude au ttt medical endoscopie oesophagite EBO Ulcères gastro-duodénaux Ulcère gastrique Ulcère duodénal Epidémiologie Nombre de nouveaux cas annuels: 1 à 3 français sur 1000 Age moyen de survenu: entre 55 et 65 ans Ulcère duodénal plus fréquent qu’ulcère gastrique Physiopathologie Physiopathologie: « pas d'acide, pas d'ulcère » Déséquilibre entre les facteurs d’agression (hypersécrétion acide, Hp) et les mécanismes de défense de la muqueuse (altérations du mucus, dégradation du revêtement cellulaire, diminution du flux sanguin et de l’oxygénation) Rappels Acidité: cellules pariétales fundiques stimulées par la gastrine (cellules G antrales) Milieu extra-cellulaire K+ Pompe Na/K ATPase Gastrine C pariétale fundique H+ Cl- Liquide gastrique acide HCl Facteurs étio-pathogéniques Tabac : R x 2; alcool: non Médicaments : aspirine, AINS dont cox2, corticoïdes à fortes doses Hérédité : R x 3 chez un parent du premier degrés Synd. de Zollinger-Ellison: sécrétion de gastrine par tumeur bénigne ou maligne située dans muqueuse duodénale ou pancréas (multiples ulcères, diarrhée…) Helicobacter pylori Hélicobacter pylori Retrouvé chez 70% des patients avec UG Retrouvé chez 90% des patients avec UD Bactérie à Gram négatif Transmission oro-orale ou oro-fécale Mobile (flagelles) Survie dans le mucus Diagnostic: biopsie, sérologie, test à l’uréase rapide, test respiratoire, antigénémie urinaire Clinique Formes symptomatiques: 40% des cas Douleur épigastrique: L'acidité et les perturbations de la motricité gastrique en sont à l’origine A type de crampe, rythmée 1 à 4 heures après les repas, calmée par la prise alimentaire, augmentée par le jeun Autres symptômes: lenteur de digestion, nausées, vomissements, éructations, ballonnement, anorexie Formes asymptomatiques: découverte fortuite ou révélée par une complication Diagnostic Repose sur l’endoscopie gastroduodénale cratère rond ou ovalaire, de quelques mm à plusieurs cm Complications Hémorragie digestive: complique ¼ des ulcères; méléna et/ou hématémèse; mortalité: 5% Perforation ulcéreuse (1 à 3 %): tableau de péritonite avec douleur épigastrique brutale Sténose: survient après plusieurs poussées Absence de cicatrisation: Résistance au traitement (éradication Hp) Cancer gastrique méconnu Traitement (1) Médical : Arrêt du facteur favorisant (aspirine, …) Eradication Hp = évite la récidive (ATB= amoxicilline+clarythromycine); à vérifier! Cicatrisation : IPP double dose Hp +: U. duodénal: IPP et 2 ATB pdt 1 semaine U. gastrique: IPP et 2 ATB pdt 1 semaine puis IPP pdt 4 à 6 semaines puis contrôle endoscopique Hp -: U. duodénal: IPP pdt 4 à 6 semaines U. gastrique: IPP pdt 4 à 6 semaines puis contrôle endoscopique Traitement (2) Chirurgie : Ulcères résistants au traitement médical bien conduit ou ulcères compliqués Modalités: U. gastrique: gastrectomie des 2/3 + vagotomie avec anastomose gastrojéjunale ou duodénale U. duodénal: suture, antrectomie avec vagotomie Traitements des complications Perforations : Méthode de Taylor (aspiration gastrique continue, antisécrétoires, antibiotiques) est applicable si la perforation est vue tôt et bien tolérée. Sinon, la chirurgie est nécessaire: suture de l'ulcère ou exérèse et lavage péritonéal. Traitements des complications Hémorragies : Rétablissement de l'hémodynamique (macromolécules, sang) si nécessaire Endoscopie: traitement local en cas de présence de stigmates de risque de récidive (injection d'adrénaline diluée, thermocoagulation, pose de clips), qui réduit le risque de récidive. Traitement antisécrétoire (IPP) Indication chirurgicale dépend du terrain, des caractéristiques de l'ulcère et de l'efficacité du traitement endoscopique. Traitements des complications Sténoses pyloroduodénales : Aspiration, Rééquilibration hydroélectrolytique, Antisécrétoires. Si sténose serrée et ne s'amende pas avec le traitement antiulcéreux: dilatation endoscopique (peu de complications mais taux de récidive élevé) ou chirurgie.