Cas N° 1

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Paris La Villette - Cité des Sciences et de l’Industrie
Lundi 29 et mardi 30 novembre 2010
Atelier n°
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Evénements indésirables : quatre défis culture,
ressources, méthodes, responsabilités
Leçon d’un dilemme à partir de deux cas
exemplaires d’EIG
Bien analyser les causes profondes, bien déployer les conclusions
Docteur Jean-Michel GUERIN - Hôpital Lariboisière - Paris
[email protected] - 01 49 95 85 69
JM GUERIN JIQHS 29 Nov 2010
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Problématique: le dilemme
 Nous sommes sollicités pour signaler les évènements
indésirables (EI) et à faire des analyses des causes (avec ou sans
RMM) dans tous les secteurs d’activité
 Cette approche peut être une première étape dans la démarche
d’identification à priori, et permet une cartographie des EI. Elle
permet aussi de mobiliser les différents services.
 Faire une étude des causes profondes latentes demande du
travail d’organisation, de recherche, de réunions donc du temps
disponible, alors que les effectifs présents se réduisent.
 Faut il privilégier le nombre d’enquêtes souvent superficielles,
ou au contraire faire un petit nombre d’études en profondeur, avec
une diffusion large des recommandations dans l’établissement ?
 Une troisième voie est elle possible ?
JM GUERIN JIQHS 29 Nov 2010
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Cas N° 1: transferts en interne de patients graves
Problème récurrent lors du transport interne de patients en état critique entre
différents services (réanimation, imagerie, salles d’intervention) qui existe dans
toutes les structures ayant des patients en état critique.
Les données de la littérature montrent que ce problème est fréquent, universel.
Réunions dans chaque service où un évènement est survenu (type RMM) avec
conclusions qui serviront de base de discussion à un groupe de l’hôpital.
Réunions de groupes de travail pluri-professionnels définissant le type
d’accompagnement (nombre et qualité) en fonction de:
La gravité du patient (échelle spécifique du transport)
Le matériel utilisé pour le transport
Les locaux
Le circuit du patient
Le circuit des demandes a été revu
Une check- liste de départ a été établie
Validation finale en séance plénière
JM GUERIN JIQHS 29 Nov 2010
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Cas N° 1: transferts en interne de patients graves
Type de facteurs
Facteurs contributifs
Institutionnel
ventilateur de transport « lourd » disponible
Tuyaux de raccord court ne permettant pas le raccord O2, Air ou vide mural en
cas d’attente
Organisationnel
Pas de procédure de vérification avant départ (batteries, fils, tuyaux,
perfusions,…)
Pas de procédure pour problème de transport prévisible
Programmation des patients graves
Organisation segmentée du transport de patient grave
Définir le rôle de chaque intervenant
Environnement
du travail
Déterminer le type de matériel à prendre, et les relais éventuels à prévoir
Facteurs
d’équipe
Pas de supervision ni médicale ni soignante du transport
Communication entre la réanimation et les services exécuteurs
Composition de l’équipe d’accompagnement
Réglage des alarmes
Individuels
Connaissance de la pathologie et du matériel utilisé
Accélération de la perfusion par la radio pour « laver la veine »
Liés aux taches
à effectuer
Opposition entre démarche scientifique et de soins. Redéfinir les besoins
Multiples intervenants avec taches non clairement identifiées
Liés aux patients
Gravité du patient
Urgence des demandes
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Facteurs contributifs
corrections
ventilateur de transport « lourd » disponible
Achat de ventilateur lourd
Tuyaux de raccord court ne permettant pas le raccord O2, Achat de tuyaux longs réservés aux transports
Air ou vide mural en cas d’attente
Pas de procédure de vérification avant départ (batteries,
fils, tuyaux, perfusions,…)
Pas de procédure pour problème de transport prévisible
Programmation des patients graves
Organisation segmentée du transport de patient grave
Définir le rôle de chaque intervenant
Check liste de départ
Procédure transport
Définition de nouveaux circuits de demande
urgente
Définition du rôle de chacun
Déterminer le type de matériel à prendre, et les relais
éventuels à prévoir
Check liste de départ
Pas de supervision ni médicale ni soignante du transport
Communication entre la réanimation et les services
exécuteurs
Composition de l’équipe d’accompagnement
Réglage des alarmes
Détermination de la composition de l’équipe
selon la gravité du patient
Check liste de départ avec vérification des
alarmes
Connaissance de la pathologie et du matériel utilisé
Formation des accompagnants juniors dès leur
arrivée à la surveillance ces patients
transportés et au matériel utilisé
Opposition entre démarche scientifique et de soins.
Redéfinir les besoins
Multiples intervenants avec taches non clairement
identifiées
Redéfinition des examens indispensables aux
soins des patients critiques
Définition du rôle de chacun
Gravité du patient
Urgence des demandes
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Cas N° 2: Infections sur implantation de matériel en cardiologie
Mai 2008: le service signale 6 cas d’infections sur implantation de prothèse cardiaque.
Les implantations ont eu lieu entre 1 et 3 mois auparavant. Analyse commune (unité
d’hygiène-cardiologues) des 6 cas avec la grille People (Grandbastien 2003)
Les opérateurs sont différents, les types et marques de matériel différents et les germes
sont différents d’un cas à l’autre. Fréquence « attendue » dans la littérature de 1% pour
les PM et 5% pour les défibrillateurs. Fréquence observée x 5
Conclusion. Ces cas ne sont pas épidémiques mais groupés et liés à des dérives de
pratique. Arrêt immédiat de toute implantation jusqu’aux résultats de l’enquête
Direction prévenue, réunion de cellule de crise, de groupes de travail, déclaration
commune IN à la DDASS et au C-CLIN Nord
6 groupes de travail pluri-professionnels en 15 jours réunissant plus de 50 participants.
La prise en compte de la gravité de la situation et la mobilisation de tout le personnel ont
été facilitées par l’arrêt de l’activité d’implantation
Synthèse des groupes à J+15, propositions d’amélioration validées en réunion plénière,
remises en forme et décision de reprise de l’activité. Large diffusion des
recommandations
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Cas N° 2: Infections sur implantation de matériel en cardiologie
Type de
facteurs
Institutionnel
Organisationnel
Environnement
du travail
Facteurs contributifs
Mesures correctrices
Opposition entre approche scientifique et
sécurité (électrodes)
Présence de perfusions en attente avec
obturateur (protocoles)
Culture différente entre cardiologues et
bloc
Ne mettre que 3 électrodes
dans le dos
Ne plus utiliser ni commander
d’obturateurs
Organisation segmentée de l’activité
d’implantation
Pas d’intégration réelle dans l’activité des
blocs
Définir les programmes d’occupation des
blocs et possibilité d’implanter en urgence
Définir le rôle de chaque intervenant
Fiche de liaison et essai de
mixité des équipes
Participation des cardiologues
au conseil de bloc
Informatisation des
programmes des blocs, avec
accès des informations aux
cardiologues.
Personnel de cardiologie insuffisamment
formé à la discipline des blocs
Pas de désinfection systématique des
équipements entrant dans les blocs
Reformer le personnel
Revoir les procédures pour que
moins de matériel n’entre et
qu’il soit désinfecté
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Cas N° 2: Infections sur implantation de matériel en cardiologie
Pas de supervision réelle au bloc
Communication insuffisante entre salle et bloc et
entre IBODE et équipe de cardiologie
Grand nombre de personnes dans les blocs
Perfusions posées depuis plus de 24 h
Tracabilité insuffisante
Pas de supervision de l’ensemble de l’activité
Connaissance des
procédures des blocs à
acquérir
Rencontres cardiologues et
IBODE invitation réciproque
à assister aux activités
Perfuser avant l’implantation
Surveiller infections KTP
Fiche de transmission /
tracabilité
Expliquer aux intervenants extérieurs la
discipline des blocs
Individuels Interdire les va et vient du personnel pendant les
implantations
Tenue correcte de bloc exigée
Rencontres avec les
électroniciens
Application du règlement du
conseil de blocs
Facteurs
d’équipe
Liés aux
taches
Liés au
patient
Définir qui doit faire le bionettoyage d’entrée, des
scopes et de l’ampli de brillance
Définir qui gère l’antibioprophylaxie
A faire par les utilisateurs
Expliquer l’intérêt des douches
Affichage dans les douches
Vérification de la douche
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Les cardiologues
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CONCLUSION (1)
 Les causes profondes sont superposables dans ces 2
types d’EIG très dissemblables. Elles traduisent le
fonctionnement et les défauts du groupe hospitalier et sont
une « caractéristique » de l’établissement.
 Avoir identifié plusieurs fois ces dysfonctions est suffisant
pour nous montrer que nous avons une vulnérabilité sur ces
points.
 Mieux vaut mettre nos efforts sur les plans d’actions pour
corriger ces dysfonctions, la diffusion des recommandations
plutôt que de multiplier les enquêtes qui montreraient
toujours les mêmes défauts.
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CONCLUSION (2)
 Cette étape étant effectuée et les principales dysfonctions
corrigées, il faut alors continuer l’analyse en profondeur
sur d’autres cas pour trouver d’autres causes et vérifier que
les mesures précédentes n’aient pas induit des
inconvénients non anticipés.
 Si d’autres EIG en particulier localisés surviennent, une
analyse rapide doit être faite et si d’autres facteurs sont
trouvés, une analyse en profondeur doit être effectuée.
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JM GUERIN JIQHS 29 Nov 2010
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COMMENT S’ ORGANISER ?
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Type d’organisation
EI service
EI multi service
EI grave
service
GDR
Cellule de crise
RMM de service
RMM
institutionnelle
Analyse des causes
en 2 temps
Diffusion
Services
Services
concernés
variable
Suivi
Service
GDR
GDR
Qui pilote
Type d’analyse
À faire valoriser en terme de RMM et d’EPP par la
commission ad hoc
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Pour des évènements graves cliniques (1)
Première réunion:
•Réunion obligatoirement pluridisciplinaire soignante
•Établir la réalité et la chronologie des faits acceptée par tous
•Avec tous les acteurs présents
•Avec la hiérarchie du(es) service(s)
•Avec un ou des coordinateurs désignés par la cellule de crise
•Qui préparent (bibliographie) la réunion, pour montrer que ce qui est
arrivé s’est déjà produit ailleurs et que des solutions ont été trouvées
•Cette étape est très importante pour convaincre les médecins
•Sert entre professionnels à analyser les dysfonctions rencontrées
•Commence à essayer de trouver des solutions
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Pour des évènements graves cliniques (2)
Deuxième réunion
•Témoins des faits non obligatoires
•Hiérarchie(s) du(es) services présentes
•Discutent avec le CR anonymisé de la première réunion diffusé avant la
réunion
•Direction présente
•Avis extérieurs si nécessaire
•Etablissent les mesures à prendre et le calendrier
•Diffusent ces recommandations
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Organisation et gestion d’EIG multiples transports
EIG Sce 1
RMM1
conclusions
Groupe 1
EIG Sce 2
RMM2
conclusions
EPP
propositions
validation
diffusion
Groupe 2
EIG Sce 3
RMM3
conclusions
evaluation
Service
SERVICE
GROUPE TRANSVERSAL
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Autre dilemme cornélien
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Cas N°1
Femme d’une trentaine d’années toxicomane et VIH(+) depuis 2002, suivie de façon
inconstante dans le service de maladies infectieuses de l’hôpital A
Mars 2009, arrive en consultation VIH. Découverte d’une grossesse. Adressée à l’hôpital
B (pas de maternité en A).
Cion en B demande du nombre de T4 et charge virale pour voire la conduite à tenir pour
l’accouchement.
Cion en A, les T4 sont bas et la charge virale élevée. Modification du traitement
Cion en B, qui demande un suivi plus important en A
Cion en A qui envoie en Cion de psychiatrie en C
Retour en Cion A ou l’on dit que la mauvaise observance est due aux vomissements
gravidiques
Cion en B, ou l’on donne des antiémétiques.
Juillet 2010 début de toux et altération de l’état général.
Cion en A en maladies infectieuses ou l’on découvre qu’il n’y a pas de prophylaxie anti
Pneumocystis carinii. Prescription d’une prophylaxie, qui n’est pas suivie.
Retour en Cion de psychiatrie et en Cion de maternité en B. Finalement le traitement est
accepté.
Continue à tousser avec altération de l’état général. Nouvelles consultations
Accouche en Octobre 2009 avec sortie à J5. Il est noté une toux quinteuse
Retour en A devant une fièvre entre 38 et 38,5°C. Découverte d’une cicatrice
d’épisiotomie inflammatoire. Retour en maternité en B.
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Cas N° 1
Retrait de 2 points, avec évacuation d’une petite quantité de pus.
Novembre 2009: aggravation de l’état clinique. Hospitalisation en maladies infectieuses
et découverte d’une tuberculose bacillifère avec présence de cavernes sur le cliché
thoracique simple (qui n’avait jamais été fait)
Il existe pourtant des filières de prise en charge multiples.
En maladies infectieuses pour les patients VIH. Mais cette femme est inobservante et
vient aux RV quand elle veut
En maternité pour les patients VIH (mais elle est suivie pour sa séroposivité dans un
autre hôpital)
En psychiatrie pour les toxicomanes VIH (+)
Quand un patient ne rentre pas vraiment dans une filière de soins programmés, la
prise en charge peut être erratique.
Il y a 15 ans la prise en charge des patients était dépendante du médecin
et variable de l’un a l’autre avec une bonne adaptibilité aux situations.
Actuellement la prise en charge est beaucoup plus homogène, normée
avec une perte de l’adaptibilité (Si on ne rentre pas dans le moule, on
renvoie sur quelqu’un d’autre ….qui pense que vous avez déjà fait)
JM GUERIN JIQHS 29 Nov 2010
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