Article paru dans RISQUES & QUALITE N°1 2010
un fait objectif majeur qu’on ne peut ignorer. Il intéresse la population (un français sur deux
meurt en établissement de santé) et les professionnels. Mais les causes de décès évitables
ont des origines foisonnantes, complexes. De plus en plus de critères ne proviennent pas de
la qualité des soins en phase aigüe ou palliative mais du contexte. L’indicateur nous pousse
à un travail de fond pour effectuer des progrès systémiques essentiels. La réalité dans une
dizaine de pays le montre : les hôpitaux affichant des taux de mortalité inférieurs sont ceux
qui déclarent et traitent le plus d’« événements indésirables » : plus vigilants, ils obtiennent
des résultats considérables (cf
http://www.nhs.uk/NHSEngland/Hospitalmortalityrates/Pages/Data.aspx#q03). Mais du point
de vue de la conduite du changement et de l’évolution des mentalités, la réponse à la
question appelle la prudence car l’utilisation malencontreuse de l’indicateur nourrit la plus
mauvaise polémique. Dans ces dernières conditions seulement, le « taux de mortalité
hospitalière pourrait servir de marqueur de la qualité ». Ainsi la séance d’ouverture se
termine sur trois impérieuses recommandations afin de nous faire progresser sur la voie
d’une pédagogie collective :
Ne pas classer les hôpitaux (se méfier scientifiquement des indicateurs agrégés).
Faire du travail de connaissance sur le terrain (dépister les extrêmes avec les acteurs
de terrain, travailler à des indicateurs spécifiques avec les sociétés savantes,
améliorer la détection des événements indésirables influant sur la morbidité),
Faire de la pédagogie professionnelle collective: communiquer et ajuster
régulièrement, valoriser les progrès.
On signalera ici également quelques ateliers scientifiques préparés en partenariat avec la
SoFGRES, le CFAR et la SFPC, l’AP-HP, le Synadim :
Sur l’utilisation des check-lists, qu’elles émanent de l’OMS, comme au bloc
opératoire, ou du terrain, comme au CH de Briançon. « Une chose est claire, dit un
chef de service venu des DOM TOM, le contenu de la check-list compte autant que la
façon de la déployer et d’en tirer des enseignements pratiques. » En témoigne, la
préparation de la mise en œuvre de la check-list du bloc opératoire en Suisse
romande.
Sur l’amélioration de la « qualité/fiabilité » de l’ensemble de la PEC médicamenteuse,
avec les communications sur l’amélioration de l’étiquetage, sur la gestion des
antécédents pharmaceutiques, sur la REMED.
Sur les EIG. La justification scientifique des CREX, cellules de retour d’expérience,
dans le domaine des radiothérapies, avec la communication de l’ASN : il nous faut
urgemment progresser dans notre capacité à analyser les situations de travail pour
prévenir les sources d’erreur, fiabiliser les interactions et maîtriser les sources de
défaillance. C’est un progrès méthodologique avant tout et les CREX ont montré leur
efficacité.
Sur le dépistage de l’iatrogénie médicamenteuse, l’apport des DIM est à reconsidérer
à la hausse. « Des médicaments à surveiller sautent aux yeux. On ne peut plus
l’ignorer, dit une pharmacienne. Ça complète le travail sur le circuit du médicament.
Mais ce qu’ils font à Mondor, pourrais-je le faire chez moi ? »
Sur l’amélioration motivante de la qualité, dans un service (avec la communication de
Beaujon, montrant une EPP particulièrement motivante, facteur de cohésion
d’équipe), dans une spécialité (avec la communication du CFAR sur la structuration
du premier registre en anesthésie réanimation – RECO – qui vaut comme EPP
individuelle et collective), ou dans tout un établissement (avec le « projet collectif
personnel » élaboré par la coordonnatrice des soins du CH de Rambouillet) « Pour
moi c’est un investissement qu’on oublie trop : chacun devient ainsi porteur d’une
action personnellement motivante en terme de qualité », dit un directeur des soins à
la pause. Sa voisine, lui répond en riant : « Bonne idée, tu commences quand ? »).
Deux conclusions, l’une alarmiste : l’insuffisante implication des professionnels dans la mise
en œuvre des changements ; l’autre encourageante : la prise de conscience progresse que
la conduite du changement et la maîtrise des méthodes QGR déterminent le niveau
d’implication et de résultats durables. La récente science de la qualité et de la gestion des
risques est bien une science du facteur organisationnel et humain, et particulièrement en