Exemple des prédispositions héréditaires aux tumeurs

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Exemple des prédispositions
héréditaires aux tumeurs
digestives
• le syndrome de Lynch (HNPCC)
• la polypose adénomateuse familiale
•Autres : estomac, pancréas, …
Dr Sophie Lejeune-Dumoulin,
Service de Génétique Clinique « Guy Fontaine » CHRU LILLE
Quelques généralités
Environ 5% des
cancers sont
génétiquement
déterminés
Savoir repérer:
- Une histoire familiale de cancer
- Des associations tumorales particulières
- Une présentation clinique atypique (âge
de survenue, type histologique, …)
Le syndrome de Lynch
Quelles questions pour le clinicien ?



Comment définit-on le syndrome de
Lynch ?
Comment confirmer le diagnostic ?
Quelle prise en charge proposer une
fois le diagnostic établi ?
Définition clinique
o Description initiale par Henry Lynch en 1966
o Henry Lynch avait proposé 2 entités :
le syndrome de Lynch I (agrégation familiale
de cancers colorectaux) et le syndrome de
Lynch II (CCR et localisations extra-coliques)
o en 1984: proposition du terme HNPCC =
Hereditary Non Poplyposis Colorectal Cancer
(par opposition à la polypose adénomateuse
familiale)
Définition clinique
o fréquence : 1 / 500
o syndrome de prédisposition héréditaire
tumoral génétique, autosomique dominant
Les critères d’Amsterdam I (1993)
- 3 cancers colorectaux
- Liés au 1er degré
- L’un étant survenu avant l’âge de 50 ans
- Trop restrictifs
- Ne tiennent pas compte du spectre
tumoral
Quels sont les risques tumoraux?


Plusieurs études ont tenté de préciser les risques
tumoraux
Biais de recensement (familles avec nombreux individus
atteints)
Ref :
Watson, Lynch. Extracolonic cancer in hereditary nonpolyposis
colorectal cancer. Cancer, 1993,71:677-685
Vasen et al . Cancer risk in families of patients with hereditary non
polyposis colorectal cancer diagnosed by mutation analysis.
Gastroenterology, 1996; 110:1020-7
Aarnio et al. Cancer risk in mutation carriers of DNA-mismatchrepair genes. Int J Cancer 1999; 81: 214-218
Dunlop et al. Cancer risk associated with germline DNA mismatch
repair gene mutations. Hum Mol Genet 1997; 6 : 105-110
http://www.john-libbey-eurotext.fr/fr/revues/medecine/bdc/e-docs/00/04/05/25/article.md?type=text.html
Les risques tumoraux retenus par
l’expertise française 2004
Risque
cumulé
Colon
Homme
femme
Risque relatif
~ 70%
~ 40 %
Endomètre
40%
Voies
excrétrices
urinaires
10%
> 20
4%
> 20
Ovaire
10%
5-8
Estomac
15%
5-8
2%
5-8
Intestin grêle
Voies biliaires
Les critères d’Amsterdam II (1999)
- 3 apparentés atteints d’une tumeur du
spectre (Colon, endomètre, intestin grêle,
bassinet et uretère)
- Liés au 1er degré
- 2 générations
- L’un des cancers avant l’âge de 50 ans
- tiennent compte du spectre tumoral
- Mais encore trop restrictifs
Faux négatifs des critères
d’Amsterdam





Non paternité
Adoption
Défaut de pénétrance
Déni d’une histoire familiale de
cancer
Petite famille
EN PRATIQUE : Les critères actuels
Critères d’Amsterdam II élargis
• 2 cancers (colon-rectum et/ou endomètre
et/ou spectre)
liés au 1er degré ou chez la même personne
L’un étant survenu avant l’âge de 50 ans
• 1 seul cancer de survenue « trop »
précoce : cancer colorectal ou endométrial ou
du spectre avant 40 ans
Indication d’une consultation d’oncogénétique
exemples
Colon 57
Endomètre 45
Colon 53
Cancer colique 32 ans
Endomètre 55
exemples
?
Décédé AVP 42
ans
Cancer colique 32 ans
La définition génétique du syndrome de
Lynch
Un cancer lié à la perte de fonction
constitutionnelle d’un gène
du système MMR (Mismatch Repair
Genes)
Physiopathologie


3 gènes responsables : MLH1, MSH2, MSH6
Protéine : rôle dans la réparation des erreurs
de réplication de l’ADN
MLH1
MSH2
MSH6
Si mutation constitutionnelle : déficience du
système de réparation de l’ADN > accumulation
d’erreurs > apparition de mutations dans certains
gènes de régulation cellulaire > cancérogénèse

Quelles questions pour le clinicien ?



Comment définit-on le syndrome de
Lynch ?
Comment confirmer le diagnostic ?
Quelle prise en charge proposer une
fois le diagnostic porté ?
Démarche diagnostique


Le diagnostic indirect (phénotype RER
et IHC)
Le diagnostic direct : l’étude génétique
Diagnostic indirect : l’étude de la tumeur
apporte des éléments de suspicion
Définition du statut MMR
Le phénotype RER
(REplication Error) =
MSI (Instabilité des séquences
microsatellites) :
L’Immunohistochimie
- Pas fait pour toutes les
tumeurs du colon ou de
l’endomètre
-Critères spécifiques
(Bethesda)
Le phénotype RER (REplication Error)
MSI (Instabilité des séquences microsatellites) :
- 92% des tumeurs coliques / Lynch sont RER+
- Analyse de biologie moléculaire
-1 laboratoire : Dr Buisine, CHRU, LILLE
L’Immunohistochimie
MLH1

MSH2

MSH6

PMS2
expression des
protéines MLH1,
MSH2 ou MSH6 dans
la tumeur
oriente l’étude
génétique
Laboratoires
d’anatomopathologie
Quelles tumeurs étudier?



Sélection nécessaire car recherche fastidieuse et
coûteuse
Critères de Bethesda revus en 2004 (critères
internationaux)
Critères recommandés par l’expertise française
2004
 Tout cancer du spectre tumoral survenu avant l’âge
de 60 ans
 Quand 2 cancers du spectre dans une famille, quel
que soit l’âge
Diagnostic direct : étude des gènes
MLH1, MSH2 et MSH6 :







But : identifier l’anomalie génétique (mutation)
responsable des cancers observés dans la famille
Analyse de biologie moléculaire
(1 laboratoire dans la région, Dr MP Buisine, CHRU Lille)
à partir d’ADN constitutionnel (prélèvement sanguin)
Durée de l’étude : ~ 6 mois
Étude longue et fastidieuse
Gratuite pour le patient
Identification d’une mutation dans environ 50%
des cas
Quelles questions pour le clinicien ?



Comment définit-on le syndrome de
Lynch ?
Comment confirmer le diagnostic ?
Quelle prise en charge proposer une
fois le diagnostic établi ?
Le conseil génétique : lorsqu’une
mutation est identifiée
Colon 48
1. Nécessité d’une
surveillance
digestive
2. « doit » informer
ses proches de la
possibilité d’un test
génétique
Colon 47
Endomètre 52,
RER+,
mutation de
MSH2
3. Risque de ½ pour
les apparentés
d’avoir hérité de la
mutation
Surveillance
Pour un sujet porteur de
la mutation
-
-
-
Surveillance digestive : coloscopie
tous les 18 mois à 2 ans, à
partir de 25 ans
Surveillance gynécologique
annuelle à partir de 30 ans par
échographie pelvienne
endovaginale
Pas de chirurgie prophylactique
digestive ou gynécologique
Pas de surveillance systématique
pour les autres risques tumoraux
associés
Pour un sujet non
porteur de la
mutation
Pas de surveillance
spécifique
Risque tumoral = à
celui de la population
générale
La surveillance colique



Réduction de mortalité de 65% grâce à une
surveillance rapprochée
Coloscopie avec coloration tous les 2 ans à
partir de 20-25 ans ou 10 ans avant le cas
le plus précoce de CRC
La surveillance ne doit pas être
interrompue
»Järvinen et al. Gastroenterology 2000
La surveillance gynécologique




Localisation extra-colique la plus
fréquente
Risque maximal entre 40 et 60 ans
Dans 80% des cas, carcinome
endométrioïde
Moins de 10 % des formes familiales
de cancer de l’endomètre sont dus à
un syndrome de Lynch
La surveillance gynécologique



L’efficacité de la surveillance reste à
démontrer
Echographie annuelle à partir de 30
ans
Hystérectomie prophylactique ?
»Olschwang et al. Rev Med Int 2005
»Ollikainen et al. J Clin Oncol 2005
»Schmeler et al . New Enlgl J Med 2005
Le conseil génétique : lorsque aucune
mutation n’a pu être identifiée
1. Syndrome de
Lynch a priori
Colon 48
?
Colon 47
Endomètre 52,
RER+
2. Pas de possibilité
de test génétique
pour les proches
3. Surveillance
digestive et
gynécologique
pour tous les
apparentés au 1er
degré
En Résumé…
L’étude de la tumeur
Quelles tumeurs ?
- cancer du colon ou de l’endomètre
survenu < 60 ans
- Cancer du colon ou de l’endomètre +
1 ATCD au 1er degré de cancer
colique ou de l’endomètre
Quel prescripteur?
Le chirurgien, l’anat-path, le
gynécologue, le généticien
L’étude des gènes dans un but
diagnostique
Chez qui?
- Cancer colon/endomètre RER+
- Cancer colon/endomètre < 40 ans
- Critères d’Amsterdam II élargis
o Quel prescripteur?
Le généticien en général

L’étude des gènes dans un but prédictif
Encadrement législatif « médecine prédictive »



Article 145-15-5 du décret N° 2000-570 du 23 juin 2000
Réalisation des analyses par un laboratoire et un
médecin agréés par le ministère
Prescription de ces analyses par un généticien dans une
Équipe multidisciplinaire déclarée au ministère
respectant :



Le droit de choisir
Le droit au secret
Prescription non autorisée chez un mineur sauf si
débouche sur des mesures préventives immédiates
En conclusion…




Les connaissances évoluent ++ depuis 10 ans
Définition de nouvelles formes syndromiques de cancers
dans les années à venir
Ex : association pancréas – mélanome, certains cancers
de l’estomac, certaines hémopathies malignes, …
Si doute sur une histoire familiale ou personnelle de
cancers (patient ou médecin), ne pas hésiter à « faire le
point » en consultation d’oncogénétique (surveillance
spécifique, enquête génétique, …)
L’équipe d’oncogénétique
Au CHRU (Jeanne de Flandre) : toute prédisposition au
cancer
- Pr Sylvie Manouvrier (Lille, Valenciennes)
- Dr Sophie Lejeune (Lille, Boulogne et Lens
prochainement)
Prise de RDV au 03 20 44 49 11 pour tous les sites de
consultations
o Au COL : prédisposition aux cancers du sein et de
l’ovaire
- Dr Ph Vennin
- Dr Cl Adenis
Prise de RDV au 03 20 29 59 76

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