Journées de la Fondation Recherche Médicale l Les cancers digestifs l www.frm.org 1
« Voyage au cœur de la cellule avec
les cancers digestifs »
> SOMMAIRE
Introduction
[Une étape décisive]
Savoir qui est concerné
pour mieux prévenir
[Où en est-on ?]
Le traitement des tumeurs
[Le prochain palier]
Des traitements ciblés
Témoignages
Les réponses à vos questions
p. 2
p. 4
p. 4
p. 5
p. 7
p. 8
Propos recueillis à l’occasion d’un débat grand
public organisé par la Fondation Recherche
Médicale dans le cadre des Journées de la
Fondation Recherche Médicale, le mardi
14 septembre 2004, à l’ESC de Toulouse.
Débat animé par Laurent Romejko, animateur de
France 2 et parrainé par Thierry Lhermitte.
Document disponible sur le site de la Fondation
Recherche Médicale www.frm.org
Publication : octobre 2004
Crédits photos : Fondation Recherche Médicale
Avec la participation de :
> Dr Rosine Guimbaud,
Maître de conférences et praticien hospitalier au CHU de Toulouse
et à l’Institut Claudius Regaud (Centre National de Lutte Contre le
Cancer, CNLCC).
> Pr Roland Bugat,
Responsable du département médical de l’Institut Claudius
Regaud (CNLCC), Directeur de l'UPRES EA 3035 «
Pharmacologie clinique expérimentale des médicaments
anticancéreux », membre de la mission interministérielle de lutte
contre le cancer.
> Pr Louis Buscail,
Praticien hospitalier dans le service de gastro-entérologie et
nutrition du CHU Rangueil-Larrey, responsable du groupe de
recherche « altérations moléculaires et thérapie génique du cancer
pancréatique et du carcinome hépato-cellulaire » au sein de l'unité
U 531.
> Pr Georges Delsol,
Directeur de l'U 563 Inserm, centre de physiopathologie Toulouse
Purpan (CPTP), département d’oncogenèse et signalisation dans
les cellules hématopoïétiques, responsable du Cancéropole Sud-
Ouest, membre du Conseil Scientifique de la Fondation Recherche
Médicale.
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Introduction
> Pierre Joly,
Président de la Fondation Recherche
Médicale.
Quelle est l’origine de la Fondation Recherche
Médicale ? En 1947, les 132 grands
« patrons » de la recherche biomédicale
française avaient adressé à l’Etat une pétition
lui demandant un minimum de moyens afin de
reprendre les recherches biomédicales
interrompues par la guerre. Après 10 ans, la
création de l’Inserm a été la réponse de l’Etat.
Treize des 132 « patrons », certainement les
plus actifs, dont le jeune Pr Bernard, ont
estimé que cela s’avérait insuffisant et ont créé
la Fondation Recherche Médicale : une
fondation privée permettant à l’argent des
particuliers d’irriguer la recherche publique.
Les résultats ont été exceptionnels. La
Fondation est la seule à être compétente dans
tous les domaines de la médecine. Elle
subventionne les recherches portant non
seulement sur les maladies les plus
médiatisées, mais également les autres
maladies, qui sont responsables de 70 % des
décès.
> François Chollet,
Adjoint au maire de Toulouse
Tous les milieux sont attentifs à l’action de la
Fondation Recherche Médicale, qu’il s’agisse
du public ou des professionnels. Quel directeur
de laboratoire n’a pas été, un jour, en contact
avec la Fondation et n’a pas bénéficié de son
engagement permanent au service de la
recherche ? La ville de Toulouse remercie la
Fondation Recherche Médicale et est
extrêmement sensible à cette initiative pour la
diffusion du savoir : il est important de faire
partager les découvertes des chercheurs, en
particulier dans le domaine du cancer. Ce
thème est majeur pour le Grand Toulouse,
dans la mesure où Philippe Douste-Blazy
promeut la reconversion du site de l’Anglade,
blessé par l’explosion de septembre 2001,
autour d’un grand pôle de recherche, de
développement et de soin axé sur le cancer.
> Pr Georges Delsol,
Directeur de l'unité Inserm U.563, centre de
physiopathologie Toulouse Purpan (CPTP),
département d’oncogenèse et signalisation
dans les cellules hématopoïétiques,
responsable du Cancéropole Sud-Ouest,
membre du Conseil Scientifique de la
Fondation Recherche Médicale.
La Fondation Recherche Médicale soutient, en
France, un chercheur sur deux pour des
recherches touchant tous les domaines de la
pathologie : maladies cardio-vasculaires,
infectieuses, neurologiques, et toutes les
recherches sur le cancer.
Chaque année, 16 millions d’euros aident des
chercheurs à travailler sur leurs projets de
recherche ou à se rendre dans des
laboratoires étrangers. Parmi ces domaines de
recherche, le cancer occupe une place
privilégiée puisque 25 % des aides financent
des programmes de recherche sur le cancer.
Le Conseil scientifique de la Fondation
Recherche Médicale est constitué de vingt six
membres aux compétences très diverses. Ils
sont élus et non pas nommés comme dans le
cas des associations caritatives. Ils n’ont, par
ailleurs, pas le droit de déposer de demande,
ce qui diminue le risque d’auto-distribution. La
Fondation Recherche Médicale soutient des
projets très divers, allant de la recherche
fondamentale à la recherche clinique et à
l’innovation thérapeutique. Il est essentiel de
soutenir la recherche fondamentale, et je
citerai l’exemple des anticorps monoclonaux.
En 1975, deux chercheurs britanniques Kohler
et Milstein ont essayé de faire fusionner deux
cellules dans un tube à essai afin de leur faire
sécréter un type donné d’anticorps. A cette
époque, tout le monde s’est demandé à quoi la
fusion de deux cellules pouvait bien servir. Les
anticorps monoclonaux ainsi produits ont été
utiles dans le diagnostic et le traitement des
cancers : grâce à cette recherche
fondamentale, dont le résultat était
imprévisible, nous avons aujourd’hui obtenu
des médicaments. L’utilisation de certains de
ces anticorps est aujourd’hui en évaluation
dans le traitement du cancer du côlon.
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> Pr Jacques Bazex,
Représentant du Comité régional de la
Fondation Recherche Médicale
Inexistant pendant quelques années, le Comité
régional Midi-Pyrénées vient d’être recréé et
revitalisé avec l’aide de la ville de Toulouse, de
la Communauté municipale de Santé, des
présidents d’université, des doyens des
facultés et de la structure hospitalière. Le
Comité, restreint car encore récent , est
composé de du Pr Louis Douste-Blazy, qui
nous a assurés de son aide dans la
constitution de notre projet et de ses premiers
pas, de Monsieur Sutra, ingénieur agronome,
de Monsieur Buscail et d’une secrétaire qui
consacre son peu de temps disponible à nous
aider. Ce Comité naissant et plein d’énergie
attend beaucoup d’aide de la part du public, et
également des nombreuses entreprises de la
région Midi-Pyrénées : certaines ont déjà fait
savoir qu’elles lui apporteraient leur soutien.
Le Comité a plusieurs ambitions : une
transparence absolue sur la destination des
dons et l’accès des grands laboratoires aux
citoyens et aux donateurs, afin qu’ils
comprennent en quoi consiste la recherche.
L’association de la recherche privée et de la
recherche publique est indispensable. La
recherche privée peut, par sa souplesse et sa
disponibilité, être d’un grand soutien à la
recherche publique. Cette dynamisation
permettra de rendre les laboratoires plus
performants, ce qui contribue à la richesse
d’une région. La Mairie de Toulouse, la
Communauté Municipale de Santé et les
Universités qui nous soutiennent vont tout à
fait dans ce sens.
Monsieur le Président de l’Université a invité à
ce débat deux médecins ukrainiens en visite à
Toulouse pour quelques jours.
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[Une étape décisive]
Savoir qui est concerné
pour mieux prévenir
> Dr Rosine Guimbaud,
Maître de conférences et praticien hospitalier
au CHU de Toulouse et à l’Institut Claudius
Regaud (Centre national de lutte contre le
cancer, CNLCC).
Les causes et la prévention des cancers
digestifs
Les cancers digestifs sont très fréquents et
posent un véritable problème de santé
publique. Le cancer du côlon, par exemple, qui
représente plus de la moitié des cancers
digestifs, touche une personne sur trente en
France. Chaque année, un cancer du côlon est
diagnostiqué chez 36 000
personnes, et 150 000 à
200 000 personnes en
France ont été ou sont
traitées. Ce taux montre
bien que nous sommes a
priori tous concernés par ce
problème, même si nous ne
le sommes pas au même
niveau. Tout d’abord, nous naissons avec un
potentiel génétique différent les uns des
autres. En ce qui concerne le cancer du côlon
par exemple, on distingue trois groupes à
risques dans la population : le groupe
concerné par le risque de base ; un groupe
intermédiaire de personnes qui, en raison de
leurs antécédents familiaux ou personnels, ont
un risque plus élevé que le risque de base ; et
les personnes présentant un risque génétique
très fort. Dès la naissance, nous appartenons
donc à des groupes à risques différents. Au
cours de la vie, des phénomènes acquis tels
que l’alimentation, la consommation de tabac,
l’exposition à des rayonnements pourront
augmenter le risque de développer telle ou
telle pathologie. A l’heure actuelle, on ne peut
pas intervenir directement sur son statut
génétique, mais on peut par contre le faire sur
des facteurs environnementaux.
Y a-t-il une hérédité dans les cancers
digestifs ?
Cette hérédité existe mais ne fait pas tout. Elle
a été démontrée notamment dans le cancer du
côlon. Cette hérédité n’est pas obligatoire,
mais certaines personnes sont génétiquement
prédisposées à développer des cancers du
côlon. Cependant, la majorité des cancers du
côlon est développée par des personnes qui
ne sont précisément pas génétiquement
prédisposées.
Face à une personne ayant développé une
maladie du type tumeur du côlon, le rôle du
médecin est de déterminer si cette personne
présente un risque particulier qui justifierait
une prise en charge spécifique. Si cette
personne doit être placée dans la catégorie
des « personnes à hauts risques », ceci peut
avoir des retentissements en termes de suivi et
de prise en charge de sa famille. Si cette
personne a développé un cancer du côlon
dans le cadre du risque de base de la
population générale, la prise en charge sera
« classique » et ne justifiera pas un dépistage
ou un retentissement spécifique sur sa famille.
Lorsque la personne indique que des membres
de sa famille ont souffert de la même maladie,
il est souvent évident qu’elle développe une
maladie en raison d’un risque génétique et le
diagnostic de prédisposition génétique est
facilement réalisable. Si le risque génétique est
moins évident, les médecins disposent de
certains indices qui permettent de penser
qu’un terrain génétique a peut-être provoqué
cette maladie. L’un des premiers indices est
l’âge du malade. L’âge moyen des personnes
qui développent un cancer du côlon est en
effet de 70 ans : plus le cas survient jeune,
plus la question d’un terrain génétique sous-
jacent doit se poser.
[Où en est-on ?]
Le traitement des tumeurs
> Pr Roland Bugat,
Responsable du département médical de
l’Institut Claudius Regaud (CNLCC), Directeur
de l'UPRES EA 3035 « Pharmacologie clinique
expérimentale des médicaments
anticancéreux », membre de la mission
interministérielle de lutte contre le cancer.
Ces pratiques évoluent quotidiennement, en
raison de leur environnement technique et de
la maîtrise des effets secondaires qu’elles sont
supposées engendrer et qui contribuent à
donner une mauvaise réputation aux maladies
cancéreuses. Historiquement, le premier
traitement des cancers digestifs a été la
chirurgie, qui reste encore aujourd’hui la pierre
angulaire du contrôle absolu des cancers
Journées de la Fondation Recherche Médicale l Les cancers digestifs l www.frm.org 5
digestifs. La radiothérapie est également très
évolutive : on sait traiter de manière de plus en
plus ciblée des parties anatomiques très bien
définies grâce aux progrès réalisés dans les
domaines de
l’informatique et de
l’imagerie. Cependant,
les développements les
plus actuels du
traitement concernent
les molécules et les
médicaments de la
chimiothérapie.
Les progrès touchent
non seulement les
évolutions technologiques, mais également la
manière dont la médecine s’organise pour
mieux les utiliser au service des patients.
Lorsque l’on parle de « recette
thérapeutique », associant chirurgie,
radiothérapie ou chimiothérapie, on fait
souvent l’économie de définir de manière
équitable avec le patient l’objectif
thérapeutique visé. L’une des bonnes
utilisations du traitement des cancers se réfère
à cette volonté actuelle de nous organiser de
manière pluridisciplinaire, afin d’affiner les
indications thérapeutiques et d’utiliser de
manière optimale les ressources dont nous
disposons.
Les évolutions des techniques de chirurgie
On relève d’importants progrès techniques en
matière de chirurgie : les traitements
chirurgicaux des cancers et notamment des
tumeurs digestives sont moins agressifs
qu’auparavant. On pratique également
davantage de chirurgie conservatrice d’organe
ou de fonction. Ceci est particulièrement vrai
pour les cancers du rectum par exemple, qui
jusqu’au siècle dernier était la plupart du temps
enlevé, avec toutes les contraintes que la
poche pouvait avoir sur la vie des patients.
Actuellement, les ablations du rectum qui
s’avèrent indispensables représentent moins
de 10 % de la chirurgie réalisée au niveau du
rectum. Cette chirurgie conservatrice
s’applique également pour les cancers de
l’œsophage : l’œsophage est reconstruit à
partir d’une portion "tubulisée" de l’estomac.
Les grands progrès réalisés dans la maîtrise
des techniques chirurgicales garantissent à la
fois un meilleur pronostic du cancer, et une
meilleure qualité de vie.
Les techniques de radiothérapie
L’appareil digestif est composé d’un tube et de
deux glandes (foie et pancréas). Ce sont les
cancers des deux extrémités du tube qui sont
candidats à des techniques d’irradiation
(cancers de l’œsophage, du rectum et de
l’anus).
Les évolutions des techniques de
chimiothérapie
La chimiothérapie (la médecine
médicamenteuse) a très mauvaise réputation
car son efficacité est au prix d’effets
secondaires indésirables. Les médicaments
cytotoxiques tuent en effet aveuglement toutes
les cellules qui se divisent, c’est-à-dire qui
travaillent pour assurer leur descendance. Or
les cellules normales, aussi bien que les
cellules cancéreuses « anarchiques »,
possèdent cette capacité de se diviser. Aussi,
les effets secondaires des chimiothérapies
conventionnelles sont liés au préjudice subis
par les tissus qui ont une activité cellulaire
importante : moelle des os (diminution des
taux de globules), cellules de l’intestin grêle
(troubles digestifs importants). Les
thérapeutiques dites ciblées, n’entraînent pas
ces effets secondaires.
[Le palier suivant]
Des traitements ciblés
> Pr Louis Buscail,
Praticien hospitalier dans le service de gastro-
entérologie et nutrition du CHU Rangueil-
Larrey, responsable du groupe de recherche
« altérations moléculaires et thérapie génique
du cancer pancréatique et du carcinome
hépato-cellulaire » au sein de l'unité U 531.
Le processus de cancérisation de la cellule
La cellule normale interagit avec les autres
cellules, vieillit puis au bout d’un certain temps
meurt et est remplacée par une autre cellule.
Si l’horloge interne de la cellule est déficiente,
des mécanismes de réparation interviennent.
Au contraire, la cellule cancéreuse est «
insurrectionnelle » : des perturbations multiples
l’incitent à se diviser de manière totalement
anarchique, et elle se dote de récepteurs
(molécules situées à la surface de la cellule)
notamment sensibles aux facteurs de
croissance. Ceci lui permet de proliférer et
d’échapper à la régulation cellulaire. Tous ces
récepteurs constituent des cibles, et la cellule
se débarrasse de tout ce qui peut la gêner en
tendant vers une relative autonomie. Cette
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