Dossier thématique Avant-propos D ossier thématique Cancer du côlon non métastatique 쐌쎲 L. Choné* E n termes d’incidence, les données issues du réseau des registres des cancers FRANCIM classent le cancer colorectal (CCR) au premier rang des cancers digestifs, avec plus de 36 000 nouveaux cas par an. Cette incidence, plus élevée chez les hommes que chez les femmes, suit une courbe ascendante (+ 1 % par an chez les hommes et 0,8 % par an chez les femmes) [1]. Parallèlement, on assiste ces dernières années à une diminution régulière de la mortalité par CCR, de 0,76 % par an chez les hommes et de 1,07 % par an chez les femmes (2). Les dernières données épidémiologiques estiment la survie à 5 ans des patients atteints d’un cancer du côlon à 55 % chez les hommes et à 57 % chez les femmes (3). Ces progrès sont essentiellement liés à un diagnostic généralement plus précoce et à d’importantes avancées thérapeutiques concernant la chirurgie, la réanimation postopératoire et la chimiothérapie. Cependant, il est encore possible d’améliorer ces résultats, notamment grâce à la généralisation du dépistage par test Hémoccult® tous les 2 ans qui, comme nous le rappelle le Pr J. Faivre dans son éditorial, devrait permettre d’obtenir une diminution de la mortalité de 14 % à 18 %, sous réserve d’une participation d’au moins 50 % de la population de 50 à 74 ans. La qualité de l’exérèse chirurgicale, sur laquelle repose le traitement curatif du CCR, est également un élément pronostique important, pour les cancers du rectum, comme pour les cancers du côlon. L’évaluation de celle-ci, qui prend en compte non seulement les éléments techniques, le bilan préopératoire et le suivi postopératoire, mais aussi des éléments en rapport avec la structure de soins, doit permettre d’améliorer les résultats en termes de morbidité comme de mortalité. Le compte-rendu anatomopathologique doit également être standardisé, car il va permettre de décider de la nécessité d’un traitement complémentaire, et en particulier d’une chimiothérapie adjuvante, dont le rôle pronostique dans les cancers du côlon de stade III est unanimement reconnu depuis les années 1990, celui-ci permettant d’augmenter la probabilité de survie sans récidive de 42 % à 58 % et la survie globale de 51 % à 64 % à 5 ans (4). Les traitements actuels (FOLFOX) ont encore permis d’améliorer ces résultats en diminuant de 23 % le risque relatif de rechute à 3 ans par rapport à une chimiothérapie à base de 5-FU (5). Par ailleurs, le cancer colique reste une pathologie concernant essentiellement les sujets âgés, avec un âge moyen au diagnostic d’environ 70 ans. Or, les progrès réalisés ces 25 dernières années semblent n’avoir que peu profité aux personnes âgées. En effet, dans l’étude du registre des cancers coliques de la Côte d’Or, les patients de moins de 75 ans avaient trois fois plus de chances de bénéficier d’une résection que les patients plus âgés. De même, les patients de moins de 75 ans avaient onze fois plus de chance de bénéficier d’une chimiothérapie adjuvante que les patients plus âgés (6). Cependant, un certain nombre de ces sujets peuvent bénéficier d’un traitement selon les mêmes modalités que les patients plus jeunes et, si d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années dans le traitement des cancers coliques des sujets âgés, ces patients restent globalement sous-traités. Si la chimiothérapie des formes métastatiques de cancer colique a connu ces 15 dernières années d’importantes avancées avec l’arrivée de nouvelles molécules (irinotécan, oxaliplatine en monothérapie puis en association, et, plus récemment, les thérapeutiques ciblées), il ne faut pas oublier que la diminution de la mortalité liée à ce cancer dépend en grande partie de la généralisation du dépistage et de l’amélioration des résultats de la prise en charge des patients présentant une forme localisée. Remercions donc vivement les auteurs qui ont accepté de participer à la rédaction de ce dossier en nous faisant partager leur expertise dans le traitement du cancer colique non métastatique ! RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Bouvier AM, Remontet L, Jougla E et al. Incidence of gastrointestinal cancers in France. Gastroenterol Clin Biol 2004;28:877-81. 2. Remontet L, Esteve J, Bouvier AM et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1978-2000. Rev Epidemiol Sante Publique 2003;51:3-30. 3. Bossard N, Velten M, Remontet L et al. Survival of cancer patients in France: a population-based study from The Association of the French Cancer Registries (FRANCIM). Eur J Cancer 2007;43:149-60. 4. Gill S, Loprinzi CL, Sargent DJ et al. Pooled analysis of fluorouracil-based adjuvant therapy for stage II and III colon cancer: who benefits and by how much? J Clin Oncol 2004;22:1797-806. 5. André T, Boni C, Mounedji-Boudiaf L et al. Oxaliplatin, fluorouracil, and leucovorin as adjuvant treatment for colon cancer. N Engl J Med 2004;350:2343-51. 6. Faivre-Finn C, Bouvier-Benhamiche AM, Phelip JM et al. Colon cancer in France: evidence for improvement in management and survival. Gut 2002;51:60-4. * Service d’hépato-gastroentérologie, CHU Nancy. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - nos 1-2 - janvier-février 2007 7