UNIVERSITÉ DE STRASBOURG
ÉCOLE DOCTORALE DE THÉOLOGIE ET SCIENCES RELIGIEUSES ED 270
Équipe d’accueil 4378 « Théologie protestante »
THÈSE présentée par :
Eran SHUALI
soutenue le : 17 décembre 2015
pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg
Discipline / Spécialité : Théologie et Sciences religieuses /
Sciences religieuses
Traduire le Nouveau Testament en
hébreu
Un miroir des rapports judéo-chrétiens
THÈSE dirigée par :
M. Jan JOOSTEN Professeur, Université de Strasbourg
M. Christophe RICO Professeur, Université de Strasbourg ; École
biblique et archéologique française de Jérusalem
RAPPORTEURS :
M. Peter J. TOMSON Professeur, Faculté universitaire de Théologie
protestante de Bruxelles ; KU Leuven
M. Pablo I. KIRTCHUK-HALEVI Chercheur associé, LACITO, CNRS
AUTRE MEMBRE DU JURY :
M. Christian GRAPPE Professeur, Université de Strasbourg
Table de matières
0. Introduction 4
0.1. Remarques méthodologiques 7
0.2. L’histoire des traductions hébraïques du Nouveau Testament 9
0.3. Les motivations pour traduire le Nouveau Testament en hébreu 12
0.4. Traduire du grec sémitisé 27
0.5. Différences entre le grec et l’hébreu 31
1. L’usage de la Bible hébraïque 34
1.1. Traduire les citations vétérotestamentaires du Nouveau Testament 35
1.1.1. Les citations vétérotestamentaires du Nouveau Testament et leurs écarts par
rapport au texte massorétique 35
1.1.2. Traduire les citations 42
1.1.3. Traduction par reprise littérale du texte massorétique 47
1.1.4. Traduction « libre » des citations 57
1.1.5. Manières intermédiaires de traduire les citations 67
1.1.6. Conclusion 86
1.2. L’usage de l’hébreu biblique 87
1.2.1. Le langage dans les traductions chrétiennes du 16e au 19e siècle 88
1.2.2. Le langage dans les traductions se trouvant dans les écrits polémiques
juifs du Moyen Âge 102
1.2.3. Le langage dans les traductions produites après la fondation de l’État
d’Israël 106
2. L’usage de la littérature rabbinique 118
2.1. L’utilité de la littérature rabbinique 123
2.1.1. Expressions désignant des realia 124
2.1.2. Expressions du langage religieux 135
2.1.3. Expressions du langage argumentatif 150
2.1.4. « Façons de parler » et expressions proverbiales 165
2.2. La complexité de l’usage de la littérature rabbinique 172
2.2.1. Le nom de Jésus 174
2.2.2. Bénir des aliments (Mc 8:7 ; Lc 9:16 ; 1 Co 10:16) 191
2.2.3. Le lavage rituel des mains (Mc 7:1-5) 206
2.2.4. Gennésaret 212
2.3. Les risques dans l’usage de la littérature rabbinique 218
2.3.1. « Le shabbat fut pour l’homme, et non l’homme pour le shabbat »
(Mc 2:27) 220
2.3.2. « (…) se laver les mains en poing » (Mc 7:3) 223
2.3.3. « Et si elle répudie son mari et en épouse un autre (…) » (Mc 10:11-12) 228
3. Conclusion 243
Les abréviations utilisées 245
Les traductions hébraïques du Nouveau Testament utilisées 248
Bibliographie 255
0. Introduction
C’est thèse est née d’une intuition. À la fin de l’année 2009, j’ai commencé à préparer, en
collaboration avec M. Christophe Rico, une nouvelle traduction du Nouveau Testament en
hébreu moderne sous les auspices des Presses universitaires de Tel-Aviv. Dès la première
phase du travail, j’ai senti que beaucoup de dilemmes auxquels je faisais face au cours de la
traduction étaient dus aux rapports particuliers entre mon texte source : le texte grec du
Nouveau Testament, et la langue et la culture cible : la langue hébraïque et la culture juive.
J’ai pensé alors qu’une description détaillée du travail de celui qui traduit le Nouveau
Testament en hébreu pourrait illustrer et éclairer les spécificités des rapports entre le judaïsme
et le christianisme. Et c’est à cela que j’ai décidé de consacrer ma thèse de doctorat.
Un premier choix qui a été fait dans l’élaboration de la thèse consistait à réduire les aspects du
travail du traducteur du Nouveau Testament en hébreu qui seraient étudiés. Comme mon
intérêt principal portait aux rapports entre le judaïsme et le christianisme, j’ai choisi de me
focaliser sur les aspects du travail du traducteur qui sont particulièrement pertinents à ce
thème. Ce choix m’a mené à ne pas m’attarder sur d’autres questions que l’on peut se poser
par rapport la traduction du Nouveau Testament en hébreu. Ainsi, je n’ai pas étudié de façon
étendue les problèmes particuliers qui sont dus aux différences linguistiques entre le grec et
l’hébreu : des mots grecs qui sont difficiles à rendre en hébreu, des structures syntaxiques
grecques qui n’ont pas d’équivalents en hébreu, etc. De même, je n’ai pas examiné en
profondeur les avantages et les inconvénients de différentes méthodes de traduction
appliquées à la traduction du Nouveau Testament en hébreu, des méthodes de traduction telles
que l’équivalence formelle et l’équivalence dynamique qui sont définies et décrites par
Eugene Nida
1
. J’ai également laissé de côté différentes questions relatives au style et au
registre dans le texte traduit, par exemple, l’emploi du langage poétique ou des allitérations et
d’autres figures de style.
Contrairement à ce premier choix qui avait pour but de limiter la recherche à ce qui est
pertinent aux rapports entre le judaïsme et le christianisme, un deuxième choix visait à élargir
le champ de recherche autant que possible. En effet, je voulais me focaliser sur des aspects de
1
Eugene A. Nida, Toward a Science of Translating : With Special Reference to Principles and Procedures
Involved in Bible Translation (Leiden : Brill, 1964).
la traduction du Nouveau Testament en hébreu qui puissent être pertinents aux plus grand
nombre de traductions existantes. Pour cette raison, je n’ai pas tenté de trouver dans les
différentes traductions hébraïques du Nouveau Testament des échos à des événements
historiques impliquant juifs et chrétiens à l’époque des traducteurs, par exemple, les
persécutions des juifs à différentes périodes de l’histoire ou le rapprochement contemporain
entre l’État d’Israël et l’Occident qui est majoritairement chrétien. Je n’ai également pas
cherché à relever ce que chacune des traductions peut nous apprendre sur l’hébreu de son
temps : l’hébreu du Moyen Âge, celui des hébraïsants chrétiens du XVIe au XIXe siècle,
l’hébreu de la Haskala « les lumières juives » ou l’hébreu moderne. Pour la même raison,
j’ai choisi de ne pas me focaliser sur l’apport possible de connaissances récemment acquises à
la traduction du Nouveau Testament en hébreu. Je ne me suis notamment pas focalisé sur
l’apport possible des écrits de Qumrân à cette démarche, étant donné que ceux-ci étaient
inconnus à la plupart des auteurs de traductions hébraïques du Nouveau Testament produites
avant la seconde moitié du XXe siècle et que leur influence sur les traductions les plus
récentes continue à être de facto réduite.
Ainsi, en se concentrant sur les questions pertinentes aux rapports judéo-chrétiens qui se
manifestent dans le plus grand nombre de traductions hébraïques du Nouveau Testament de
toutes les époques, cette thèse cherche à décrire ce qui semble être les points principaux et le
plus inévitables de la confrontation entre le judaïsme et le christianisme qui s’impose à ceux
qui traduisent le Nouveau Testament en hébreu. Trois telles questions ont été relevées :
1. Comment le fait que la langue grecque du Nouveau Testament présente de nombreuses
influences de l’hébreu et de l’araméen influence-t-il la traduction de cette œuvre en hébreu ?
2. Comment le traducteur utilise-t-il la Bible hébraïque dans son travail ? 3. Comment
utilise-t-il la littérature rabbinique ancienne ? Pour des raisons d’ordre pratique, j’ai choisi de
traiter dans la thèse en détail les deux dernières questions et d’en laisser la première à une
recherche ultérieure.
Cette thèse n’est donc pas, en premier chef, une étude historique sur les traductions du
Nouveau Testament en hébreu. Pour une telle étude, on se référera à l’ouvrage pionnier de
Pinchas Lapide Hebräisch in den Kirchen
2
. En outre, des informations sur des traductions
spécifiques peuvent être trouvées dans les introductions de Jean Carmignac aux cinq volumes
2
Pinchas E. Lapide, Hebräisch in den Kirchen (Forschungen zum jüdisch-christlichen Dialog, vol. 1 ;
Neukirchen-Vluyn : Neukirchener Verlag, 1976). Traduction anglaise : Pinchas E. Lapide, Hebrew in the
Church : The Foundations of Jewish-Christian Dialogue (trad. Erroll F. Rhodes ; Grand Rapids, Michigan :
Eerdmans, 1984).
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