Irréductibilité des polynômes cyclotomiques
Références : Perrin, Cours d’algèbre, p 82
On rappelle que Φn,kpXq “ ź
ζPµ˚
npKnq
pX´ζqoù Knest le corps de décomposition de Xn´1sur k,µnpKnq
est l’ensemble des racines de l’unité dans Kn(qui est cyclique car sous-groupe de k˚qui est cyclique) et µ˚
npKnq
est l’ensemble des racines primitives de l’unité, c’est à dire celles qui engendrent µnpKnq.
On note Φn“Φn,Qpour simplifier.
Les Φnsont dans ZrXs.
Proposition.
Démonstration. On fait la démonstration par récurrence forte.
On a Φ1pXq “ X´1PZrXs.
Au rang n, on pose FpXq “ ź
d|n,d‰n
ΦdpXq. On a FPZrXspar hypothèse.
On rappelle que Xn´1“ź
d|n
ΦdpXq “ ΦnpXqFpXq.
Puis on fait la division euclidienne de Xn´1par Fdans ZrXs(possible car Funitaire) : Xn´1“FpXqPpXq`
RpXq. Donc FpXqpΦnpXq ´ PpXqq “ RpXqet comme degpRq ă degpFq, on a Φn“PPZrXs.
Les polynômes cyclotomiques sont irréductibles dans ZrXs(et donc dans QrXs).
Théorème.
Démonstration. ‚On se donne un nombre premier pne divisant pas net ζune racine primitive de l’unité. On
sait que ζpest aussi une racine primitive (car ζmest primitive ssi m^n“1). On note fet gles polynômes
minimaux respectifs de ζet ζp. Ce sont des polynômes de QrXs. Montrons que f,gPZrXs.
On décompose Φnen produit d’irréductibles Φn“f1...fravec fiPZrXs(car ZrXsest factoriel). Comme Φn
est unitaire, quitte à multiplier les fipar ´1, on peut supposer que les fisont unitaires.
Φnpζq “ 0donc il existe i0tel que fi0pζq “ 0. Or fi0est irréductible et unitaire sur ZrXs, donc sur QrXs, donc
f“fi0PZrXset f|Φn.
On peut faire le même travail pour montrer que gPZrXset g|Φn.
‚Montrons à présent que f“g.
Supposons fet gdistincts, alors comme ils sont irréductibles, fg|Φndans ZrXs. D’autre part comme ζest
racine de gpXpq, on a que fpXq|gpXpqdans QrXs. Il existe hPQrXstel que gpXpq “ fpXqhpXq. On écrit
h“a
bh1avec h1PZrXsde contenu 1, alors comme gpXpqet fpXqsont unitaires, on a 1“a
ben passant au
contenu, ce qui donne hPZrXs.
On écrit gpXq “ ÿaiXi, alors en réduisant dans Fp, on a gpXpq “ ÿaiXpi “gpXqppar Frobenius.
Soit ϕun facteur irréductible de f, alors comme gp“fh,ϕdivise gpet par le lemme d’Euclide 1,ϕdivise g.
Comme fg|Φn, on a fg|Φnsur Fp, donc ϕ2divise Φn“Φn,Fp.2Mais cela est absurde car alors Φn,Fpaurait une
racine double dans un corps de décomposition, ce qui est faux par construction des polynômes cyclotomiques.
Donc f“g.
‚À présent, prenons ζmune racine primitive n-ième de l’unité, avec m“pα1
1...pαs
s. Par le travail précédent,
on a 0“fpζp1q “ fppζp1qp1q “ ... “fpζpα1
1q “ fppζpα1
1qp2q “ ... “fpζmq.
Finalement, fdivise Φn, il admet toutes les racines primitives n-ièmes de l’unité comme racines et il est unitaire,
donc Φn“fet Φnest irréductible sur Q. Comme Φnest unitaire, son contenu est 1 et il est irréductible sur
Z.
1. Si ϕdivise gp, alors soit ϕdivise g, soit il divise gp´1...
2. On montre ça par récurrence à nouveau. On a Xn´1“Xn´1“ΦnF“ΦnF(par hypothèse de récurrence). Donc
pΦn´Φn,FpqF“0et on a le résultat par intégrité de FprXs.
Adrien LAURENT 1 ENS Rennes - Université de Rennes 1