Polynômes irréductibles de Fq
Références : Francinou, Gianella, Exercices de mathématiques pour l’agrégation - Algèbre 1, 5.10 et 3.11
Soit nPN˚, on note Apn, qql’ensemble des polynômes irréductibles unitaires de degré nde FqrXs
et Ipn, qqle cardinal de Apn, qq, alors
Xqn´Xź
d|nź
PPApd,qq
P,
Ipn, qq “ 1
nÿ
d|n
µ´n
d¯qd,
On a l’équivalent Ipn, qq „ qn
n,
Il existe des polynômes irréductibles de tout degré sur Fq.
Théorème.
Démonstration. Soit dun diviseur de n,PPApd, qqet xune racine de Pdans Fq, alors rFqpxq:Fqs “ det
donc Fqpxqest isomorphe à Fqd. En particulier, xest racine de Xqd´Xcar Fqdest le corps de décomposition
de ce polynôme. Or Xqd´X|Xqn´Xcar d|n, donc xest racine de Xqn´X.1
Les polynômes irréductibles étant à racines simples sur Fq, on a P|Xqn´X.2
Par décomposition en irréductibles, on a donc ź
d|nź
PPApd,qq
P|Xqn´X.
Soit Pun diviseur irréductible unitaire de Xqn´X, on note dson degré et on choisit xune de ses racines
sur Fqn(où Pest scindé). Alors on a la tour d’extensions de corps FqĂFqpxq Ă Fqn, donc par le théorème de
la base télescopique : rFqn:FqpxqsrFqpxq:Fqs “ rFqn:Fqs “ n. Donc d“ rFqpxq:Fqs|n.
De plus, comme Xqn´Xest à racines simples, chaque facteur irréductible, n’apparaît qu’une fois.
On en déduit donc que ź
d|nź
PPApd,qq
PXqn´Xcar notre décomposition contient bien tous les polynômes
irréductibles (car il faut d|net chacun d’eux n’apparaît qu’une fois) et de plus les membres des deux côtés sont
unitaires.
En regardant les degrés dans l’égalité précédente, on voit que qnÿ
d|n
dIpd, qq. On a besoin de la formule
d’inversion de Möbius pour poursuivre. 3
1. En effet, on sait que Xqd´Xest à racines simples, et si xen est une racine, alors
xqnxpqdq
n
dxqdpqdq
n
d´1
xpqdq
n
d´1
... x
2. On utilise le résultat suivant :
Si K est un corps fini ou de caractéristique nulle, et si PPKrXsest un polynôme irréductible, alors P est à racines
simples dans la clôture algébrique Kde K.
Lemme.
Démonstration. Si Pa une racine double α, alors P“ pX´αq2Q, donc X´α|P1et X´α|P^P1, donc comme Pest irréductible
et P^P1|P, on a P10.
Si Kest de caractéristique nulle, cela implique Pcste, ce qui est absurde.
Si Kest de caractéristique p, alors PRpXpq. Or si Kest fini, le Frobenius est un automorphisme et PR0pXqp(en changeant
les coefficients avec le Frobenius), ce qui est absurde.
En fait, on vient de prouver que les corps finis et les corps de caractéristique nulle sont parfaits, càd que toutes leurs extensions
sont séparables. On peut trouver un théorème plus général dans le Calais à la page 44.
Il est bon de savoir que c’est faux en général si Kest un corps infini de caractéristique pnon nulle. Par exemple, PpTq “ Tp´X
est irréductible sur le corps FppXqpar un argument de degré. Mais si on prend une racine αdans une extension, alors Xαpet
PpTq “ Tp´αp“ pT´αqp.
3. On rappelle que la fonction de Möbius est définie par µpnq “ 0si na un facteur irréductible carré, et µpnq “ p´1qrsi
np1...pravec les pitous distincts et irréductibles.
Adrien LAURENT 1 ENS Rennes - Université de Rennes 1
Soit f:N˚ÑRet g:nPN˚ÞÑ ÿ
d|n
fpdq, alors
@ně1, fpnq “ ÿ
d|n
µ´n
d¯gpdq “ ÿ
d|n
µpdqg´n
d¯.
Lemme (Première formule d’inversion de Möbius).
Démonstration. On passe d’une somme à l’autre en posant le changement de variable d1n
ddans la somme.
Prouvons donc fpnq “ ÿ
d|n
µpdqg´n
d¯.
ÑSoit kpα1
1...pαr
ravec rą0, alors ÿ
d|k
µpdq “ µp1q`
r
ÿ
i1ÿ
1ďγ1ă...ăγiďr
µppγ1...pγrq “ 1`
r
ÿ
i1ÿ
1ďγ1ă...ăγiďr
1qi
r
ÿ
i0
1qiˆr
i˙“ p1´1qr0.
ÑOn a ÿ
d|n
µpdqg´n
d¯ÿ
d|n
µpdqÿ
d1|n
d
fpd1q “ ÿ
dd1|n
µpdqfpd1q “ ÿ
d1|n
fpd1qÿ
d|n
d1
µpdq. Or on a vu que si n
d11,
alors ÿ
d|n
d1
µpdq “ 0, donc ÿ
d|n
µpdqg´n
d¯fpnqÿ
d|1
µpdq “ fpnq.
Ceci étant fait, on a Ipn, qq “ 1
nÿ
d|n
µ´n
d¯qd. Puis pour l’équivalent, on pose rnÿ
d|n,dn
µ´n
d¯qd, alors
|rn| ď
tn
2u
ÿ
d1
qdqtn
2u`1´q
q´1.
En particulier, |rn| ď qtn
2u`1
q´1donc |rn| “ opqnq. Ainsi, comme Ipn, qq “ qn`rn
n, on a l’équivalent voulu.
On a vu que ÿ
d|n,dn
qdăqn. Donc Ipn, qq ą 0.
Cela donne l’existence de polynômes irréductibles de tout degré.
Toute extension de degré fini sur Fqest une extension simple, normale et séparable.
Corollaire.
Démonstration. Une extension est simple si elle peut s’écrire sous la forme Fqpxq.
Soit Kune extension de degré fini de Fq. Par unicité des corps finis, si nest le degré de K, alors KFqn. Comme
il existe des polynômes irréductibles de tout degré, Fqnest un corps de rupture d’un polynôme irréductible de
degré nsur Fq. Cela prouve le résultat.
Une extension est normale si tout polynôme irréductible de Fqadmettant une racine dans cette extension
est scindé.
Soit Pun tel polynôme et xune telle racine. Notons nle degré de P. Alors la formule du théorème montre que
Pest scindé sur Fqn. Or Fqpxqest un sous-corps de Fqnde degré n. Donc Fqpxq “ Fqnet l’extension est normale.
Une extension Kest séparable si le polynôme minimal sur Fqde tout élément αde Kn’a que des racines
simples dans un corps de décomposition.
On a vu que Fqest parfait. Donc toute extension de Fqest séparable.
Adrien LAURENT 2 ENS Rennes - Université de Rennes 1
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