
MAPAR 2002620
4. MONITORAGE DE LA TEMPERATURE EN PREHOSPITALIER
La détection de l’hypothermie peut s’avérer délicate en réanimation préhospitalière
du fait des contraintes environnementales et des moyens diagnostiques limités.
Parmi les moyens de monitorage de la température, on distingue d’une part les ther-
momètres permettant une mesure continue de la température tels que la sonde
œsophagienne connectée à un multiparamètre et d’autre part, les thermomètres à me-
sure discontinue, plus fréquemment utilisés, tels que les thermomètres à dilatation de
liquide, à cristaux liquides et les thermomètres électroniques.
Des études concernant les sites de mesure de la température réalisées au bloc opéra-
toire ont mis en évidence que les sites donnant le meilleur reflet de la température
centrale étaient les sites les plus proches du noyau central comme le tiers inférieur de
l’œsophage, le nasopharynx et l’artère pulmonaire [2, 6, 10]. Les températures rectale,
vésicale et axillaire sont un mauvais reflet de la température centrale du fait d’une plus
grande inertie [11]. En revanche, la prise de la température tympanique semble une
solution particulièrement pertinente lorsqu’elle est réalisée dans de bonnes conditions :
contact direct de la sonde avec le tympan et isolation du conduit auditif externe [11].
Elle est rapide et bien corrélée à la température œsophagienne et pourrait offrir un bon
compromis sécurité/efficacité [2, 12].
Enfin, le monitorage en continu de la température par une sonde œsophagienne est
également facilement utilisable dès la prise en charge préhospitalière chez les patients
intubés [12].
5. PREVENTION ET TRAITEMENT DE L’HYPOTHERMIE
Du fait des facteurs environnementaux, l’hypothermie est pratiquement inévitable
chez le polytraumatisé. Parallèlement à la stabilisation des fonctions vitales, la lutte
contre l’hypothermie fait partie intégrante de la mise en condition du polytrauma-
tisé [14]. Il a été montré dans une étude récente chez le rat, que dans un contexte de
traumatisme associé à un choc hémorragique, la restauration d’une normothermie au
cours de la réanimation améliorait la fonction ventriculaire gauche, le débit cardiaque
et la fonction hépatique [15].
Les moyens disponibles en préhospitalier sont limités. La première mesure consiste
à limiter les déperditions caloriques en soustrayant rapidement le traumatisé à l’am-
biance froide, en l’enveloppant dans une «couverture de survie» après l’avoir déshabillé.
L’installation du patient dans la cellule sanitaire préalablement chauffée du véhicule de
transport est effectuée dès que les conditions le permettent. D’autre part, il y a lieu le
plus souvent de recourir à des techniques de réchauffement actif assuré par un transfert
de chaleur à partir d’une source d’énergie [6]. La mise en place d’une couverture chauf-
fante est facilement réalisable en médecine préhospitalière, même si à ce jour, peu de
SMUR en sont équipés [12].
A la phase initiale du réchauffement actif, une aggravation de l’hypothermie secon-
daire à la vasodilatation périphérique entraînant un afflux de sang refroidi vers le noyau
central peut s’observer. C’est le phénomène d’after drop [6]. Il peut également être
observé lors de mobilisations importantes des patients hypothermes.
Le traumatisé crânien grave constitue un cas particulier. De nombreuses études
expérimentales ont montré une neuroprotection par l’hypothermie en cas d’ischémie
cérébrale. Toutefois, ces effets n’ont jamais été formellement confirmés chez le trau-
matisé crânien en raison de nombreuses difficultés méthodologiques (précocité,
profondeur et durée de l’hypothermie, gestion de la capnie...). Par exemple, Marion et
coll. ont montré que l’induction d’une hypothermie contrôlée et modérée (32 à 33°C)
dans les 10 heures suivant le traumatisme et maintenue pendant 24 heures, améliorait le
pronostic cérébral de ces patients [16]. Mais dans une étude récente portant sur