Mise au point à propos d’un cas clinique
CARDIOMYOPATHIE DU PÉRI-PARTUM
40 CNCH - CARDIO H - N°36
L'IRM est l'examen clé à la fois pour le diagnostic et
le pronostic. Il met en évidence un réhaussement
tardif non systématisé à prédominance sous épi-
cardique similaire à la myocardite. L'intensité du
réhaussement est corrélée au pronostic et à la récu-
pération VG.
La coronarographie diagnostique sera réalisée en
cas de doute sur un syndrome coronarien aigu. Les
biopsies myocardiques ne sont réalisées qu'en cas
de forme gravissime pour discuter de l'introduc-
tion d'un traitement immunosuppresseur.
La biologie (troponine, BNP/NT-proBNP/ CRP) est
peu spécique. Un bilan rénal, hépatique et des
lactates permettent d'évaluer le retentissement
viscéral de la cardiomyopathie. Les diagnostics dif-
férentiels sont les suivants :
- CMD idiopathique préexistante à la grossesse
- CMD familiale préexistante à la grossesse
- Cardiomyopathie du VIH
- Cardiopathie hypertensive
- Cardiopathie valvulaire
- Embolie pulmonaire
- Cardiomyopathie congénitale
- Myocardite
Le traitement symptomatique consiste en une
réduction des activités physiques, une restriction
hydrosodée, un traitement par diurétiques et +/-
dérivés nitrés en cas de signes congestifs, l'intro-
duction rapide des traitements par IEC et béta-blo-
quants dès la régression des signes d'insusance
cardiaque, une anticoagulation curative du fait
du haut risque thrombotique, des digitaliques si
tachycardie sinusale. Si ces mesures s'avèrent inef-
caces, introduction des amines vasopressives
voire des mesures d'assistance circulatoire en cas
de choc cardiogénique réfractaire.
Les traitements spéciques comprennent des trai-
tements immunosuppresseurs ou immunoglobu-
line intraveineuse en cas de forme fulminante. La
question se pose dans l'avenir du traitement par
bromocriptine ou encore de la pentoxifylline avec
son eet anti TNF alpha.
Il n'existe pas de recommandations en ce qui
concerne la prise en charge obstétricale. On privilé-
gie l'accouchement par voie basse en cas de stabi-
lité maternofoetale.
Le pronostic dépend de la défaillance hémodyna-
mique initiale et de sa réponse aux mesures théra-
peutiques, des complications thromboemboliques
et de la récupération ventriculaire gauche à dis-
tance de l’épisode aigu.
Le taux de décès à phase aigue est de 10-15% lié au
choc réfractaire, aux complications emboliques et/
ou aux complications réanimatoires. Les compli-
cations emboliques sont très fréquentes justiant
d'un traitement anticoagulant au long cours si
persistance d’une dilatation ou d’une hypocinésie
ventriculaire gauche.
L'évolution se fait vers une restitutio ad integrum
dans 50% des cas (40-75% selon les études), une
stabilité des lésions dans 1/3 des cas ou sinon une
aggravation pouvant aller vers la transplantation
cardiaque. On considère qu’en l’absence de récu-
pération au bout de 3 mois (6 mois pour NHLBI)
les lésions sont irréversibles. Les facteurs de mau-
vais pronostic sont un volume télédiastolique VG >
60mm et FEVG < 20% (selon étude de 1997). Une
récidive peut s’observer dans 25-100% des cas se-
lon les études avec une mortalité de 15-20%.
Selon les recommandations de l'ESC, il faut :
- déconseiller une future grossesse chez des
femmes présentant des séquelles VG post CMP PP
- contre-indiquer une grossesse si FEVG< 50%
- procéder à une interruption médicale de gros-
sesse si dégradation de la FEVG< 50% au cours du
1er ou 2ème trimestre
- prévoir une ETT de dépistage et un suivi régulier
pendant la grossesse chez les femmes aux antécé-
dents de cardiomyopathie de péripartum avec nor-
malisation de la FEVG, aux antécédents familiaux
de cardiomyopathie dilatée et aux antécédents
familiaux de cardiomyopathie du péripartum.
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