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Revue Marocaine de Rhumatologie
A. Données de la littérature et recommandations
internationales de la kinésithérapie de l’arthrose
La kinésithérapie fait partie des recommandations pour
la prise en charge de la gonarthrose. La troisième
recommandation de l’EULAR insiste sur l’importance de
l’exercice [1].
Les recommandations de l’OARSI sont plus précises
et comprennent « exercices réguliers type aérobie, de
renforcement musculaire et d’amplitude articulaire » [2].
Une révision récente de la Cochrane de 32 études a
conclu à un bénéfice de l’exercice pour la gonarthrose,
au moins à court terme, comprenant une diminution de
la douleur et une amélioration de la fonction physique,
même si l’effet traitement est considéré comme faible, il est
comparable à celui observé pour les AINS [3].
Le consensus MOVE, comprenant une recherche de la
littérature et un travail d’experts Delphi, donne plus de
précision sur le contenu de la kinésithérapie. Le consensus
a recommandé principalement, des exercices aérobies
et de renforcement pour soulager la douleur et améliorer
le statut de santé [4]. Les exercices faits chez soi ou en
groupe sont aussi efficaces [4,5], et les patients peuvent
bénéficier du travail avec un kinésithérapeute [2].
Finalement, les exercices de proprioception pourraient
avoir la même efficacité que le renforcement de la force
musculaire [4,6].
B. Les diérents exercices
Exercices isométriques
Il s’agit d’une contraction musculaire sans mouvement avec
ou sans résistance. En cas de gonarthrose, il est préconisé
de réaliser une contraction musculaire de 6 secondes
répétée 5 à 10 fois deux à trois fois par jour. Cet exercice
a un effet de renforcement, il peut être appris au patient et
être réalisé sans contraintes et bien toléré en augmentant
d’un moindre degré la pression intra-articulaire [7].
Exercices dynamiques
Les exercices dynamiques peuvent être concentriques ou
excentriques. Il est recommandé de réaliser des exercices
isotoniques contre résistance constante durant toute
l’amplitude du mouvement [7].
Étirement musculaire
Dans l’arthrose de la hanche, les adducteurs et les
fléchisseurs sont déficitaires et rétractés ce qui provoque la
limitation de l’abduction et de l’extension de la hanche [8].
Les étirements musculaires se font en actif et en passif,
ils maintiennent et améliorent l’amplitude articulaire, la
force et la contracture musculaire [8]. Durant les poussées
inflammatoires les étirements doivent être prudemment
réalisés pour éviter toute possibilité de déchirure [7].
Les exercices en charge
Les exercices en charge sont nécessaires afin de préserver
l’anatomie et la fonction du cartilage [9] , ils entrainent
une amélioration significative de la douleur [10]. En cas
de lésions cartilagineuses importantes avec distension
capsulaire et faiblesse des muscles stabilisateurs péri-
articulaires à l’origine d’une distorsion articulaire, les
exercices en charge doivent être prudents, d’où l’intérêt
du recours à l’hydrothérapie [7].
L’exercice physique
L’exercice physique améliore l’endurance cardiovasculaire
qui atteint 60-80% de VO2 max. En cas d’arthrose les
patients diminuent leur endurance cardiovasculaire ce qui
nécessite la prescription de l’exercice physique comme
la marche, le cyclisme, la natation, le golf et le tennis,
permettant de maintenir ainsi une endurance à 60-70%
de VO2 max [11].
L’hydrothérapie
L’hydrothérapie permet initialement un travail en décharge
de l’articulation atteinte, utile pour diminuer les contraintes
articulaires lors du travail de gain articulaire, puis de
charger graduellement l’articulation en diminuant le
niveau d’immersion en eau, cette thérapie est spécialement
intéressante en cas de faiblesse musculaire associée [12].
Peu d’études sont validées pour évaluer les effets de cette
thérapie
C. Objectifs de la kinésithérapie de l’arthrose
Les principaux objectifs de la kinésithérapie dans l’arthrose
sont [13] :
- Améliorer et maintenir une amplitude correcte au niveau
des articulations atteintes permettant la réalisation des
activités courantes. Le travail de gain articulaire doit
être actif et intéresser l’articulation atteinte et toutes
les articulations avoisinantes et ceux du membre
controlatéral. C’est un travail quotidien durant quelques
minutes [7].
Les patients présentant une arthrose du genou ou de la
hanche adoptent une attitude antalgique en flexion pour
diminuer la pression intra-articulaire ce qui entraine
ultérieurement des raideurs avec retentissement fonctionnel
et psychosocial. De ce fait il est recommandé d’éviter de
mettre un coussin sous le genou, et se mettre en décubitus
ventral durant 20-30 mn plusieurs fois par jour.
DOSSIER ARTHROSE H. Belabbassi et al.