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Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01 - Octobre - novembre - décembre 2013
Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation
ment, l’autonomie du patient dans sa prise en charge
doit être encouragée, en particulier pour la pratique
de l’activité physique. Il est également recommandé de
cibler des modifi cations de comportement adaptées à
chaque patient, afi n de limiter les effets rebonds (arrêt
ou reprise brutale de l’activité physique).
Les recommandations de l’Osteoarthritis Research
Society International (OARSI) ont bien précisé les diffé-
rents domaines sur lesquels doit porter l’éducation des
patients (niveau de preuve Ia)
[9]
. Ceux-ci concernent les
objectifs du traitement et l’importance des modifi cations
du mode de vie, de l’exercice physique, de l’adaptation
des activités, de la perte de poids et d’autres mesures
pour décharger la ou les articulations endommagées.
Le contenu des programmes d’exercices est également
précisé (niveau de preuve Ia) ; les patients doivent être
encouragés à pratiquer et à continuer de pratiquer
régulièrement des exercices aérobies, de muscula-
tion et de mobilisation articulaire. Le patient doit ainsi
devenir acteur de sa prise en charge plutôt que d’avoir
recours à des stratégies passives de traitement. Il faut
toutefois dissocier, dans ces recommandations, ce qui
relève d’une simple information, d’un réel processus
éducatif visant à modifi er le mode de vie des patients,
en particulier pour ce qui concerne la pratique d’acti-
vités physiques ou la perte de poids.
Enfi n, les dernières recommandations de l’American
College of Rheumatology (ACR)
[10]
reprennent le
tryptique exercice, éducation et réduction pondérale.
Elles introduisent les exercices en balnéothérapie et
insistent sur les programmes d’autogestion prenant
en compte les dimensions psychosociales des patients.
Recommandations spécifi ques
surlaprise encharge
nonpharmacologique
Des recommandations centrées spécifi quement sur
les traitements non pharmacologiques de l’arthrose
ont récemment été publiées par la European League
Against Rheumatism (EULAR)
[11]
. Elles s’appuient
sur une approche biopsychosociale prenant en compte
l’individu et son environnement, ainsi que ses attentes
(grade Ib). Plusieurs items sont consacrés à l’éducation
du patient, à la fois sur le contenu mais également sur
la forme (individualisation, type de média). Les items
concernant la perte de poids sont ainsi particulière-
ment détaillés
(encadré)
. Concernant le contenu des
programmes d’exercices, il est tout à fait conforme aux
autres recommandations les plus récentes.
L’accent est également mis, dans les différentes recom-
mandations, sur l’importance de l’adhésion du patient
aux traitements non pharmacologiques dont l’intérêt
est majeur, en particulier pour assurer un bénéfi ce
clinique suite à la pratique d’une activité aérobie ou
d’un programme d’exercices. Les recommandations
établies par les Sociétés françaises de médecine phy-
sique et de réadaptation (Sofmer) et de rhumatologie
(SFR) sur la rééducation de l’arthrose des membres
inférieurs ont bien pris en compte l’importance de
l’éducation vis-à-vis de la pratique d’un programme
d’exercices
(12)
. Ainsi, il est recommandé d’expliquer
à un patient arthrosique le résultat attendu de ces pro-
grammes d’exercices, de proposer une auto-évaluation
par journal de bord quotidien ainsi qu’une évaluation
au long cours, par téléphone, par courrier, ou au cours
des consultations de suivi.
Diffi cultés d’implémentation
desrecommandations
nonpharmacologiques
La prise en charge une pathologie chronique comme
l’arthrose suppose un changement de comportement
des patients. Ces derniers doivent être éduqués sur
leur maladie et comprendre l’objectif des traitements
proposés. Le recours à l’ensemble des mesures non
pharmacologiques est probablement insuffi sant. Ainsi,
une étude observationnelle, multicentrique, menée sur
le territoire français auprès de 1 030médecins géné-
ralistes, a montré que seuls 48,7 % d’entre eux pres-
crivaient de l’activité physique pour une gonarthrose,
alors qu’ils étaient 95,8 % à prescrire du paracé-
tamol
(13)
. Des résultats équivalents sont retrouvés
dans la littérature concernant la perte de poids : moins
de 1patient sur2 souffrant d’arthrose déclare avoir
reçu des conseils à ce sujet
(14)
.
L’établissement d’une prise en charge non pharmaco-
logique s’appuyant sur des exercices physiques et
de l’éducation thérapeutique est très chronophage
Recommandations de l’EULAR
sur les stratégies de réduction pondérale
(11)
L’éducation concernant la réduction pondérale
doit s’appuyer sur des stratégies individua lisées
dont l’effi cacité est reconnue pour perdre du
poids sans en reprendre :
•
pesée régulière par le sujet en notant son poids
1fois par mois ;
•
réunions régulières de groupe de soutien
pour évaluer et discuter les progrès ;
•
augmentation du niveau d’activité physique ;
•
suivi d’un plan de menus structuré
dès le petit-déjeuner ;
•
réduction des apports en graisses
(en parti culier saturées), en sucre et en sel,
augmentation de la prise de fruits et légumes
(auminimum 5fois par jour) ;
•
limitation de la taille des portions ;
•
abord des comportements alimentaires
etdesfacteurs déclenchant la prise
(le stress par exemple) ;
•
réalisation d’une éducation nutritionnelle ;
•
apprentissage de la prévention des rechutes
(recours aux stratégies de
coping
par exemple).