L’hypotension orthostatique se définit comme une baisse d’au moins 20 mmHg de la pression artérielle systolique ou de 10
mmHg ou plus, de la pression artérielle diastolique. Elle est fréquente chez le sujet âgé et non dénuée de risques car souvent
associée à des chutes traumatiques ou non, ou à des syncopes. Elle est responsable d’une morbidité élevée avec perte
d’autonomie et hospitalisations répétées. Plusieurs études ont montré que l’hypotension orthostatique majorait le risque
d’accident vasculaire cérébral, de coronaropathie et de décès chez les sujets adultes. Les résultats chez les sujets âgés sont
plus contradictoires.
Le but de cette étude prospective néerlandaise était de déterminer si l’hypotension orthostatique augmentait le risque de
maladies cardiovasculaires et de mortalité toutes causes confondues chez des sujets âgés en bonne santé apparente. Il
s’agissait du suivi de plus de 7000 individus de plus de 55 ans avec recueil de tous les facteurs de risque et évènements
cardiovasculaires survenus pendant l’étude. Les données concernant cinq mille patients âgés en moyenne de 68 ans ont pu
être analysées après un suivi de plus de 6 ans. Parmi ces sujets, 38% étaient des hommes, 57,6% avaient une hypertension
artérielle, 8,9% un diabète et 17,8% (n=901) d’entre eux présentaient une hypotension orthostatique. La prévalence de cette
dernière était significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Les hypotendus étaient plus âgés que les
autres et prenaient plus d’antihypertenseurs. Ils avaient plus souvent un diabète, un indice de masse corporelle élevé et une
pression artérielle systolique plus haute que ceux sans hypotension orthostatique.
L’hypotension orthostatique est un facteur de risque important de
complications cardiovasculaires.
Nathalie Faucher,
Hôpital Bichat, Paris.
Af 579-2009 ©2009 Successful Aging SA
Verwoert GC, Mattace-Raso F, Hofman A, Heeringa J, Stricker B, Breteler M, Witteman J. Orthostatic hypotension and
risk of cardiovascular disease in elderly people : the Rotterdam Study. J Am Geriatr Soc. 2008;56:1816-1820.
Evènements cardio-vasculaires chez les sujets qui souffraient d’hypotension orthostatique (HTO) et chez les sujets témoins.
AVC = accident vasculaire cérébral.
Témoins n= 4163 HTO n= 901
Coronaropathies 668 (16%) 152 (16,8%)
AVC 503 (12%) 119 (13,2%)
Insuffisance cardiaque 571 (13,7%) 140 (15,5%)
Décès 1835 (44%) 465 (51,6%)
L’existence d’une hypertension artérielle potentialisait le risque de survenue de maladies coronariennes et de décès ; quant au
diabète, il multipliait par deux le risque d’insuffisance cardiaque.
Les auteurs ont ensuite regardé l’impact de l’hypotension orthostatique selon les classes d’âge (< 60ans, 61-70 ans et > 70
ans). Pour les plus de 70 ans qui avaient une hypotension orthostatique, il y avait une augmentation du risque de survenue
d’un AVC, d’une maladie coronarienne et de décès. Pour les moins de 60 ans, le fait d’être hypotendu augmentait le risque de
décès. Ces résultats confirment ceux d’autres études qui ont montré que l’hypotension orthostatique augmentait le risque de
mortalité et était fortement associée à la survenue d’évènements cardio-vasculaires. Plusieurs explications sont avancées par
les auteurs. Premièrement, il existe une redistribution du sang vers les membres inférieurs à l’orthostatisme entraînant une
diminution du volume sanguin thoracique de 25 à 30 %. Deuxièmement, la réduction du flux sanguin cérébral et cardiaque
secondaire à la baisse importante de la pression artérielle peut provoquer une ischémie cérébrale et / ou cardiaque. A
contrario, l’hypotension peut être le reflet d’une maladie cardio-vasculaire, d’un AVC ou d’une insuffisance cardiaque qui la
pérennisent. De même le diabète et l’hypertension artérielle s’accompagnent souvent d’hypotension orthostatique. Les
auteurs se demandent alors si l’hypotension orthostatique ne pourrait pas être un marqueur de fragilité chez le sujet très âgé.
Cette étude présente quelques limites. Tout d’abord, il n’y a eu qu’une seule mesure de la pression artérielle et une seule
recherche d’hypotension orthostatique. D’autre part, il s’agissait uniquement de sujets caucasiens et il est difficile de
généraliser les résultats à l’ensemble de la population. Enfin, l’hypotension orthostatique augmente le risque de chutes et de
fractures du col du fémur qui sont associés à une mortalité non négligeable.
Quoiqu’il en soit, l’hypotension orthostatique semble être un facteur de risque de survenue de pathologies coronariennes et
majorer le risque de décès toutes causes confondues chez des sujets âgés apparemment en bonne santé.