L’HTA après 80 ans
Pr Jacques AMAR
Service de Médecine Interne et HTA - CHU Toulouse, Hôpital Rangueil
On estime que 80 % des sujets après 80 ans sont hypertendus.
Voici un résumé des principales caractéristiques de cette hypertension.
- Il existe un très important effet blouse blanche, avec de fait un risque de sur-
traitement. Pour s’en prémunir, les recommandations HAS 2005 proposent de recourir
de façon systématique dans cette population à l’auto-mesure ou à la Mesure
ambulatoire de la pression artérielle.
- Le Risque d’hypotension orthostatique est majoré par rapport au sujet plus jeune.
Ceci a d’importantes conséquences pratiques car l’hypotension orthostatique est à la
source d’un risque iatrogène accru. La recommandation HAS propose de la
rechercher systématiquement lors de la découverte de l’HTA, lors de l’installation du
traitement et au décours.
- Il s’agit d’une HTA essentiellement systolique pure, liée à une augmentation de la
rigidité des gros vaisseaux.
- Le bénéfice du traitement est accru dans cette population, avec une réduction du
risque relatif d’Accident vasculaire cérébral de 40%, du risque d’Infarctus du
myocarde de 30 % , du risque d’insuffisance cardiaque de 60% et du risque de
démence de 20%. Il ne faut donc pas laisser nos hypertendus âgés sur le bord du
chemin du traitement.
- L’objectif thérapeutique chez les patients après 80 ans est une baisse de la PAS <
150 mmHg et ou une baisse de 20 mmHg de la PAS par rapport aux chiffres de départ.
- Au plan du traitement, 2 classes thérapeutiques ont été bien validées, les
Inhibiteurs calciques de la famille des dihydropiridines et les diurétiques thiazidiques.
A cet égard, il faut rappeler que les diurétiques de l’anse ne sont pas à utiliser chez le
patient hypertendu âgé, sauf insuffisance rénale définie par une clairance de la
créatininémie < 30 ml/min ou insuffisance cardiaque.
Si l’objectif thérapeutique n’est pas atteint, la stratégie thérapeutique qui a été validée
dans les essais randomisés est l’ajout d’un IEC. On tiendra compte de l’élimination
rénale de cette classe, et de fait une posologie réduite est requise.
- Il existe un risque iatrogène accru. Ce risque iatrogène est lié à la polypathologie
fréquente chez ce patient, à la polymédication qu’elle entraine, aux troubles cognitifs,
aux risques de chute majorée.
Pour s’en prémunir, il convient
1) de disposer de la totalité de l’ordonnance prise par le patient de façon à limiter le
risque d’interaction,
2) connaitre la fonction rénale de manière à adapter les posologies,
3) guider son traitement par l’automesure,
4) et enfin disposer d’une évaluation cognitive pour mieux situer les conditions
réelles de prises. A cet égard, une évaluation gérontologique est souvent utile.