DOSSIER
18 Santé-MAG N°07 - Juin 2012
Docteur Gérard MICK,
spécialiste français de la migraine
Interview
La migraine est-elle une maladie fré-
quente et pourquoi s’y intéresse t’on
autant, aujourd’hui ?
La migraine est une pathologie, qui
affecte 12 à 15% de la population, dans
le monde. Elle peut survenir, pratique-
ment, à tout âge ; touche, essentielle-
ment, la population jeune en activité,
mais, peut être un facteur de perte de
qualité de vie, chez les patients âgés,
également. Il est important de s’en
soucier, aujourd’hui: en effet, les traite-
ments préventifs mais, également, les
traitements curatifs, ceux de la crise,
sont multiples, efficaces et il n’est plus
question de considérer la migraine
comme une fatalité, en laissant des
patients souffrir, parfois, pendant plu-
sieurs jours, avec, d’autre part, une an-
goisse anticipatoire de la survenue des
crises ultérieures, qui altèrent, consi-
dérablement, leur qualité de vie. Il est
toujours possible de traiter une crise
migraineuse, en 2012, et il est toujours
possible d’accompagner un patient,
avec des moyens pharmacologiques et
non pharmacologiques, pour réduire la
fréquence et la sévérité des crises, tout
au long de la vie.
Est-il facile de faire le diagnostic de
migraine ?
Il est extrêmement facile de faire le dia-
gnostic d’une migraine, car les patients
présentent des crises relativement
similaires, avec des signes caractéris-
tiques et en particulier, des signes di-
gestifs et des signes d’hypersensibilité
sensorielle, qui accompagnent le mal
de tête. Ce mal de tête est, la plupart du
temps, modéré à sévère, altère la pour-
suite des activités en cours et surtout,
est aggravé par l’effort physique, ou les
mouvements de la tête. Des critères
diagnostics ont été énoncés par les
experts internationaux et il existe des
questionnaires, très simples à utiliser,
en pratique quotidienne, pour faire le
diagnostic, avec une grande confiance. Il
n’y a, donc, aucun obstacle, aujourd’hui,
à la réalisation d’un diagnostic par un
médecin, quel qu’il soit, en 2012.
Comment expliquer que de nom-
breux patients ne consultent pas ou
n’utilisent pas les traitements spé-
cifiques de la migraine, alors qu’ils
sont très gênés par celle-ci ?
Beaucoup de patients ne savent pas
qu’ils présentent une migraine, ou
bien ne parlent pas de leurs cépha-
lées, à un médecin : c’est à celui-ci
de poser la question, de façon assez
systématique, car la céphalée est un
symptôme extrêmement courant.
D’autre part, quel que soit la culture,
il existe un certain fatalisme, chez
les migraineux, puisque les crises
reviennent, inéluctablement, chez la
plupart d’entre eux et que l’histoire
de leur migraine s’inscrit dans une
histoire personnelle et familiale :
souci, stress, hyperémotivité, anxiété,
baisse de moral, insomnie, aggravent
la sévérité de la migraine. Le carac-
tère, génétique, de la migraine est,
évidemment, très marqué, quoique
non obligatoire. Enfin, souvent les
patients migraineux et même des
médecins, ne savent pas qu’il existe
des traitements, radicaux, pour les
soigner et ils ne les demandent, donc,
pas ou s’imaginent qu’il est inutile de
s’occuper d’une pathologie, somme
toute bénigne et non curable. C’est
aux médecins, aux autorités, aux
acteurs de santé, de faire prendre
conscience, à la population et à leurs
collègues, que traiter la migraine
est, aujourd’hui, possible et simple,
en 2012.
Quel type de traitements existe-t-
il, pour soulager une crise migrai-
neuse?
Il existe de nombreux traitements,
mais deux familles se distinguent par
leur efficacité, d’une part, leur simpli-
cité d’usage, d’autre part. Tout d’abord,
il existe les anti-inflammatoires non
stéroïdiens, qui sont utilisés, par la
plupart des patients, notamment dès
le début de leur histoire migraineuse,
mais qui ne sont pas, toujours, effi-
caces sur des crises, notamment sé-
vères ou traitées tardivement.
La famille la plus efficace, la plus sûre
également, est la famille des triptans.
En Algérie, le seul triptan disponible
est RELPAX, qui peut être utilisé à
1 ou 2 comprimés, lors d’une crise.
Toutes les études scientifiques, ainsi
que les études, réalisées après la
mise sur le marché, c’est-à-dire dans
la population générale, ont confirmé
l’extraordinaire efficacité de cette
famille thérapeutique, la simplicité
d’usage (1 crise, 1 prise) et enfin,
leur sécurité d’emploi. Il était, aupa-
ravant, suspecté que cette famille de
traitements avait des propriétés de
constriction des vaisseaux sanguins,
qui rendaient leur usage délicat, ou
même dangereux. Aujourd’hui, il est
démontré, depuis plus de 20 ans, que
cette famille thérapeutique existe,
qu’elle n’a aucune dangerosité spéci-
fique, lorsqu’elle est utilisée chez des
patients, pour lesquels les contre-