LIBÉRALE Migraine Une maladie reconnue par l’entreprise Encore mal comprise du grand public, la migraine affecte 12 % de la population, dont 75 % de femmes et 5 % d’enfants. Son coût amène les entreprises à réfléchir en interne sur des actions d’aide aux migraineux. I l ne faut pas confondre migraine et mal de tête. La migraine repose sur un ensemble de critères précis. Elle survient par crises et dure quelques heures à trois jours. La crise peut s’accompagner de bâillements répétés, d’une douleur forte, souvent d’un seul côté de la tête, augmentée par l’activité physique ou les efforts les plus simples. Les maux de tête, souvent décrits comme des battements, des pulsations, peuvent être associés à des nausées ou des vomissements. Le bruit et la lumière vive sont difficiles à supporter. Plusieurs facteurs déclenchent la migraine sans en être la cause. Ce sont les facteurs environnementaux, psychologiques, physiologiques, alimentaires. Chaque migraineux vit sa migraine de façon différente, car celle-ci est variable selon le contexte de survenue, l’intensité et la fréquence des crises, et suivant son évolution dans le temps. La plupart des migraineux vit avec fatalisme cette maladie, en ayant recours uniquement à de l’automédication. Ce qui en fait une maladie sous-évaluée alors qu’elle représente un problème de santé publique. Le diagnostic repose sur l’interrogatoire, l’examen neurologique normal et un ensemble de critères cliniques précis. Les mécanismes sont complexes. La maladie est d’origine neurovasculaire, les céphalées étant liées à une vasodilatation excessive des artères cérébrales. On suppose que la crise naît de perturbations à ce niveau, celles-ci s’enchaînant par l’intermédiaire du trijumeau. Cette implication du système nerveux justifie la relation au stress, aux nausées et vomissements. Il existe deux sortes de migraines : avec ou sans aura. La migraine avec aura est moins fréquente, mais les deux types de crises peuvent survenir chez un même patient. Reconnue comme une maladie La migraine fait l’objet de nombreuses recherches. De multiples traitements peuvent déjà être utilisés et des consultations spécifiques existent dans les grands hôpitaux. Les médicaments sont les antal- 44 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 25 - avril 2001 giques (anti-inflammatoires, aspirine, paracétamol), les antimigraineux spécifiques dérivés de l’ergotamine et les triptans. Le sumatriptan a été le premier agoniste sélectif des récepteurs à la sérotonine, qui joue un rôle dans la physiopathologie de la crise. La dernière forme galénique commercialisée, le spray, s’administre par pulvérisations nasales. La maladie migraineuse n’est pas une maladie grave en termes de mortalité/morbidité. Mais elle a un retentissement majeur sur le plan fonctionnel. Son coût économique est considérable. Il y a dix ans, les coûts directs étaient évalués à environ 5 milliards de francs annuels. Ce sont aussi 18 millions de journées d’arrêt de travail/an auxquelles s’ajoute la diminution de l’efficience au travail. Cette maladie affecte donc principalement les actifs : six millions de Français sont concernés dans une tranche d’âge de 20 à 59 ans, avec un pic de prévalence entre 30 et 39 ans. C’est pourquoi les entreprises, lieu d’émergence de la maladie migraineuse, prennent des initiatives pour la considérer autrement. A.-L.P. Noémie, un projet dans l’entreprise La crise de migraine peut survenir à tout moment dans le contexte professionnel ou extraprofessionnel. Les services de médecine du travail participent à une opération nationale de dépistage et de suivi de la migraine, particulièrement mal comprise dans le milieu professionnel. Le projet Noémie (Nouvel Observatoire Épidémiologique Migraine Initié en Entreprise), initié par Glaxo Wellcome, implique l’entreprise dans la prise en charge du patient migraineux. L’objectif est d’implanter un centre d’observation par région et dans le plus grand nombre d’entreprises, fondé sur la communication et la prévention. Quatre entreprises se sont lancées dans le projet : PSA Peugeot-Citroën de Rennes, la Redoute à Roubaix, le CHU de Rouen, le CHG de Vichy et la préfecture du Vaucluse.