Du banal au grave
O
n admet, actuellement, que
tout patient souffrant d’une
des vomissements, de la fièvre qui
peut être parfois peu élevée ou
absente), la thrombose veineuse,
l’encéphalite, l’hématome sous-
dural (notion de traumatisme),
l’hypertension intracrânienne ai-
guë (le fond d’œil montre un
œdème papillaire), les douleurs
d’origine ORL, ophtalmologique
ou cervicale ou encore l’artérite
temporale chez le patient de plus
de 60 ans présentant une altéra-
tion de l’état général. Il faut savoir
que ce dernier doit bénéficier
d’un traitement corticoïde urgent
pour éviter le risque de cécité
définitive.
Lorsque les céphalées aiguës évo-
luent par crises, il s’agit, le plus
souvent, d’un accès migraineux,
plus rarement de l’algie vasculaire
de la face qui est caractérisée par
des accès douloureux intenses à
type de brûlures survenant une
ou plusieurs fois par jour pendant
une période de quelques se-
maines. Tandis qu’une douleur
en éclair pouvant disparaître en
quelques secondes et se repro-
duire après un temps de latence
plus ou moins long signe une né-
vralgie du trijumeau.
Dans le service d’urgences, on
constate que la crise migraineuse
est le diagnostic le plus fréquent.
La migraine n’est pas toujours
unilatérale, la douleur est volon-
tiers pulsatile, atteignant son
maximum en quelques heures,
associée à des troubles digestifs
et à la photophobie, précédée
d’un déficit neurologique bref
visuel dans la migraine avec
aura, alors que l’examen neuro-
logique est normal. A souligner
que toute modification de la
céphalée chez un migraineux
connu impose le recours aux exa-
mens complémentaires.
Les neurologues sont préoccupés
par le problème de l’abus mé-
dicamenteux qui est à l’origine
des céphalées chroniques quo-
tidiennes qui concernent 3 à
5 % de la population des migrai-
neux. En effet, de nombreux mi-
graineux considèrent qu’ils peu-
vent se “débrouiller tout seul”, en
utilisant des antalgiques et des
anti-inflammatoires en automé-
dication. Devant la persistance,
(au-delà de 72 heures) d’une cé-
phalée ayant débuté comme un
accès migraineux ou devant un
état de mal migraineux, il faut
hospitaliser le patient pour un se-
vrage aux antalgiques.
Dans le domaine de la migraine,
l’arrivée prochaine d’un nou-
veau triptan représente un nou-
vel espoir pour les patients qui
n’ont pas répondu à ceux exis-
tant. En somme, il s’agit d’une
nouvelle réserve de puissance de
traitement de la migraine per-
mettant d’élargir les soins à un
nombre de patients qui n’ont pas
encore trouvé une solution thé-
rapeutique efficace, y compris
des patientes qui souffrent d’une
migraine cataméniale.
Ludmila Couturier
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Céphalées aiguës
La céphalée est un symptôme d’une grande banalité. Cependant,
devant une apparition soudaine, installée en quelques minutes
ou en quelques heures, un diagnostic approfondi s’impose.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No39 - août-septembre 2002
céphalée récente, qu’il s’agisse
d’un symptôme nouveau ou
d’une modification de la dou-
leur chez un céphalalgique an-
cien, devrait bénéficier d’un dop-
pler et d’un scanner en urgence,
éventuellement d’autres examens
complémentaires (angio-IRM,
ponction lombaire).
Des origines diverses
La recherche d’une cause de cé-
phalée repose d’abord sur l’in-
terrogatoire rigoureux (comment
la céphalée s’est-elle installée, son
évolution, les circonstances de
déclenchement, le contexte, etc.)
et sur l’examen clinique recher-
chant systématiquement des
signes associés.
Ainsi, l’extrême brutalité d’ins-
tallation de la céphalée s’accom-
pagnant de signes méningés
évoque une hémorragie ménin-
gée ; celle qui apparaît simulta-
nément avec l’installation de
signes neurologiques focalisés
oriente vers un accident vascu-
laire (AVC) hémorragique ou is-
chémique. Rappelons à ce propos
l’importance de la reconnaissance
des premiers signes de l’AVC (très
souvent, les patients ne recher-
chent pas une aide suffisamment
rapidement), dont le pronostic est
meilleur si la prise en charge est
précoce. Le rôle des infirmières
est crucial pour la reconnaissance
des modifications cliniques d’un
AVC en évolution, notamment
l’apparition de troubles de la
conscience et de troubles de la
déglutition.
Autres causes possibles des cé-
phalées aiguës : la dissection ca-
rotidienne, la méningite (pré-
sence de la raideur de la nuque,
La migraine
chez l’enfant
Si la pathologie migraineuse est
bien connue chez l’adulte, elle
l’est moins chez l’enfant. Elle
n’est bien connue ni par le su-
jet lui-même, ni par les parents,
ni par les médecins. Pourtant,
c’est la première cause de cé-
phalées récurrentes chez l’en-
fant, bien avant les problèmes
ophtalmologiques et rhinosinu-
siens. La symptomatologie cli-
nique de la migraine chez l’en-
fant est la même que celle de
l’adulte.