Q u e s t i o n s d e c o n s u ltat i o n sur le vif Quels traitements de fond faut-il proposer dans la migraine ? Le but du traitement de fond est de diminuer la fréquence des crises. Aucun traitement ne permet de faire disparaître définitivement la migraine, ce qu’il faut expliquer au patient. Le traitement de fond ne se justifie qu’en cas de crises fréquentes (au moins trois crises par mois), avec céphalées sévères et longues, répondant mal aux traitements de crise et entraînant un retentissement important sur la qualité de vie et l’activité professionnelle. Les médicaments majeurs utilisés dans le traitement de fond de la migraine sont ceux dont l’efficacité a été démontrée dans au moins deux essais contrôlés contre placebo. Il en existe une quinzaine : cinq bêtabloquants, à savoir le propanolol (Avlocardyl®), le timolol (Timacor®), le métoprolol (Lopressor®, Seloken®), l’aténolol (Ténormine®) et le nadolol (Corgard®) ; le pizotifène (Sanmigran®) ; la méthysergide (DésernilSandoz®) ; l’oxétorone (Nocertone®) ; la flunarizine (Sibélium®) ; l’amitriptyline (Laroxyl®, Elavil®) ; les anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que le naproxène sodique (Apranax®) ; enfin, le valproate de sodium (Dépakine®). D’autres substances peuvent aussi être utilisées en traitement de fond : la dihydroergotamine (Seglor®, Tamik®...), l’aspirine, l’indoramine (Vidora®) et le vérapamil (Isoptine®). Le choix d’un médicament de fond dans la migraine dépend de plusieurs facteurs : les contre-indications, le type de la migraine, les pathologies associées du patient et les effets secondaires. Ainsi, en présence d’une hypertension artérielle associée, les bêta- 58 bloquants sont choisis, alors qu’en cas de syndrome dépressif, c’est l’amitriptyline. Chez la femme jeune qui redoute de prendre du poids, il faut choisir en premier lieu les bêtabloquants et éviter le pizotifène, l’amitriptyline, la flunarizine et le valproate de sodium, qui seront prescrits chez un sujet maigre et sportif. En cas de crises fréquentes de migraine avec aura, on prescrit de préférence l’aspirine et on évite les bêtabloquants, avec lesquels des aggravations de ce type de crises ont été décrites. Dans la plupart des cas, il est impossible de prédire quel médicament aura la meilleure efficacité sur un patient donné ; c’est pourquoi il sera souvent nécessaire d’essayer plusieurs traitements avant de trouver le plus approprié. Il faut éviter les associations thérapeutiques, qui n’ont pas prouvé leur supériorité par rapport à la monothérapie et occasionnent des effets secondaires. Les doses des médicaments sont toujours augmentées très lentement afin d’éviter les effets secondaires, en visant néanmoins la dose maximale tolérée. La tenue d’un calendrier des crises permet de mieux apprécier l’efficacité du traitement de fond, qui doit être pris pendant au moins deux ou trois mois avant d’être évalué. À la fin de cette période, en cas d’échec, un autre traitement est proposé. En cas de succès, la dose efficace est maintenue pendant environ six mois, puis on diminue lentement les doses afin d’essayer d’arrêter le traitement ou, au moins, de trouver la dose minimale efficace. Mohamed El Amrani, centre d’urgences céphalées, hôpital Lariboisière, Paris Correspondances en médecine - n° 1, vol. III - janvier/février/mars 2002