2/4
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF16217.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
Dans un régime économique préindustriel très fortement soumis aux brusques variations que pouvaient
provoquer une mauvaise récolte ou une épidémie, les revenus du travail suffisaient à peine à assurer
l'entretien du ménage, surtout pour les salariés des classes populaires, tant urbaines que rurales (par
exemple les journaliers). Comme les salaires, en termes nominaux, étaient relativement stables, les revenus
réels fluctuaient en fonction de l'évolution, parfois très volatile, du prix des denrées de base. La crise
démographique, dès le milieu du XIVe s., occasionna de lourdes pertes de revenus pour les agriculteurs du
Moyen Pays, tout comme pour leurs seigneurs. De larges couches de la population se trouvèrent endettées et
appauvries. A partir du XVIe s., les prix des produits agricoles et artisanaux augmentèrent, tandis que
diminuait le revenu réel du travail salarié. Bientôt la situation s'aggrava encore dans les secteurs exposés à la
concurrence de l'industrie à domicile (en particulier dans le textile). Dans les villes, les artisans regroupés en
corporations tentèrent d'assurer leurs revenus en amenant les autorités à édicter des restrictions d'accès aux
métiers. La protoindustrie, quoique très diversement développée selon les régions, offrait un appoint à de
larges couches de la population. Dans l'artisanat urbain et dans l'agriculture, le travail des enfants et des
jeunes contribuait pour une part essentielle aux revenus des ménages.
Auteur(e): Oliver Landolt / LA
2 - XIXe et XXe siècles
Sous l'effet de l'industrialisation, la part des rétributions versées en nature recula fortement. En 2007, un
ménage moyen consacrait 61% de son revenu à la consommation (acquisition de biens et de services), 32% à
des dépenses de transfert (impôts, assurances, cotisations) et 7% à l'épargne. L'élément déterminant pour
l'évaluation du niveau de vie n'est pas le montant nominal du revenu, mais la quantité de biens et de services
dont il permet l'acquisition, c'est-à-dire ce qu'on appelle le revenu réel.
La comptabilité nationale renseigne sur l'importance des divers éléments qui composent le revenu des
ménages, mais c'est seulement depuis le milieu du XXe s. qu'elle est établie sur une base solide. Malgré des
imprécisions, les chiffres montrent qu'au XXe s., le revenu moyen en Suisse est l'un des plus élevés au monde.
Parmi les composants du revenu national, les salaires occupent le premier rang; leur part, qui était d'un peu
moins de la moitié avant la Deuxième Guerre mondiale, est ensuite passée à plus des deux tiers. La part du
revenu commercial des indépendants est tombée d'un quart en 1910 à moins d'un dixième, en raison surtout
de la régression de l'agriculture. La part des revenus de la fortune était, pour les ménages, de moins d'un
dixième dans la seconde moitié du XXe s. Quelques types de revenus échappent habituellement aux
statistiques, comme les compléments salariaux (frais au forfait, avantages tels que restaurant d'entreprise,
place de parc gratuite, etc.), la contre-valeur de la production destinée à la consommation propre dans
l'agriculture et dans les ménages, les revenus non déclarés (économie souterraine, fraude fiscale) ou
l'augmentation de la valeur de la fortune. En 1997, sous l'effet d'une hausse exceptionnelle, la plus-value des
actions cotées à la Bourse suisse dépassa la somme de tous les revenus des activités lucratives.
La répartition des revenus du travail peut s'analyser selon divers critères. D'une manière générale, les
hommes gagnent en moyenne plus que les femmes (env. un quart de plus en 2009). Cette différence est
particulièrement accusée chez les indépendants (y compris dans les exploitations familiales) et les cadres
supérieurs. Un autre critère est la situation hiérarchique: les employés à fonction dirigeante gagnent
sensiblement plus que les indépendants et les salariés ordinaires. Les titulaires d'un diplôme universitaire ont
en moyenne un revenu deux fois plus élevé que les personnes actives n'ayant pas fait d'études. La branche
d'activité joue aussi un rôle. Selon les statistiques, les revenus moyens les plus bas sont recensés dans
l'agriculture. Ils sont nettement plus élevés dans le secteur secondaire, tandis que dans le tertiaire, il existe
un fossé entre des branches à faibles revenus comme l'hôtellerie ou le commerce de détail d'une part, et les
banques, les assurances et l'administration publique d'autre part. De 1955-1956 à 1973-1974, la part des
20% de contribuables les plus riches à l'ensemble du revenu net a baissé, passant de 52% à 46%, alors que la