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l'alimentation, qui reflètent la tendance générale à la spécialisation des travaux et des fonctions, se laissent
de mieux en mieux appréhender au Ier millénaire. Quelques sites suisses ont livré des amphores à vin et à
huile en provenance de la Méditerranée occidentale.
Sous l'Empire romain, les couches aisées adoptèrent de nouvelles habitudes alimentaires, telle la
consommation de garum (sauce à base de poisson, importée de Méditerranée). La Viticulture et les Cultures
fruitières s'élargirent. Dans les grandes villae (où l'on consommait des huîtres, des asperges, des figues, des
dattes, des épices exotiques), la table des maîtres se différenciait de celle des serviteurs, par exemple dans le
choix des viandes. Si les historiens pensaient autrefois qu'au nord des Alpes l'Horticulture avait disparu au
Ve s. pour renaître plus tard sous l'influence des abbayes, les opinions actuelles sont plus nuancées: il semble
que la culture des Jardins, des arbres fruitiers, des légumes, des plantes condimentaires (Epices) et des
Plantes médicinales ait survécu au moins localement aux bouleversements de l'Antiquité tardive.
Auteur(e): Margarita Primas / PM
2 - Moyen Age
L'accroissement de la population rendit nécessaire une agriculture plus intensive, tandis que le rôle de la
cueillette en forêt et de la pâture diminuait. Les premières sources écrites médiévales valent pour le monde
monacal. Dans ses Benedictiones ad mensas (avant 1025), Ekkehard IV, moine de Saint-Gall, énumère les
mets et les boissons qu'il connaît personnellement ou par la littérature: diverses sortes de pains
(Boulangerie), sel, poissons, volaille, viande de boucherie, gibier, produits laitiers (Industrie laitière), fruits,
herbes et épices, légumes, champignons, vin, cidre, vin épicé, hydromel et bière.
L'alimentation du bas Moyen Age est mieux connue. Pour une grande partie de la population, les céréales (ou
les Châtaignes au sud des Alpes) dominent, suivies par les Légumineuses, les légumes, les fruits secs ou
cuits, complétés quand tout va bien par de la viande. Bouillies et pain étaient la base de l'alimentation
quotidienne, les salaires versés en nature l'étaient souvent sous forme de pain. On ne consommait guère,
même dans les régions d'Elevage, les produits laitiers, destinés à l'exportation, mais seulement des sous-
produits, en complément aux céréales. Cependant, le beurre était largement utilisé en cuisine, comme le
montrent de nombreuses dispenses de maigre. Le fromage, riche en calories, était l'aliment préféré des
moissonneurs.
La consommation de viande était plus élevée au bas Moyen Age qu'elle ne le sera dans la période suivante,
où l'approvisionnement se détériorera à la suite de la hausse de la population et d'une stagnation de la
production. Les contrats d'admission à l'hôpital du Saint-Esprit de Saint-Gall, par exemple, montrent que
même les pensionnaires les plus défavorisés recevaient un régime varié. On connaît l'alimentation des hautes
classes et leur goût pour la viande et les abats grâce aux livres de recettes et aux ordonnances alimentaires:
le Viandier attribué à Taillevent, maître queux du roi de France Charles V (ouvrage du milieu du XIVe s., connu
en Suisse), le Fait de cuisine de maître Chiquart (vers 1420) pour la cour de Savoie, l'ordonnance de l'abbé de
Saint-Gall Ulrich Rösch (1480) pour la cour de Wil. Lors des jours d'abstinence, répartis tout au long de l'année
liturgique, on renonçait à la viande pour le poisson, réputé maigre et d'ailleurs consommé en tout temps. Les
bourgeois des villes s'approvisionnaient soit sur les domaines qu'ils possédaient à la campagne, soit au
marché, surveillé par les autorités. Les denrées refusées par les contrôleurs, pas forcément avariées, étaient
vendues à bas prix ou données aux pauvres. Les classes moyennes et inférieures ne mangeaient de la viande
que les jours de fête ou au moment de "faire boucherie"; par exemple les paysans du Petit-Huningue
voulaient avoir, le jour où ils payaient leurs dîmes, du bœuf au poivre, du veau, de la poule, du pain blanc, du
vin rouge et blanc. Les comptes du chantier de la cathédrale de Bâle pour l'entretien de ses ouvriers en 1438,
année de crise, sont intéressants: en dehors des céréales (non mentionnées), les viandes représentent 54%
des dépenses, le poisson 27%, y compris les poissons de mer salés ou séchés.
L'alimentation du bas Moyen Age est connue notamment par les fouilles réalisées dans d'anciennes latrines à