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29/05/2008 |
Globalisation
Forgé au milieu des années 1980 dans les écoles américaines de management, le concept de globalisation
(global economy; en français aussi mondialisation) qualifie l'ouverture internationale des économies
nationales et des entreprises, leurs interdépendance et intégration croissantes dans un marché mondial de
production et d'échanges. Ce processus se prolonge dans l'interpénétration culturelle des nations: accentuée
par le déploiement des migrations humaines, le tourisme de masse et l'influence des médias (télévision,
Internet), elle tendrait à l'uniformisation planétaire des modes de vie, notamment à leur américanisation.
Perçue comme un phénomène nouveau par l'opinion publique à la fin du XXe s., la mondialisation a une
longue histoire derrière elle. Le décloisonnement des continents prit d'abord appui sur la circulation des
techniques (de l'Asie à l'Islam et de là vers l'Europe), puis, dès le XVIe s., sur l'expansion mondiale des
espaces de l'échange, enfin, à partir du XIXe s., sur l'intensification des liens financiers entre pays et sur les
migrations intercontinentales du travail. Bien avant que se soit formé en Suisse, dans la seconde moitié du
XIXe s., un marché national, celle-ci avait développé des affaires fortement extraverties. Dans l'Europe des
foires médiévales, où se retrouvaient les acteurs des premières "multinationales", telle la puissante
Compagnie Diesbach-Watt, Genève fut au XVe s. un centre de règlements financiers de première importance,
au cœur de l'échange de produits acheminés de l'Orient et du bassin méditerranéen à la Baltique, de la
Russie à l'Espagne. Du XVIe au XVIIIe s., tandis que le négoce helvétique s'ouvrait aux nouveaux mondes
(Colonialisme), la multiplication en Suisse des lieux de marché et l'expansion de la consommation urbaine et
rurale fondaient une "économie globale", intégrant les réseaux commerciaux locaux et régionaux au grand
négoce international (Commerce, Economie de marché, Industrialisation).
Toutefois, c'est le XIXe s. qui vit l'émergence d'une économie véritablement mondiale, la formation d'un
"marché de tout l'univers" - l'expression est de l'économiste genevois Jean Charles Léonard Simonde de
Sismondi - et l'importance grandissante d'entreprises multinationales aux stratégies désormais
intercontinentales. Conséquence du capitalisme international, du développement de nouveaux moyens de
transport, abaissant leur coût (navigation à vapeur), et des techniques de transmission de l'information
(télégraphie, téléphonie), le processus d'internationalisation changea d'échelle et se caractérisa notamment
par la mise en place d'un système cohérent d'échanges multilatéraux s'appuyant sur un système monétaire
international (Etalon-or).
En comparaison avec d'autres pays, l'économie suisse était en 1914 déjà fortement internationalisée. La part
des échanges extérieurs dans le PIB était alors plus importante qu'à la fin du XXe s. Le mouvement
d'internationalisation de la production industrielle helvétique, après de premières délocalisations en Europe
dès les années 1870, s'accéléra au début du XXe s. pour gagner l'outre-mer. La Suisse prit aussi une part
active à l'élaboration de quelques grands organismes internationaux et aux expositions universelles. Mais
l'interdépendance croissante des marchés eut aussi des aspects négatifs. L'afflux en Europe des céréales et
de la viande d'Amérique du Nord et d'Argentine jeta la paysannerie dans de graves difficultés. Choc en retour,
des milliers de Suisses, ruraux, chômeurs, émigrèrent alors outre-mer (Emigration).
Considérablement freiné par la dépression des années 1930 (Crise économique mondiale) et la
désorganisation des relations économiques et politiques internationales, le processus d'intégration trouva
après la Deuxième Guerre mondiale de nouveaux moteurs, entraînant des changements structurels majeurs
auxquels la Suisse n'échappa pas: libéralisation des échanges dès les années 1960 (Organisation mondiale du