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différentes catégories linguistiques. Cela suppose de prendre en compte la langue dans
toutes les disciplines scolaires ainsi que les langues comme matières. Là aussi, les liens entre
les cases de la plateforme sont importants.
Mais la deuxième perspective qui consiste à faire des distinctions plus fines lorsqu’il y a lieu
est tout aussi importante.
L’approche de la langue dans les disciplines scolaires qui a fait l’objet de la première session
de la conférence nous demande de remettre en cause l’idée que certaines matières ont à
voir avec la langue et d’autres non et de reconnaître que la langue est fondamentale pour
toutes les matières. Elle nous demande de dépasser l’horizon de la catégorie monolithique
de la langue dans la salle de classe et de constater que d’autres subdivisions peuvent
améliorer la pédagogie. A titre d’exemple, il ressort de la distinction opérée entre « langue
familière de base» et « langue académique » que certains élèves peuvent être moins à l’aise
avec la langue des matières scolaires, même s’ils ont une bonne maîtrise langagière dans
des situations sociales et peuvent donc donner l’impression de « bien maîtriser la langue »
.
Ou bien, pour prendre un autre exemple, cette distinction amène les enseignants des
différentes matières à ne pas penser qu’il doivent seulement apprendre aux élèves à écrire
mais qu’il leur faut être plus précis sur le type d’écriture qu’ils demandent aux apprenants :
genre (lettre, rapport, dissertation, brochure…) ou type de texte (narration,
description/présentation, argumentation, instruction, …) et partant, à se concentrer
davantage sur le type de soutien qu’ils doivent leur offrir.
D’autres aspects du projet remettent en cause les postulats qui sous-tendent les termes et
les catégories habituels. L’évaluation fondée sur une conception globale de la langue ne
reconnaît pas que certains élèves peuvent écrire mieux qu’ils ne lisent, qu’ils ne parlent ou
qu’ils n’écoutent ; un profil plus complet de tel ou tel étudiant réussissant dans certains
aspects de la compétence linguistique peut être un meilleur indicateur qu’un niveau unique.
L’expression « langues de la migration » peut faire penser implicitement que toutes ces
langues sont les mêmes. En utilisant la formule unique « langue de scolarisation », on peut
négliger des possibilités d’utiliser plus d’une langue pour l’apprentissage et l’enseignement
à l’école.
Il n’est pas question de dire que les termes et les catégories doivent être modifiée ou que
l’usage des langues doit être policé d’une manière en quelque sorte « politiquement
correcte ». Il s’agit plutôt d’être ouvert aux possibilités, en étant conscient des limitations et
de ne pas se comporter en classe et à l’école avec des habitudes acquises, sans se poser de
questions. La notion d’habitus utilisée par Eike Thürmann peut être utilement appliquée
dans ce contexte
. Un enseignant peut être d’accord avec les politiques et les idées du
plurilinguisme s’il est amené à y penser rationnellement mais se comporter en classe tout à
fait autrement (il peut ignorer totalement le fait que, pour de nombreux élèves, la langue de
la salle de classe n’est pas la langue première). En effet, les comportements ne procèdent
pas seulement de la pensée logique mais d’aspects plus profonds de l’être.
Eike Thurman attire l’attention sur quatre catégories de langues en classe. The role of languages in teaching
and learning school subjects.
Ibid.