électroménager).
On expliquera pourquoi l’analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la préservation des
possibilités de développement pour les générations futures, s’intéresse au niveau et à l’évolution des stocks de chaque type
de capital (accumulation et destruction) ainsi qu’à la question décisive du degré de substitution entre ces différents
capitaux.
Le développement durable qui désigne la capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins sans compromettre
la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins dépend en finalité de la mobilisation des quatre formes de
capitaux évoqués. Or, force est de constater que la croissance économique s’accompagne sinon d’un épuisement du moins d’une
modification profonde du capital naturel. Dès lors, une question se pose: les capitaux nécessaires à la croissance économique, au bien-
être et finalement au développement durable sont-ils substituables?
Les partisans de la « soutenabilité faible » répondent par l’affirmative à cette question car ils estiment que la nature est un
capital productif comme les autres. Ainsi, dans une hypothèse de durabilité faible, le développement est durable dès lors qu’une
génération est capable de transmettre à la génération suivante un STOCK DE CAPITAL (K) CONSTANT. En finalité, on peut admettre,
sous cette hypothèse, que la génération présente consomme du capital naturel et lègue aux générations futures davantage de capacités de
production sous forme de stocks d’équipements, de connaissances et de compétences.C’est la SUBSTITUTION. Dès lors, pour des
auteurs néo-classiques comme HARWICK ou SOLOW, la croissance économique n’est pas un obstacle à la préservation de
l’environnement mais une condition nécessaire à celle-ci. En effet, la croissance économique permet de financer des technologies
susceptibles de mieux exploiter les ressources naturelles, autrement dit la productivité de l’exploitation des richesses naturelles s’accroît
et l’intensité énergétique de la production d’une même quantité de bien diminue. De même, la croissance économique permet de financer
le capital humain et la capital technologique nécessaires à la substitution du capital naturel par du capital technologique. En effet, en
étant mieux formé et disposant d’outils plus performants, l’homme sera davantage en mesure d’innover et de créer de nouvelles
techniques et de nouveaux procédés de production. Ces nouvelles technologies et nouveaux procédés de production seront d’autant plus
utilisés que l’épuisement des ressources naturelles va accroître le prix des ressources traditionnelles et ainsi favoriser la substitution
attendue entre les anciennes et les nouvelles ressources. Enfin, la croissance économique permet de financer le développement de sources
d’énergies renouvelables: énergie éolienne, solaire etc.
En revanche pour les partisans de la soutenabilité forte,le capital naturel n’est pas un capital comme un autre et au final,
il n’est pas substituable. D’une part, le capital naturel est constitué d’éléments vitaux pour le maintien des grands équilibres écologiques
: il ne peut pas être remplacé. Dans la mesure où ces grands équilibres doivent être préservés dans leur intégralité pour assurer la vie des
générations futures. De plus, pour ces auteurs, le marché ne peut pas amener de lui-même les hommes à gérer comme il se doit les
ressources naturelles. C’est la tragédie des biens communs. En effet, comme pour ces biens il n’y a non exclusion c’est-à-dire que
comme les acteurs consomment, utilisent collectivement la ressource à titre gratuit sans subir le coût de leur prélèvement, ni de leurs
pollutions éventuelles; chaque agent peut être donc incité à prélever un maximum de la ressource disponible de manière à satisfaire son
utilité ou son profit. Ce qui à terme conduit inéluctablement à l’épuisement de la ressource.L’économiste Elinor Ostrom (prix Nobel
d’économie en 2009) montre à ce sujet pour préserver la ressource naturelle l’efficacité de la gestion communautaire ou coopérative des
ressources communes. Enfin, le progrès technique qui permet effectivement une éco-efficience ne conduit pas une baisse de la
consommation globale dans la mesure où apparaît l’effet REBOND à savoir que quand on accroît l'écoefficience dans l'usage d'une
matière première, ses usages se développent et, du coup, sa consommation globale ne diminue pas.
On évoquera, à l’aide d’exemples, les limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique
(épuisement des ressources énergétiques et des réserves halieutiques, déforestation, augmentation de la concentration des
gaz à effet de serre, etc.). On soulignera à ce propos que le PIB n’a pas été conçu pour évaluer la soutenabilité de la
croissance.
La croissance économique s’accompagne d’un ensemble de phénomènes tels que la déforestation, l’épuisement des sols,
des ressources non renouvelables et de certaines espèces animales, l’effet de serre, la pollution des nappes phréatiques, des mers,
des fleuves, ou encore l’épuisement des réserves halieutiques. Dès lors la croissance économique se heurte à des limites
écologiques indéniables.
Or, le PIB n’a pas été conçu pour évaluer la soutenabilité de la croissance. En effet, le PIB est un agrégat de la
comptabilité nationale additionnant les valeurs ajoutées des agents économiques résidents. C’est une mesure de flux et non de
stock (patrimoine). En outre, il ne prend pas en compte les externalités négatives (pollution notamment) associées à la production
parce qu’elles sont des coûts non évalués, sans contrepartie monétaire. De même, les richesses naturelles, qui sont un patrimoine,
un stock, ne sont pas incluses dans le PIB et les prélèvements sur les ressources naturelles (baisse de ces ressources) sont
considérés comme des créations de richesses puisque leurs extractions, leurs exploitations, etc. nécessitent une activité
économique; de même que leur dégradation, du fait de la nécessité de mettre en œuvre des activités de dépollution, de
reforestation etc. Au final, la soutenabilité du développement, qui suppose une projection dans le temps, nécessite l’élaboration
d’autres outils de mesure que le PIB.
Ainsi, plusieurs indicateurs ont donc été développés parmi eux on pourra citer l’épargne nette ajustée et
l’empreinte écologique. L’épargne ajustée est un indicateur élaboré dans la logique de l’approche des partisans de la soutenabilité
faible. L’épargne nette ajustée est exprimée en pourcentage du revenu national brut. Plus l’indice est élevé, plus la capacité du pays à augmenter
son patrimoine (entendu au sens large) est importante. Dans ce type d’approche, on considère que les ponctions opérées sur les ressources
naturelles épuisables peuvent être compensées par un surcroît d’investissement en capital économique ou humain (via notamment des efforts de
formation). L’empreinte écologique est un indicateur qui, au contraire, s’inscrit dans la logique de la soutenabilité forte. L’empreinte
écologique représente la surface de sol et d’océans nécessaire pour fournir les ressources consommées par une population donnée et pour
assimiler les rejets et déchets de cette population. Les ressources consommées peuvent provenir de surfaces productives situées en dehors du
territoire occupé par cette population. Le déficit ou le crédit écologique d’un pays est le rapport entre son empreinte écologique et sa biocapacité,
définie comme la surface productive disponible d’un pays. Ce type de calcul permet d’estimer si le pays vit au-dessus de ses moyens et s’il doit
importer des ressources de l’étranger pour assurer sa subsistance.