vivre le soin : la quête de la juste proximité dans la relation soignant

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Mémoire de fin d’études
Diplôme Inter Universitaire
de Soins Palliatifs et Accompagnement
Faculté de Médecine de Rennes
Session 2008-2010
Vivre le soin
La quête de la juste proximité
dans la relation soignant-soigné…
Guideur de mémoire : Marie-Noëlle Belloir Stéphanie Mahouin
Infirmière au CHU
de Rennes
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Remerciements
A Madame Marie-Noëlle Belloir, cadre infirmier à l’équipe mobile de soins palliatifs
au CHU de Rennes, pour m’avoir guidé tout au long de ce travail. Merci pour sa
grande disponibilité, son soutien, son écoute et ses précieux conseils.
A Madame Christine Morvan-Bardou, cadre infirmier supérieur pour le pôle abdomen
et à Monsieur Gwénaël Hery, cadre infirmier dans l’unide soins intensifs en gastro-
patologie, pour m’avoir permis de suivre cet enseignement et pour la confiance
qu’ils m’accordent.
A Madame Anne Guillygomarch, médecin responsable de l’unide soins intensifs en
gastro-patologie, pour ses encouragements au cours de ces deux années de
formation.
A l’équipe pédagogique du DIU en « soins palliatifs et accompagnement » et à la
promotion 2008-2010 pour ces deux années riches en enseignements et en échanges.
A mes collègues pour leur soutien et leurs témoignages dans l’enquête réalisée.
A tous les patients et leurs familles qui m’ont donné l’envie de poursuivre mon
apprentissage relatif à ma relation avec eux.
Mes remerciements sincères :
A Stéphane, Clémence et Antoine pour leur patience et leur compréhension durant
l’écriture de ce mémoire, avec tout mon amour.
A mes parents pour leur présence à nos côtés et particulièrement pour leur attention
envers les enfants pendant la réalisation de mon travail, avec toute mon affection.
A Hélène , ma sœur, pour son avis précieux, avec toute mon affection.
A Micheline et Dominique pour leurs relectures perspicaces.
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Sommaire
INTRODUCTION 4
IERE PARTIE : DECRIRE POUR COMPRENDRE 8
1. Pourquoi proximité plutôt que distance professionnelle ? 8
2. Quand un patient entre à l’hôpital… 11
3. L’évolution du système de santé et le poids de la technique 12
4. Soin et « prendre soin » 14
5. Emotions et mécanismes de défense 22
6. L’ordre enseigné 25
7. Hypothèse 29
IIEME PARTIE : OBSERVER POUR COMPRENDRE 30
I. Réalisation de l’enquête 30
1. Le choix de l’outil 30
2. La population visée 30
3. La méthode suivie pour réaliser mon enquête 30
4. Les difficultés rencontrées 31
5. Les objectifs 32
a) Objectif principal de l’enquête 32
b) Objectifs spécifiques 32
6. Le guide d’entretien 33
II. Présentation des résultats et analyse des entretiens 34
1. Prendre soin 34
a) Soins relevant du rôle propre 34
b) Soins relevant de l’ordre prescrit ou de la technicité. 5/7 36
2. Situation difficile/facile 36
a) Les difficultés liées à la dimension relationnelle: 6/7 36
b) Les difficultés liées à la douleur du patient: 3/7 39
3. Ce qui se passe pour le soignant… 39
4. Les ressources des soignants 41
a) L’équipe 41
b) La vie personnelle 41
c) Les loisirs 42
d) L’expérience professionnelle 42
5. La notion de distance professionnelle 42
6. La formation 45
IIIEME PARTIE : DISCUSSION 47
1. Le prendre soin 47
2. Les émotions du patient et du soignant 50
3. La notion de distance professionnelle 53
4. Les ressources mobilisées par les soignants 55
IVEME PARTIE : PROPOSITIONS 62
CONCLUSION 67
Bibliographie
Annexes
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Introduction
Il est sans doute déjà arrivé à certains professionnels du soin, comme à moi-même, de passer
dans la chambre d’un patient, d’effectuer le soin pour lequel ils étaient venus, pour se rendre
compte ensuite que finalement ils n’étaient pas assez attentifs à ce qui se passait autour
d’eux. Cette prise de conscience a fait naître en moi plusieurs interrogations: Ai-je entendu
ce que me disait le malade, l’ai-je observé, me suis-je réellement intéressée à lui ?
Quelles raisons peuvent expliquer cette attitude de fuite de la part du soignant?
Est-ce parce qu’il est fatigué, que le soin à réaliser demande de la concentration et peut se
révéler pénible (pour le soignant et pour le patient), que le temps est trop court ou encore que
l’infirmier ou l’infirmière est préoccupé, distrait par un évènement de sa vie personnelle
particulièrement difficile à cette période précise ? Est-ce la crainte de ne pas savoir gérer la
peur parfois de franchir la porte d’une chambre parce que l’état du patient est inquiétant ?
Cette liste d’interrogations n’est pas exhaustive, elle pourrait continuer encore. Chaque
soignant peut avoir une bonne raison de se trouver en situation de « distance froide » vis-à-
vis du patient. N’est-il pas primordial de pouvoir en prendre conscience afin de trouver les
ressources pour y remédier? Ces questions ne nous effraient-elles pas parce qu’il est possible
que nous ne sachions pas y répondre ? Le vécu de la personne que nous soignons peut nous
renvoyer à nos propres inquiétudes, à notre propre histoire….
Mes différentes expériences professionnelles ont été enrichissantes tant techniquement
qu’humainement. Mais certaines situations professionnelles et aussi personnelles observées
m’ont amenée à prendre conscience de la difficulté que représentait la prise en charge des
patients douloureux, des personnes gravement malades ou en fin de vie et de leur famille. De
ont mûri divers questionnements. Ils sont venus renforcer l’idée que pour moi soigner,
c’est être là, authentique, tenter d’apporter du confort et/ou du réconfort aux personnes qui
souffrent et remplir une fonction, celle d’infirmière.
Au cours de mes années d’exercice en cardiologie puis aux urgences, j’ai été confrontée
notamment à la douleur physique aiguë et chronique, à la souffrance psychologique, chez
des personnes de tous âges ; j’ai accompag quelquefois des patients jusqu’aux derniers
instants de leur vie. Certaines « histoires » me restent d’ailleurs en mémoire. Un monsieur en
particulier avec qui jai partagé un moment très fort avant qu’il ne décède parce qu’il
« attendait » sa femme et ses deux jeunes enfants avant de partir, me laisse un souvenir
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émouvant et positif. Le souci d’apporter des soins de qualité et de mieux-être aux malades
suscite pour moi un intérêt particulier et donne un sens à ma mission.
Aujourd’hui, infirmière en soins intensifs de gastro-hépatologie, je rencontre des patients
aux pathologies souvent lourdes, parfois en attente de greffe, parfois en fin de vie. Leur prise
en charge globale et le travail en équipe pluridisciplinaire représentent une réelle satisfaction
pour moi. Certaines situations pourtant ne sont pas simples.
Comment gérer au mieux et soulager les souffrances physiques et psychologiques, le stress
des patients et de leurs familles face à la technicité de ce service, à la maladie grave ou à la
mort ? Comment réagir devant leurs émotions, avec toute l’attention qu’ils méritent ? ….
Pour répondre à ce besoin d’optimiser ma prise en charge, je me suis formée à la relation
d’aide en passant mon premier degré d’Analyse Transactionnelle, j’ai suivi des sessions de
formation sur l’accompagnement, sur la douleur
Enfin, j’ai choisi d’approfondir mes connaissances relatives aux sciences humaines, au
processus du mourir et de la perte, au traitement de la douleur en suivant l’enseignement
menant au diplôme de soins palliatifs et accompagnement.
L’énergie qui anime les soignants ayant choisi de travailler dans le milieu de la Santé et plus
encore dans le domaine du soin, est bien centrée sur « le prendre soin de l’autre », s’occuper
de personnes malades ou en difficulté…Nous ne devenons pas soignants par hasard. Il me
semble que les individus qui décident d’exercer au plus près de ceux qui souffrent sont dotés
de valeurs humanistes avec l’espoir de soigner, de favoriser un mieux-être… « Des valeurs
humanistes altruistes sont les bases de notre discipline. C’est d’ailleurs le désir d’aider,
d’être utile et de soulager qui nous fait choisir initialement notre profession »
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Lorsqu’un soignant s’occupe d’un malade, il le prend en charge, lui apporte attention et soins
divers. Il entre en relation. Une certaine proximité peut s’installer avec le patient et sa
famille ou ses proches ; cela pourra dépendre du niveau d’investissement ou d’implication
choisi par l’accompagnant dans cette relation.
Chaque individu est un être de relation. Le dictionnaire encyclopédique Larousse définit le
mot relation comme étant une communication, un lien existant entre des choses, des
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SFAP, Collège des acteurs en soins infirmiers, L’infirmière et les soins palliatifs, savoir et pratique infirmière,
Masson, 2009, p 32
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