Écouter le patient pour mieux l’informer
L
es soignants seront de plus en
plus confrontés à des patients
la question est formulée ainsi :
«Pour vous, que vous faut-il pour
vivre au mieux votre diabète ? », les
patients soulignent le rôle dé-
terminant des soignants dans plu-
sieurs domaines, notamment ce-
lui de l’encadrement, de l’accom-
pagnement, du conseil... Et ce qui
ressort dans la façon de citer les
soignants en premier lieu, c’est
une forte demande d’écoute. Les
personnes diabétiques ont besoin
qu’on leur parle, qu’on les rassure
et les soutienne, qu’on leur per-
mette de “se sentir normales”, au-
tonomes tout simplement ! A tra-
vers l’enquête, 24 % des patients
vivent mal leur maladie à cause
de plusieurs facteurs concernant
l’entourage. En effet, il faut savoir
que le diabète n’est pas une ma-
ladie connue de tout le monde :
le manque de soutien et de com-
préhension de la part de la famille
ou la ségrégation au sein du mi-
lieu professionnel sont encore
d’actualité ! Alors, les personnes
diabétiques comptent sur le per-
sonnel soignant pour informer le
public et impliquer davantage les
familles lors d’une éducation. Ce-
pendant, les soignants ont à se
poser eux-mêmes certaines ques-
tions : «Qui est la personne diabé-
tique de type 2 que l’on prend en
charge ? Comment vit-elle son dia-
bète ? Où en est-elle dans les étapes
d’acceptation de la maladie ?
Quelles sont ses représentations de
la maladie, du traitement ? ». En ef-
fet, avant de faire un cours ma-
gistral au patient, il est important
de savoir comment ce dernier res-
sent sa maladie. En d’autres
termes, le soignant doit prendre
en compte la perception qu’une
personne peut avoir de la santé et
des maladies, du fonctionnement
du corps et des organes. Par
exemple, la maladie peut être per-
çue comme une faute ou la consé-
quence d’un comportement ré-
préhensible... Un sentiment de
culpabilité peut alors gêner
l’adoption de nouveaux compor-
tements ou favoriser, en toute
bonne foi, la persistance de com-
portements inadaptés.
Le sens des mots
Concernant le domaine important
de la podologie, une étude réali-
sée à l’hôpital cantonal de Genève
par le Pr Assal a dévoilé que 50 %
seulement des patients compren-
nent le sens de douze termes mé-
dicaux relatifs au pied diabétique
tels qu’ulcère, cor, nécrose, varice,
gangrène, etc. Si 22 % reconnais-
sent ne pas savoir le sens des mots
employés par les professionnels
de santé, 28 % croient savoir mais
comprennent en fait autre chose.
Il ressort que le langage médical
n’est pas compris. La métaphore,
figure de style offerte par la langue
française, constitue peut-être une
solution. Ainsi, nous pouvons
comparer le pancréas diabétique
à une voiture en panne d’essence
et l’insuline à l’essence de la voi-
ture, ce qui est plus parlant. En
outre, il est important d’utiliser la
reformulation qui permet à la per-
sonne diabétique d’avoir le senti-
ment d’être écoutée et comprise.
L’éducation n’est autre qu’une suc-
cession d’étapes, d’objectifs, éta-
blis en accord avec le patient. Le
rôle du soignant est d’évaluer et
de réévaluer les compétences du
patient, jusqu’à ce que ce dernier
devienne parfaitement autonome.
Cela est le résultat d’une écoute
attentive.
Virginie Duhamel
Infirmière DE
*Menée au Centre de prévention et
d’éducation du CH de Laon, service du
Dr J.-M. Marcelli.
Les personnes atteintes de diabète de type 2 ont peu de
connaissances sur leur maladie. Une enquête infirmière* montre
qu’il ne suffit pas d’informer de façon magistrale sur les risques
de complications. On entend si l’on est soi-même écouté !
Diabète
19
Professions Santé Infirmier Infirmière - No35 - mars 2002
diabétiques de type 2 dont on sait
que l’éducation est du ressort de
l’infirmière. Mais cette éducation
consiste-t-elle à apporter unique-
ment des “cours médicaux” ? In-
former de cette façon ne suffit pas.
Certes, le soignant n’a pas le pou-
voir de changer le comportement
des gens, mais il en a notamment
un : celui de pouvoir écouter ce
qu’ils ont à dire ! L’écoute, «c’est
peut-être le plus beau cadeau que
nous puissions faire à quelqu’un...
C’est lui dire non pas “tu es impor-
tant pour moi”, mais “tu es intéres-
sant, je suis heureux que tu sois là”...
Il n’est pas étonnant de constater que
la meilleure façon pour une personne
de se révéler à elle-même, c’est d’être
écoutée par une autre... », disait
Walter Hesbeen.
Comment apporter
ses connaissances
Une enquête, sous forme de
questionnaire, a ciblé 50 per-
sonnes souffrant de diabète gras
et traitées par comprimés et/ou
insuline. L’enquête est née et a été
réalisée au Centre de prévention
et d’éducation du CH de Laon,
mais elle s’est déroulée également
en ville, avec l’appui des infir-
mières libérales et aussi sur In-
ternet. L’intérêt d’Internet est de
toucher une population multi-
culturelle et habitant diverses
zones géographiques.
D’après l’enquête, 90 % des per-
sonnes interrogées pensent qu’il
est important d’avoir des expli-
cations médicales sur la maladie
elle-même et sur le traitement,
pour apprendre à vivre avec sa
maladie et connaître l’hygiène de
vie à adopter. Toutefois, quand
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