SYSTÈME DE MANAGEMENT INTEGRÉ : VERS UN RÉFÉRENTIEL

SYSTÈME DE MANAGEMENT INTEGRÉ :
VERS UN RÉFÉRENTIEL D’ÉVALUATION DES
PRATIQUES
Béatrice BELLINI
C3ED
Université de Versailles
Saint Quentin en Yvelines
(France)
Marianne PARRY
Institut Arts et Métiers
Paris Tech de Chambéry
(France)
Depuis le début des années 1990, l’adoption de systèmes de management au sein
de l’entreprise dédiés à la qualité, l’environnement et la sécurité sont devenus de
réels enjeux. Véritable argument concurrentiel, ils jouissent également d’une
notoriété et d’une reconnaissance internationale au travers des normes qui leur
sont dédiées. Mais, bien que des férentiels existent, un manque de lisibilité
persiste, lié, entre autre, à l’existence d’une multitude de définitions et à une
absence affichée de consensus.
Les systèmes de management intégrés (SMI) se sont énormément développés
depuis le début des années 2000. Pour certaines entreprises, ils deviennent
même considérés comme un pré-requis pour leur bon développement (Zeng&al,
2007).
Cependant, la réalité de chaque type de système intégré est bien différente d’une
organisation à une autre, et de nombreux facteurs, internes comme externes, vont
conditionner sa morphologie. Le niveau d’intégration va ainsi dépendre, par
exemple, du périmètre des activités concernées, de l’historique des systèmes de
management en place par rapport à la qualité, l’environnement et la sécurité, du
profil des responsables et du niveau d’engagement de la direction.
La communication propose, dans un premier temps, une revue de littérature
permettant de revenir sur la définition des SMI par une présentation de ses
composantes et des différentes approches.
Puis, un point sur les pratiques existantes sera réalisé avec une analyse des
méthodes de mise en place (approches séquentielles additives ou approches
synergiques), et conclut avec une proposition de classification permettant de
positionner les différents types de systèmes de management intégrés.
Enfin, une dernière partie sera consacrée à des cas d’application permettant
d’illustrer les différents types de SMI.
I HISTORIQUE ET DEFINITION DU SMI
1.1 Les systèmes de management inhérent au SMI
Un système de management est un système qui permet d'établir une politique, de
définir des objectifs et de mettre en place des moyens pour atteindre ces
objectifs.
Il existe trois systèmes de management de référence qui concernent la qualité,
l’environnement ou la sécurité. Ces trois systèmes sont crits brièvement ci-
dessous.
Il est à noter que d’autres référentiels en matière de système de management
existent comme ceux relatifs à la responsabilité sociale de l’entreprise, le
SA8000 (conçu pour améliorer les conditions de travail dans le monde entier) ou
l’ISO26000 (basé sur les principes et moyens d’intégrer un comportement plus
responsable) ou ceux spécifiques à un secteur d’activité comme les normes ISO
22000 (sécurité des denrées alimentaires). Ces référentiels ne seront pas traités
ici.
1.1.1 Le système de management de la qualité
L’objectif est de produire un produit ou un service correspondant aux attentes du
client.
C’est le plus ancien des systèmes, un comité technique au sein de l’Organisation
internationale de normalisation (ISO) ayant été créé en 1979. Historiquement, les
premières normes de la série ISO 9000 ont été publiées en 1987 avec une mise à
jour en 1994. Elles ont ensuite été remaniées en 2000 afin de simplifier le
système documentaire, recentrer l’approche sur la satisfaction du client et baser
le système sur une approche processus. La dernière version date de 2008.
La démarche est basée sur l’approche PDCA (plan do check act) matérialisée par
la roue de Deming.
1.1.2 Le système de management de l’environnement
L’objectif est de connaître et maîtriser ses impacts sur l’environnement (y
compris la satisfaction des exigences réglementaires).
La première version des normes de la série ISO 14000 remonte à 1996 avec une
révision en 2004. On peut distinguer les normes relatives au management
environnemental des organisations (ISO 14001 principalement) de celles
relatives au management produit (ISO 14062).
Une approche complémentaire de type produit : Product Oriented Environmental
Management System : POEMS (De Bakker, 2002) vise à implémenter une
politique environnement-produit, et est également basée sur le principe d’une
amélioration continue.
1.1.3 Le système de management de la santé et sécurité au travail
L’objectif est la mise en place d’une politique permettant l’amélioration de la
sécurité des salariés au sein de l’entreprise.
Ce dernier est orienté vers la santé et la sécurité au travail et non vers la sécurité
des produits et des services. L’ISO n’ayant pas trouvé de consensus pour
l’élaboration d’une norme internationale type ISO 18001, un référentiel
dénommé OHSAS 18001 relatif à la gestion de la santé et de la sécurité au
travail a été créé en 1999 par le BSI (British Standard Institution). Ce référentiel
ayant un statut de simple spécification est issu du secteur privé, élaboré à partir
de normes nationales existantes (British Standards Institute: BS 8800, Espagne:
UNE 81900, Norme VCA). Il a été révisé en 2007 pour évoluer en une véritable
norme nationale britannique (British Standard) : BS OHSAS 18001:2007. Dans
sa nouvelle version, l'OHSAS a é amélioré et complété afin de renforcer sa
compatibilité avec les normes ISO 9001 et ISO 14001, ce qui favorisera les
démarches de management intégré.
Parallèlement, l'Organisation Internationale du Travail a publié en 2001 le
référentiel international ILO-OSH 2001. Ce référentiel prévoit également les
éléments essentiels suivants : politique, organisation, planification et mise en
œuvre, évaluation et action en vue de l'amélioration. D’après le tableau de
correspondance entre les deux référentiels de l’annexe B de OHSAS
18001:2007, aucun domaine de différence majeur n’a été notifié. Un organisme
qui aurait mis en place son système de gestion selon le référentiel OHSAS 18001
sera également conforme aux recommandations des principes directeurs de
l’ILO-OSH.
Qualité Environnement Sécurité
Normes et
référentiels
ISO 9001 : 2008 ISO 14001 : 2004 OHSAS 18001 :
2007 ou ILO-
OSH 2001
1
ère
date de
publication
1987 1996 1999
Dernière
révision
2008 2004 2007
Nombre de sites
certifiés (2008)
> 500 000 dans le
monde
46 000 en France
> 100 000 sites
dans le monde
3 500 sites en
France
<1000 sites en
France avec
moins de
10%ILO
Qualité Environnement Sécurité
Type
d’approche
Processus Management
classique
Management
classique
Parties
prenantes
concernées
Satisfaction du client Protection de
l’Environnement
Protection du
personnel
Analyse de base Analyse produit Analyse
environnementale
Analyse des
risques pour la
santé et sécurité
au travail
Cadre Contrat
(AFAQ/AFNOR,2004)
Exigences légales
et autres
Exigences
légales et autres
Type d’impact à
gérer (AFNOR,
2008)
Résultats intentionnels Résultats non
intentionnels
Résultats non
intentionnels
Tableau 1 : Tableau de synthèse des trois principaux
systèmes de management
1.2 Définitions et objectifs du SMI
1.2.1 Définition
Force est de constater une multitude de définitions relatives au SMI.
Au niveau français, les textes existants concernent essentiellement des guides
élaborés en partenariat avec l’AFNOR
1
, comme le Fascicule Documentaire
concernant des lignes directrices (FDX50-189), ou l’accord de bonnes pratiques
et de retours d’expériences (ACX50-200).
Contrairement à ce qui pourrait être supposé, un système intégré ne veut pas dire
systématiquement un système unique ou centralisé, mais plutôt un système qui
présente des sous ensembles qualité, sécurité, environnement pouvant avoir des
parties communes et d’autres spécifiques. Ainsi, le SMI peut comporter des
éléments simplement imbriqués, les sous-ensembles étant coordonnés et faisant
partie d’un ensemble.
Il est ainsi reconnu qu’il existe de multiples manières de mettre en œuvre des
SMI, et que leur conception est adaptable en fonction des besoins et des
exigences du site et de ses partenaires (ISO, 2008).
1.2.2 Objectifs du SMI
La revue de littérature permet de mettre en avant plusieurs types d’objectifs
recherchés dans la mise en place d’un SMI.
A- Objectif gestion des risques
Labodova (2004) présente une méthodologie basée sur une approche d’analyse
des risques sous forme de matrice, le risque étant le facteur d’intégration : risque
pour l’environnement, risque pour la santé et la sécurité des employés, risque de
pertes économiques. Des actions sont ainsi programmées en fonction d’un
classement des risques plus ou moins acceptables.
La norme australienne AS/NZS 4581 (1999) fournit une approche similaire de
système de management des risques. Elle vise à identifier les composants
identiques entre les systèmes de management et à aider les entreprises à intégrer
ces éléments communs au niveau de leur propre organisation, entre autre, en
réduisant la complexité et la redondance.
Une illustration de cette approche figure dans la conception de certains
investisseurs (site Angelfire) qui définissent le SMI comme un moyen de réduire
le risque opérationnel concernant :
- la qualité (risque de livrer un produit qui ne satisfait pas le client) ;
- la sûreté (risque de fournir un produit non sécurisant, et risque
professionnel des travailleurs) ;
- l’environnement (fournir un produit néfaste pour l’environnement, ou
impactant pendant sa phase de production) ;
- la sécurité (risque de subir des agressions criminelles). Le SMI se
présente alors comme outil de mise en place d’une politique
d’organisation plus efficace pour atteindre les objectifs que des
systèmes séparés ne pourraient le faire.
1
AFNOR : Association Française de Normalisation
B- Objectif performanciel
Le SMI peut être présenté avec pour objectif principal l'amélioration continue de
la performance globale de l’entreprise (site Management environnement).
Zeng&al (2007) présentent les SMI comme une priorité car rédhibitoire au
succès de l’entreprise ou pré-requis indispensable à sa survie.
Jorgensen (2006) positionne d’ailleurs cet objectif au travers de la notion
d’amélioration continue qui prend tout son sens lorsqu’elle est intégrée à la
culture de l’entreprise.
Le SMI n’est pas une finalité, mais une opportunité de vision partagée du
fonctionnement de l’entreprise et donc de développement de son efficacité
(AFNOR, 2003).
C- Objectif organisationnel
Garvin (1991) définit le SMI comme le « degré d’alignement ou d’harmonie
dans une organisation ». Cette vision simplement organisationnelle transparait
également dans l’étude de MacGregor Associates (1996). C’est donc un système
de management qui permet de gérer de façon globale les parties communes aux
référentiels Qualité, Sécurité, Environnement en fonction des caractéristiques de
l’entreprise (secteur d’activité, politique, moyens humains et financiers)
(préevinfo).
Les référentiels de management ne précisent pas la manière de concevoir les
systèmes de management, et ne fixent pas d'objectifs de performance. Il est bon
de savoir que " ce n'est pas à l'entreprise de s'adapter aux férentiels de
managements, mais que ce sont aux référentiels de s'adapter à l'entreprise ", ce
qui garantit une performance acceptable et une pérennité.
Les systèmes de management étant souvent vécus comme source de contraintes
additionnelles (temps de gestion, résistance des travailleurs, frais de mise en
conformité réglementaire), le SMI peut apparaître comme potentielle source
d’économie liée aux synergies inter-système.
D- Objectif d’intégration d’approches « Site et produit »
Un autre objectif possible de SMI est l’alliance de deux approches
complémentaire site et produit. C’est le cas dans le domaine de l’environnement
ou une approche type ISO14001 peut-être menée de manière intégrée à une
approche produit appelée POEMS (Product Oriented Environmental
Management System). C’est un système de management dont l’objectif est
l’amélioration continue de l’éco-efficacité du produit (économique et
écologique) tout au long de son cycle de vie, au travers de l’intégration de
l’écoconception (Rocha&Brezet, 1999). Il permet de diffuser la politique
environnement-produit au niveau des différentes fonctions de l’entreprise et peut
être vecteur d’innovation. Par contre, aborder l’environnement dans l’entreprise
au travers des produits nécessite des changements importants de valeur dans la
société, d’implication et de coordination (site Ecobilan).
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