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Proof. Pour voir l’équivalence entre les deux énoncés, supposons que fadmet un po-
lynôme annulateur scindé Pà racines simples, comme µf|P, on en déduit que µfest
scindé à racines simples. (L’autre direction est évidente).
Alors, supposons que fest diagonalisable. Ainsi fadmet une base x1, . . . , xnde
vecteurs propres; notons λ1, . . . , λnles valeurs propres associés. De ces valeurs propres
on en choisit une pour chaque répétition; on note λ1, . . . , λm, où m≤n, ces valeurs
propres deux à deux distinctes. On pose P(x) = Qm
i=1(x−λi); par construction, c’est
un polynôme scindé à racines simples. Montrons que Pest annulateur de f. Il suffit de
démontrer que P(f)(v) = 0Epour tout v∈ {x1, . . . , xn}. Si λest la valeur propre de
v, et Q(x) = Qλi6=λ(x−λi)on calcule
P(f)(v) = Q(f)((f−λId)(v)) = 0E,
ce qui montre une direction.
Maintenant supposons que fadmet un polynôme annulateur scindé Pà racines
simples. Écrivons P(x) = Qm
i=1(x−λi), où les λisont deux à deux distincts. Alors les
facteurs x−λisont premiers entre eux, et le lemme du noyau implique que
E= ker P(f) =
m
M
i=1
ker(f−λId).
Ainsi Eest somme directe d’espaces propres, et du coup fest diagonalisable.
Remarque 1. On en déduit que si fest diagonalisable et Fest un sous-espace stable,
alors l’endomorphisme sur Finduit par fest diagonalisable. En effet, µfF|µfet comme
le dernier est scindé à racines simples, le premier l’est aussi.
Exemple 2.2.1. Les symmétries vectorielles et projecteurs sont diagonalisables (de
polynôme annulateurs (x+ 1)(x−1) et x(x−1), respectivement).
Exemple 2.2.2. Si fest nilpotent et diagonalisable, alors fest nul. En effet, Xpest
le polynôme minimal, où pest l’indice de nilpotence. Pour que les racines de Xpsoit
simple, il faut que p= 1, c’est-à-dire f= 0L(E).
Exemple 2.2.3. Soit A∈Mn(R)telle que A5= Idn. Alors Aest diagonalisable sur C,
car les racines de x5−1sont deux à deux distinctes.
Qu’est-ce qui se passe sur R? Cherchons à décrire les Aci-dessus qui sont diagona-
lisables. On sait que µA|(x5−1), puisque ce dernier est annulateur de A. Mais (par
l’hypothèse que Asoit diagonalisable et la proposition ci-dessus) on sait également que
µAest scindé à racines simples. On en déduit que µA(x) = x−1. Ainsi A= Idn.
Exemple 2.2.4. Soit f∈ L(E), avec dim E=n. Supposons fde rang 1. Alors f
est diagonalisable si, et seulement si, sa trace est nulle. En effet, le noyau de fest
de dimension n−1, et ce noyau est l’espace propre E0de la valeur propre 0. Alors f
est diagonalisable précisément lorqu’il existe λtel que E=Eλ⊕E0. Un tel λserait
forcément différent de 0.
Exemple 2.2.5. Si une matrice triangulaire par blocs
M=A B
0nD