Enquête sur le temps de travail des professeurs de SES

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Qu'est ce que la globalisation financière ?
Actifs financiers, devises, intermédiation financière.
On présentera les principaux marchés financiers (marchés des changes et marchés des capitaux) et le rôle économique de
chacun d'entre eux. On identifiera les différents acteurs y réalisant des transactions (entreprises, investisseurs institutionnels,
etc.). On insistera sur l'interdépendance des différents marchés et sur l'importance de l'information pour leur fonctionnement.
On analysera le triple processus de désintermédiation, déréglementation et décloisonnement qui caractérise l'évolution des
marchés des capitaux depuis les années 1990 et conduit à la constitution d'un marché mondial des capitaux.
Acquis de première : financement direct/indirect, taux d'intérêt, risque de crédit.
On va voir que la globalisation financière est la résultante d’un double mouvement. D’une part, s’est construit un marché des
capitaux à l’échelle du monde. D’autre part, il y a une fusion progressive entre différents marchés financiers qui étaient
auparavant séparés.
I – Rappels et consolidations sur le thème des marchés financiers
A – Comment un marché financier fonctionne-t-il ?
1. A la différence d’un marché de biens ou de services, qu’est-ce qui s’échange sur un marché financier ?
2. Qui sont les offreurs et les demandeurs ?
3. Qu’est-ce qui motive offreur et demandeur à entrer sur un marché financier ?
Avec ou sans intermédiaire pour entrer sur un marché financier ?
On parle de finance directe lorsqu’un agent à besoin de financement s’adresse directement à un agent à capacité de
financement (marché de gré à gré ou passant par un appel public sur une place boursière.
On parle sinon de finance indirecte ou intermédiée. Dans ce second cas, c’est l’intermédiaire qui se charge de
collecter les fonds auprès des agents à capacité de financement (qui placent leur épargne auprès de la société
financière qui devient ainsi débitrice), pour les prêter aux agents à besoin de financement (qui empruntent alors
auprès des sociétés financières).
4. Quelle société financière connaissez-vous traditionnellement ?
Quel est le rôle joué par ces sociétés financières ?
• Elles mettent en relation des agents qui, en leur absence, peineraient à trouver un accord : l’agent à capacité de
financement (CDF) devrait alors trouver un agent à besoin de financement (BDF), s’accorder avec lui sur : 1) la
durée du prêt ; 2) la somme prêtée ; 3) les conditions financières (coût pour l’un / rémunération pour l’autre). Cette
activité génèrerait des coûts de prospection importants. Plus complexe encore : dans le cas où un agent à BDF
recherche des fonds importants, cela impliquerait la mise en contact avec plusieurs agents à CDF disposant de plus
faibles dépôts.
• En assurant la satisfaction du BDF des agents qui souhaitent se procurer des capitaux, et, pour ce faire, en
s’endettant après des agents à CDF, elles prennent un risque. Leur intervention a donc un coût pour l’emprunteur et
engendre le versement d’une rémunération aux agents à CDF. C’est pourquoi est demandé un intérêt à
l’emprunteur.
5. Pourquoi est-ce plus avantageux pour les petits épargnants de passer par un intermédiaire financier spécialisé
plutôt que de réaliser des placements lui-même ?
Mauvaise évaluation de la solvabilité des emprunteurs.
Mauvaise connaissance des taux en vigueur ou du rendement des actions
Le passage par des intermédiaires financiers permet de réduire les risques liés à un déficit d’information
De plus, ces intermédiaires peuvent s’appuyer sur d’autres évaluateurs du marché que sont les agences de notation
qui va distinguer bons et mauvais emprunteurs.
B- Les différentes modalités de collecte des capitaux : l’exemple du financement des
producteurs dans l’économie :
Structure de financement des entreprises françaises (flux, en milliards d'euros)
1980
1990
2008
2010
Autofinancement (1)
28,2
97,6
143,2
156,5
1
Émissions d'actions
7,9
33,7
67,5
108,2
Endettement sur les marchés (2)
2,6
15,1
16,9
28,2
Endettement auprès des banques
18,1
59,0
74,0
5,9
Financement externe total
28,6
107,8
150,4
142,3
Part de l'endettement bancaire dans le
63 %
55 %
46,7 %
4,1 %
financement externe (en %)
Part du financement par actions dans le
2,8 %
31 %
42,6 %
76 %
financement externe (en %)
(1) Épargne brute + aides à l'investissement + autres transferts en capital
(2) Émissions nettes de titres du marché monétaire et d'obligations
Dominique Plihon, Le nouveau capitalisme, © La Découverte, 2009 et Banque de France pour
l'année 2010.
1.
2.
3.
4.
Rappelez ce qu’est le financement interne (ou autofinancement) et d’où il provient.
Qu’est-ce qui relève du financement externe dans ce tableau ?
Comment ont évolué les modes de financement des entreprises depuis 1980 ?
Comment expliquer la chute exceptionnelle de l'endettement bancaire entre 2008 et 2010 ?
=> désintermédiation, intérêt pour les entreprises
Ce graphique tiré du FT (3 Décembre 2013)
illustre la poursuite de la tendance à la
désintermédiation du financement des
grandes entreprises sur le modèle américain:
-les prêts syndiqués sont à leur plus bas
niveau depuis 10 ans, en baisse de 45% par
rapport à 2011
-les émissions d'obligations corporates
poursuivent sur leur dynamique et
représenteront près de 60% des financements
cette année
Un crédit syndiqué est un crédit accordé à une entreprise par plusieurs banques. Le placement d'un crédit
syndiqué se rapproche de celui d'une obligation. L'entreprise choisit tout d'abord une banque qui va jouer
le rôle d'arrangeur de l'opération. Cette banque pourra éventuellement réaliser une prise ferme de
l'intégralité du crédit qu'elle syndiquera par la suite. L'arrangeur sera rémunéré spécifiquement pour son
rôle de conseil et de placement. Les principaux termes du crédit seront négociés entre la banque
arrangeuse et l'entreprise pour aboutir à un term sheet. Concomitamment, la banque et l'entreprise
choisiront une stratégie de syndication, c'est-à-dire le choix des banques (ou des institutions financières)
qui composeront le syndicat bancaire. Sur la base de réunions avec l'entreprise et d'un mémorandum
d'information, les banques contactées se déterminent sur leur participation ou non au crédit syndiqué. Une
fois le syndicat formé, la documentation juridique est finalisée. L'opération de placement peut durer
environ deux mois depuis le choix de l'établissement arrangeur jusqu'à la mise à disposition des fonds.
C - Les différents marchés financiers
On va passer en revue les différents marchés financiers et leur rôle respectif
2
D'après Nicolas Barbaroux et Gilles Jacoud,
« Un panorama des différents marchés de capitaux », Les Cahiers français, n°361, mars-avril 2011.
Le marché des changes est le seul marché financier qui n’assure pas le financement de l'économie entre des agents
à besoin et à capacité de financement.
1. Qu'est-ce qu'un titre de créance ?
2. Qu'est-ce qui différencie une action d'une obligation ?
3. Pourquoi le prêteur, le détenteur d’une importante quantité d’une devise étrangère ou l’acheteur d’action se
retrouve-t-il en possession d’un « actif financier » ?
On peut distinguer les actifs financiers selon :
- leur degré de liquidité, c'est-à-dire leur capacité à être transformés sans délais et sans coût en
monnaie ;
- leur rendement, c'est-à-dire le revenu et les perspectives de plus-values qu'ils procurent;
- les risques de moins-values qui leur sont associés.
Le marché des changes : un cas à part ?
Une devise est une monnaie étrangère : toute monnaie devient une devise dès lors qu'elle est détenue par des agents
non résidents. Il s'agit d'un actif monétaire pour les agents qui la détiennent.
« Le marché des changes est un cas à part à bien des égards. Il est rarement classé parmi les marchés de capitaux
car, contrairement à ceux-ci, il n'est pas un marché qui assure le financement de l'économie entre des agents à
besoin et à capacité de financement. Si, sur les marchés de capitaux, des euros ou d'autres monnaies sont prêtés et
empruntés, sur le marché des changes, la monnaie est vendue et achetée contre des devises.
Ce marché Forex (foreign Exchange) (…) est un marché de gros réservé à des opérateurs professionnels, appelés
cambistes, qui jouent sur des montants très importants. Sur ce marché, les cambistes subissent un risque de change,
lié aux variations des valeurs des monnaies les unes par rapport aux autres. C'est aussi cette volatilité extrême qui
permet aux arbitragistes (ceux qui tirent profit des différences de cotation des devises) de s'enrichir. Par exemple,
on peut s'enrichir en échangeant ses euros contre des dollars, de façon à les revendre contre des yens qui seront
ensuite convertis en euros. Au final on peut réaliser une plus-value par le jeu du change du fait des différences de
cotation des taux de change entre les devises internationales sur les différentes places boursières. L'accélération de
la mondialisation des échanges réels ainsi que des flux financiers a donné un rôle prépondérant au marché des
devises.
Source : Nicolas Barbaroux et Gilles Jacoud, « Un panorama des différents marchés de
capitaux », Les Cahiers français, n°361, mars-avril 2011.
Comment un agent peut-il s'enrichir sur le marché des changes?
II – Comment est-on arrivé à la globalisation financière ?
3
A – Déréglementation et décloisonnement ont abouti à un vaste marché des capitaux au niveau
mondial :
déréglementation : fin du contrôle des changes, mouvement des capitaux et pari sur une
meilleure allocation de l’épargne et accès à une réserve d’épargne mondiale (notamment pour
les Etats)
Décloisonnement
Le processus de globalisation financière a commencé dans les années 1980. Il a conduit à la
création d'un marché unique de l'argent au niveau planétaire. Aujourd'hui, le système financier
international est devenu un méga marché unifié de l'argent, qui se caractérise par une double
unité :
- unité de lieu : les places financières nationales sont interconnectées par des réseaux
modernes de communication ;
- unité de temps : il fonctionne en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, successivement
sur les places d'Extrême-Orient, d'Europe et d'Amérique du Nord.
Les « 3D », Désintermédiation, Décloisonnement, Déréglementation, sont considérés comme la racine du
phénomène de globalisation financière. On peut a posteriori y ajouter un quatrième D : Dématérialisation, par
l'intermédiaire du développement rapide des technologies de l'information dans les années 90.
interdépendance : une baisse des taux d’intérêt conduit à un report des placements vers les
obligations, une baisse du marché actions peut conduire certains fonds à diversifier leurs
activités. un écroulement de la valeur de placements structurés (subprimes) peut menacer les
activités de prêt.
Question 4 : (2,5 points)
Les années 60 ont ouvert une période de développement rapide des flux financiers internationaux, résultat de l'action des États,
des grandes banques internationales et de l'innovation technologique. Les Etats y voyaient l'occasion de faire financer leurs
déficits budgétaires par l'épargne extérieure, les banques des occasions de gagner beaucoup d'argent.
L’innovation technologique a joué son rôle, le mariage de l'informatique et des télécommunications permettant d'unifier un marché
financier mondial virtuel et de le faire fonctionner 24 heures sur 24. Les économistes libéraux ont célébré les bienfaits que ne pouvait
manquer d'apporter cette finance libéralisée en termes de meilleure allocation de l'épargne au niveau international [=
l’épargne ira là où les besoins de financement existent et où ils seront les plus rémunérateurs pour ceux qui apportent
leurs capitaux]
Aujourd'hui, ce sont plutôt ses méfaits qui sautent aux yeux (…) Les autorités publiques, coincées dans leurs espaces
nationaux, ne sont plus à la hauteur des enjeux de la mondialisation financière, dont la complexité rend la régulation
impossible.
Ainsi, un enjeu important est lié à la création de nouveaux produits financiers sophistiqués, dont les plus connus sont les fameux
produits dérivés1. Ceux-ci se sont développés en même temps que la libéralisation financière pour aider les investisseurs
internationaux à se protéger des variations excessives des taux d'intérêt et des taux de change. Mais ils ont fini par provoquer d'autres
problèmes. On ne connaît environ que 30 % des échanges de ces produits, les autres s'effectuant dans des conditions de non transparence
totale (pas connu, pas taxé), de la main à la main, entre des investisseurs dont il est parfois difficile de juger le sérieux. En plus, la complexité
de ces produits limite la capacité des financiers à bien maîtriser les risques qui les accompagnent. La banque anglaise Barings en sait quelque
chose : elle a compris trop tard que l'un de ses employés avait pris des risques démesurés en jouant avec des produits dérivés et venait de
détruire en quelques mois une banque plus que centenaire [= cette banque a fait faillite en 1998].
D'après l'OCDE, les placements en actions représentent environ 40 % de la richesse des Américains (plus de la moitié des habitants en
détiennent directement). La hausse de la Bourse donne l'impression d'un enrichissement qui incite à accroître la consommation et décourage
l'épargne, ce que les économistes appellent un « effet de richesse ». Avec la baisse de la Bourse, un mécanisme exactement inverse se met en
oeuvre, qui peut, selon certaines estimations, coûter 2 points de PIB à la croissance américaine. Les Bourses européennes s'effondrent,
touchées par la panique financière et la croissance en déroute. Dans le même temps, de nombreuses banques éprouvent de grosses difficultés
et rationnent le crédit, ce qui contribue à tuer définitivement la reprise en Europe et entraîne une remontée du chômage.
Comment la finance est devenue incontrôlable (Alternatives économiques, octobre 1998)
Ce sont des engagements à livrer, dans le futur, différents produits à un prix fixé aujourd’hui. Leur valeur évolue
en fonction de celle de l’action, de l’obligation, de la devise, de la matière première, etc. sur laquelle ils s’appuient.
1
4
1.
2.
3.
A partir de vos connaissances, dîtes sous quelle forme les Etats font-ils financer leur déficit par les marchés financiers ?
(0,5 point)
En 1998, ce sont plusieurs produits financiers complexes dits « dérivés » qui n’ont pas généré l’argent attendu. En 20072008, quels produits financiers ont eu une valeur qui s’est écroulée et a déclenché la crise financière ? (1 point)
A partir du texte, expliquez ce qu’est « l’effet de richesse » et ses conséquences. A l’heure actuelle, la valeur des
principales actions baisse. Comment va évoluer la consommation des Américains ? (1 point)
Question 1 : (3 points)
En 2001, suite à des attaques spéculatives et la fuite des
capitaux étrangers, le peso argentin s’est effondré de
plus en plus face au dollar. La convertibilité 1 peso = 1
dollar qui avait cours auparavant n’était plus tenable.
Les déposants se ruent alors vers les banques pour
retirer leurs économies en dollars. Devant les banques
soumises à une ruée des déposants et incapables de
fournir les liquidités demandées, le ministre de
l'économie Domingo Cavallo annonça alors la mise en
place du « corralito ». Cette mesure rendait quasiimpossible le retrait de dollars et limitait les retraits
bancaires à 250 pesos par semaine et interdisait tout
envoi de fonds à l'extérieur. Par la suite, le troc s’est
développé fortement dans le pays.
A droite : Manifestation à Buenos Aires en 2002, où on peut lire :
« Banques, voleurs, rendez-nous nos dollars! »
1. Qu’est-ce qui a ébranlé la confiance en la monnaie nationale ? Pourquoi y a-t-il eu une panique bancaire (bank run)
en Argentine ? Pourquoi en dollars ? Expliquez. (2 points)
2. Que pouvez-vous rappeler sur la composition de la masse monétaire qui explique pourquoi le pouvoir politique
n’avait pas beaucoup d’autres choix que de mettre en place ce corralito ? (1 point)
III - Qui sont les acteurs intéressés par la possession de titres ?
A – Professionnels des marchés financiers et usage de l’information
Il est fréquent que les prêteurs connaissent trop peu les emprunteurs et leurs projets pour pouvoir prendre les
bonnes décisions. Cette situation porte le nom d'asymétrie d'information. Cette inégalité d'information peut créer un
problème d'anti-sélection. Il y a anti-sélection sur un marché financier lorsque les emprunteurs les plus susceptibles
de conduire à de mauvais résultats (les plus risqués) sont ceux qui recherchent le plus activement du crédit et qui
ont le plus de chances d'en obtenir (d'être sélectionnés). En raison de l'anti-sélection, beaucoup de prêts risqués sont
accordés, mais si les prêteurs risquent trop de ce fait de perdre leur argent, ils peuvent décider de ne plus prêter
alors même qu'il y a parmi les candidats de bons emprunteurs potentiels. Les intermédiaires financiers permettent
de régler en partie ces problèmes. Quand des intermédiaires financiers existent, les investisseurs peuvent leur prêter
leur argent en courant moins de risques qu'en prêtant directement à des entrepreneurs ou à des particuliers. En effet,
ils savent que les intermédiaires sont mieux équipés qu'eux-mêmes pour sélectionner les bons emprunteurs et éviter
les "mauvais risques", ce qui réduit les risques d'antisélection. De plus, ces intermédiaires peuvent s’appuyer sur
d’autres évaluateurs du marché que sont les agences de notation qui va distinguer bons et mauvais emprunteurs.
1. Expliquez pourquoi il y a asymétrie d'information sur les marchés financiers.
2. Pourquoi une information insuffisante des prêteurs peut-elle conduire à un blocage du financement ?
3. Pourquoi la présence de spécialistes des marchés peut-elle constituer une solution face au problème
d'information des agents à capacité de financement (comme les ménages avec leur épargne) ?
B – Des investisseurs au comportement plus ou moins spéculatif
1 - L'essor des investisseurs institutionnels
Les investisseurs institutionnels (dits « zinzins ») ont pour rôle d'assurer la gestion collective de l'épargne des
ménages. On distingue trois catégories d'investisseurs institutionnels : les fonds de pension, qui gèrent l'épargneretraite dans les pays où le financement des retraites est fondé sur un régime de capitalisation (principalement les
5
États-Unis et le Royaume-Uni) ; les fonds mutuels ou sociétés d'investissement, appelés Sicav (sociétés
d'investissement en capital variable) en France, et les compagnies d'assurances.
« Le poids des investisseurs institutionnels est devenu considérable dans l'économie mondiale. L’encours [=la
valeur] global de leurs actifs s'élevait à environ 62 000 milliards de dollars en 2006. On constate en outre que la
propriété de ces actifs est très inégalement répartie : plus de 50 % pour les États-Unis, contre seulement 8% pour le
Royaume-Uni, 6,8 % pour le Japon, 6,1 % pour la France et pour l'Allemagne. Au total, les pays riches concentrent
80 % des actifs gérés par les [zinzins] dans le monde. La gestion collective de l'épargne par des professionnels (dits
"gérants de portefeuille") permet en principe de gérer plus efficacement le risque, d'où l'accroissement de la part
des actions, qui sont les titres les plus risqués, dans les portefeuilles gérés. C'est ainsi que, depuis une vingtaine
d'années, les ménages français détiennent une part croissante de leur patrimoine financier sous forme d'actions
[près d'un tiers en 2005] ; ce qui constitue un changement de comportement important. [...]
Un effet de la gestion collective de l'épargne lourd de conséquences pour le fonctionnement du capitalisme, [...] est
la concentration du capital des entreprises dans les mains d'un petit nombre de grands investisseurs dont le pouvoir
est devenu considérable à l'échelle internationale. »
Dominique Plihon, Le nouveau capitalisme, © La Découverte, 2009.
1. Quel rôle jouent les « zinzins » sur les marchés financiers ?
2. Quelle est la différence entre un investisseur institutionnel et une banque ?
3. Pourquoi les zinzins peuvent-ils prendre davantage de risques dans le choix des actifs gérés ?
2 - À côté des zinzins, les fonds spéculatifs et les fonds privés
À côté des investisseurs institutionnels [se sont développés] les fameux hedge funds, également dénommés fonds
spéculatifs. La spéculation consiste donc à acheter un actif à une date donnée et à le revendre quand il aura pris de
la valeur. Les agents qui spéculent espèrent ainsi un rendement élevé, contrepartie du risque qu'ils ont pris. Leur
importance provient de leurs prises de risque souvent considérables, contrepartie de leur stratégie spéculative
destinée à engendrer des rendements élevés, mais qui peuvent amener aussi des pertes considérables. Une des
techniques consiste à organiser des achats d’actifs en grande quantité mais à crédit en comptant sur la revente
réussie pour pouvoir ensuite être capable de rembourser les sommes empruntées. Ces fonds utilisent donc le levier
de l’endettement.
Montant d'actifs gérés par des fonds d'investissement en 2001 et 2009 (en milliers de milliards de dollars)
1. Fonds qui investissent du capital dans des sociétés généralement non cotées en bourse.
2. Fonds d'investissement publics détenus par les États. Ils permettent à certains États de placer les surplus budgétaires, les recettes de
privatisations ou les recettes d'exportation de matières premières.
1. Mesurez la part des actifs gérés par les investisseurs institutionnels (assurances, fonds d'investissement, fonds
de pension) dans l'ensemble des actifs en 2009.
2. Mesurez, à l'aide d'un calcul approprié, l'évolution des actifs gérés par les investisseurs institutionnels et
l'évolution des actifs gérés par les fonds « alternatifs ». Que remarquez-vous ?
La contre-attaque des banques face à la globalisation financière et la transformation de leurs
activités
La transformation du rôle des banques
« La mutation financière initiée à partir des années 1980 a profondément modifié nos sociétés
en faisant entrer la finance dans le quotidien des États, des entreprises et des ménages. Pour
autant, [...] cela ne signifie pas que nous soyons dans une économie de marchés financiers par
opposition à une économie d'endettement -, avec une disparition du recours au crédit et de
l'intermédiation bancaire. En effet, non seulement le crédit reste la principale source de
6
financement des ménages et des PME, mais aussi et surtout l'activité d'intermédiation bancaire,
loin de disparaître, s'est renforcée. [...] Au début de la mutation financière, des années 1980 au
début des années 1990, [les banques] subirent cette évolution plus qu'elles n'en profitèrent.
Avec le décloisonnement des activités, elles durent faire face à une triple difficulté :
- l'arrivée de nouveaux concurrents issus d'autres pays et surtout d'autres secteurs : les
assurances, mais aussi les entreprises non financières [...] ;
- la fuite des clients vers les marchés financiers : émission de titres par les grandes entreprises
et les États et détournement d'une partie des dépôts vers les placements financiers ;
- L'obligation de trouver de nouvelles sources de financement, plus coûteuses : émission de
titres sur le marché monétaire.
Mais à partir du milieu des années 1990, Les banques ont su tirer profit de cette transformation
pour devenir les principales animatrices des différents marchés financiers [...], les initiatrices et
les promotrices des innovations financières et les vecteurs de la démocratisation de la finance.
[...] [Dans les années 1980], les banques se finançaient traditionnellement via les dépôts de
leurs clients (inscrits au passif du bilan) et leur activité se bornait à octroyer des crédits (figurant
à l'actif du bilan). [...] Trente ans plus tard, le profil du bilan bancaire a été transformé par la
globalisation financière : internationalisation de l'activité et des financements, influence
croissante des marchés financiers à l'actif (détention de titres financiers) et au passif (émission
de titres - certificats de dépôt et obligations). »
Yamina Tadjeddine, « Les banques dans une économie de marchés financiers »,
Les Cahiers français, n'361, mars-avril 2011
Expliquez la distinction
entre économie d'endettement et économie de marchés financiers.
Le passage à une économie de marchés financiers a-t-il amoindri le rôle des banques? Justifiez
votre réponse.
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