Les défis de la globalisation financière
La globalisation des marchés financiers ne mérite ni excès
d’honneur, ni excès d’indignité. C’est un processus, sans doute
imparfait et en même temps irremplaçable, d’allocation des
ressources à l’échelle mondiale, même si la rationalité grégaire
de certains agents économiques vient souvent perturber leur
fonctionnement. En ouvrant le jeu économique parmi les pays
émergents, la globalisation financière a offert des opportunités à
des économies, à des hommes qui en avaient peu. Aux avantages
que procurait déjà la spécialisation internationale s’ajoute donc,
désormais, la possibilité de lisser au cours du temps les désajus-
tements entre épargne et investissement que provoquent dans
chaque pays l’état des finances publiques, l’impératif du déve-
loppement des infrastructures ou les spécificités démogra-
phiques. Et dans un monde de plus en plus incertain,
l’innovation financière ouvre des possibilités de couverture et de
transfert des risques qui n’existaient pas dans le passé.
Mais on sait désormais que la libéralisation financière
n’apporte pas seulement les bienfaits qu’ont longtemps mis en
avant, souvent de manière univoque, certains économistes. Les
mouvements internationaux de capitaux ont emprunté des
chemins imprévus en finançant dans la dernière décennie, et
encore aujourd’hui, les déficits vertigineux de l’économie améri-
caine (déficits budgétaires, déséquilibres de la balance des paie-
ments courants) bien plus que le développement des pays
émergents. Et ils ont suscité une fragilité accrue et une instabilité
chronique sur les marchés financiers internationaux.
En effet, dans un contexte d’information imparfaite et de
myopie des horizons décisionnels, les investisseurs internatio-
naux ne se comportent pas toujours de façon rationnelle, en
choisissant les placements les plus porteurs ou les pays les plus
prometteurs sur le plan de la croissance économique. Ils répon-
dent aussi, parfois, à des modifications endogènes des anticipa-
tions, reflétant des sauts dans l’insécurité perçue. Ces épisodes
sont de nature à perturber la détermination des prix sur les
marchés financiers et l’allocation de l’épargne à l’échelle interna-
tionale, et ils débouchent sur des crises systémiques, source de
coûts sociaux considérables : selon certaines analyses du Fonds
monétaire international (FMI), les crises de change des
LES MARCHÉS FINANCIERS INTERNATIONAUX4