Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Traitement hormonal du cancer du sein 1. L’age Héroïque : 1895-1965 1.1 Des débuts empiriques 1.2 1940-1950 : voie de synthèse des oestrogènes 2. De la mise en place de l’hormonothérapie moderne aux premiers résultats de l’EBCTG : 1965-1992 2.1 1965 : Description du récepteur à l’estradiol 2.2 Les SERM 2.3 Principes du traitement hormonal du cancer du sein métastatique 2.4 Méta-analyse de l’EBCTG (Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group) 3. Le développement des Anti-Aromatase de 3° génération et du fulvestran (1992-2007) 3.1 Les anti-aromatases 3.2 Etudes sur les anti-aromatases (+ annexe 2) 3.3 Essais adjuvants (cf annexe 3) 4. L’hormonothérapie à l’heure de la génomique (2000-2007) 5. Evolution moderne : vers l’intégration de l’hormonothérapie et des autres thérapeutiques ciblées 6. Évolution moderne : vers l’intégration de l’hormonothérapie et des autres thérapeutiques ciblées 7. Conclusions 7.1 CONCLUSION 1 : En pratique 7.2 CONCLUSION 2 : Mécanistique 7.3 CONCLUSION 3 : généralités ANNEXE 1 : ECBTG ANNEXE 2 : ANTI-AROMATASES ANNEXE 3 : ESSAIS ADJUVANTS Premier essai Adjuvant : ATAC Research Questions: HER2 Etudes des anti-aromatases en séquentiel après Tamoxifene 1 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Traitement hormonal du cancer du sein Il y a 3 types de cancers qui sont traités par hormonothérapie : sein, thyroïde et prostate. Le principe est le même que celui décrit dans ce cours. Ce cours consiste en une description de l’hormonothérapie au cours du temps. 1. L’age Héroïque : 1895-1965 1.1 Des débuts empiriques Au départ, les hypothèses ne reposent sur aucun rationnel biologique : on ne sait pas ce qu’est une hormone, ni à quoi sert un testicule, ni à quoi ça marche. Au 19° siècle, des améliorations spontanées de cancer du sein avaient été décrites après la survenue de la ménopause A la fin du 19°, Beatson pense qu’il existe une relation entre cancer du sein et lactation : la lactation améliore le cancer du sein. Il sait aussi qu’il existe une relation entre lactation et ovaires chez les vaches : elle n’est pas sous contrôle neurologique et il a connaissance des pratiques vétérinaires australiennes qui consistent chez la vache juste après la mise bas à pratiquer une ablation des ovaires pour obtenir une lactation indéfinie. → Beatson en 1895 réalise la première ovariectomie : il pratique l'ablation des ovaires chez une jeune malade présentant un cancer du sein métastatique et observe une disparition des métastases pendant plusieurs années. Cette théorie était véritablement visionnaire à une époque où les notions de glandes endocrines, de récepteurs hormonaux ou d’inhibiteurs enzymatiques étaient inconnues. Cela confirme la théorie empirique de départ. Il s’agit du premier traitement anti-cancéreux médical efficace, c’est le début de l’hormonothérapie. En 1905 De Courmelles réalise en France la première irradiation ovarienne. Le taux de réponse est de 33%. Il existe un parallèle entre la progression de la science fondamentale et la progression de la cancérologie. En 1910, on étudie le premier modèle murin : la castration est utilisée en prévention du cancer du sein. 1930, on découvre les hormones sexuelles, elles sont produites par les ovaires et stimulent la croissance mammaire (et les cancers). On montre aussi que les cancers murins sont induits par des oestrogènes. En 1939, des études sont menées sur la testostérone : on en donne a - des femmes, l’effet est positif (cela améliore leur cancer du sein) (pré-ménopause, RR = 21%) - des hommes, l’effet est positif (cela améliore leur cancer de la prostate) En 1944, une autre étude est menée : elle montre que quand on donne des de fortes doses d’oestrogène à des femmes la réponse est également positive (Ménopause, RR = 37%). Ce résultat est paradoxal : la réponse est due à la saturation des récepteurs. 2 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 1.2 1940-1950 : voie de synthèse des oestrogènes En 1940-1950, la voie de synthèse des oestrogènes est décrite : - Les 2 hormones (oestrone et oestradiol) dérivent du cholestérol, - L’oestradiol provient de la testostérone, elle est sécrétée dans les ovaires, - L’oestrone provient de l’androsténedione, elle est sécrétée par les surrénales. Ce schéma devient la base de l’hormonothérapie. 3 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 On peut ainsi définir de nouvelles thérapeutiques hormonales pour traiter le cancer du sein : - Ablation des surrénales et des ovaires : Surrénalectomie en 1947 : (RR : 32%) - OU ablation de l’hypophyse (il n’y a donc pas de stimulation surrénalienne et ovarienne) : Hypophysectomie en 1953 (RR : 36%) Autres traitements mis en place : - 1950 : corticoïde (RR : 0-10%) - 1960 : Progestatif (RR : 30%) 2. De la mise en place de l’hormonothérapie moderne aux premiers résultats de l’EBCTG : 1965-1992 En 1965, on décrit le récepteur à l’oestradiol (RE ou ER) En 1970, on décrit l’Aminogluthétimide (inhibiteur surrénalien, RR : 30-50%) En 1973, on décrit le Tamoxifène (Premier SERM, RR : 33%) En 1975, on décrit le récepteur à la progestérone (PR) En 1976, on décrit des analogues de la LH-RH En 1992, on réalise la Méta-analyse de l’EBCTG (Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group) 2.1 1965 : Description du récepteur à l’estradiol Le RE est un récepteur nucléaire, c'est-à-dire un facteur de transcription. On peut ainsi doser les RE sur les cellules cancéreuses. Description de ER et PR PgR mitose E2 E2 + RNA Chromatine ER E2•ER E2•ER noyau 4 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Mécanisme d'action de l‘oestradiol : activation du signal de transduction De nombreuses connections et interactions existent entre cette voie de l'activation et d'autres voies d'activation du signal de transduction. Ces communications sont, à l'étage moléculaire, de nouvelles cibles thérapeutiques en association à l'hormonothérapie. La liaison cytoplasmique de l’estradiol sur le RE dissocie le récepteur de son chaperon protéique cytoplasmique. Le complexe estrogène-récepteur pénètre alors dans le noyau et se lie à l’ADN pour initier la transcription génique. La transcription est catalysée par l’ARN polymérase II met en jeu un complexe de plusieurs protéines. Le dimère récepteur est activé par phosphorylation et forme avec des protéines coactivatrices un complexe qui se fixe sur les éléments de réponse estrogénique (ERE) du domaine de liaison à l’ADN . Parallèlement des corépresseurs sont liés à un promoteur de l’ADN, et interagissent directement avec le récepteur, ils peuvent aussi être en compétition avec les coactivateurs du récepteur : il existe un équilibre entre coactivateurs et corépresseurs pour réguler l’activité estrogénique. In fine la transcription nécessite la stabilisation du complexe d’initiation, un remodelage de la chromatine et des interactions avec d’autres facteurs. 5 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Avant la description de RE, il y a des caractéristiques cliniques de description des cancers du sein hormonosensibles : o Plus fréquents chez la femme âgée o Long intervalle libre de maladie (≥ 3 ans) entre la découverte de la tumeur mammaire et l’apparition de métastases o Sites Métastatiques particuliers : Os, Peau, Ganglions (les localisations viscérales (poumon, foie) sont moins souvent hormonosensibles) o Évolution Indolente sur des années. Après la description de RE (et la généralisation de leurs dosages : années 80) : la description des cancers du sein hormonosensibles est corrélée à la présence/absence du RE : o ER+ / PR+ : RR = 78% de réponse positive avec un traitement par œstrogène pour une femme RE+ et PR+ o ER+ / PR- : RR = 34% o ER- / PR+ : RR = 45% (nombres faibles de femmes de ce type) o ER- / PR - : RR = 10% On peut donc dire que l’hormonothérapie devient une thérapeutique ciblée ! Avant la description du récepteur au RE, l’hormonothérapie agissait de façon empirique. Après, on connaît la définition biologique de la cible de l’hormonothérapie (c’est le RE) : cette cible est surexprimée dans les cellules cancéreuses. Il faut donc l’inhiber pour diminuer (et traiter) le cancer. 2.2 Les SERM SERM = Selective Estrogen-Receptor Modulators = Modulateurs Sélectifs des RE Ces sont à la fois des anti- et des pro- oestrogènes : cela dépend des co-activateurs. Ce sont des ligands non stéroïdiens capables de se lier à RE. Bien que leur structure diffère sensiblement la conformation moléculaire de l’estradiol, les SERM peuvent se lier sur le domaine de liaison du récepteur d’estrogène et exercer une action thérapeutique Le tamoxifène est antagoniste des estrogènes dans certains tissus comme le sein et agoniste dans d’autres comme l’utérus (risque de cancer de l’utérus) et l’os (réduction de l’ostéoporose après la ménopause). Le Tamoxifen est actuellement le seul SERM commercialisé pour le traitement du cancer du sein. Il se lie au récepteur des oestrogènes au niveau du cytoplasme, migre vers le noyau, mais il n'y a pas/peu de transcription comme normalement avec les oestrogènes. Ainsi, le récepteur est bloqué et l'hormone naturelle n'exerce plus aucune activation de la transcription au niveau du noyau. Le tamoxifène bloque les cellules cancéreuses en G1, ce qui aboutit à une apoptose des ces cellules cancéreuses. Il agit à plusieurs niveaux : - Inhibition des cellules tumorales - Inhibition des récepteurs hypothalamiques, résultant réactionnelle (femme pré-ménopausée) - Effet protecteur osseux - Effet stimulateur utérin - Effet vasculaire oestrogene-like - Possible simulation tumorale après sélection clonale en une hyper-œstrogénie 6 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 L'effet le plus gênant est l'augmentation faible mais statistiquement significative de la fréquence des cancers de l'endomètre chez la femme ménopausée. Un autre effet secondaire décrit est l’augmentation du risque d'accidents thrombo-emboliques, incluant thrombose profonde et l’embolie pulmonaire. Structure chimique des SERM (tamoxifène, torémiphène et raloxifène) comparée au 17bEstradiol Mode d’action des SERM sur le RE 7 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 2.3 Principes du traitement hormonal du cancer du sein métastatique - - - Pour une femme pré-ménopausée : o Castration (abalation des ovaires) o ou Tamoxifène (ce qui revient à faire une castration chimique) o ou le plus souvent association des 2 Femme ménopausée : o Tamoxifène o ou oestrogène o ou aminoglutéthimide o ou progestatifs Bithérapie < traitement séquentiel RR diminue avec le nombre de lignes (c'est-à-dire le nombre de traitements successivement employés) 40 % → 20% → 10% → 5% 2.4 Méta-analyse de l’EBCTG Collaborative Group) (Early Breast Cancer Trialists' On a réalisé de nombreuses études de suppression ovarienne et de tamoxifen en situation adjuvante. Leurs résultats individuels restent discutables, la lumière viendra de la première méta-analyse de l’EBCTG en 1992 (30 000 patientes) Conclusions partielles La castration définitive est efficace. Elle diminue le risque annuel de rechute et de décès par cancer du sein de 31 % et de décès quelle que soit la cause de 28 %. Ces résultats sont très significatifs. La méta-analyse a montré que le bénéfice absolu se confirme au fil du temps (avec un suivi de 15 ans), tant pour les rechutes que pour la survie globale et la survie spécifique. Celle-ci augmente de 10 % à 15 ans (59,4 vs 49,1 %).En revanche, la castration n’apporte pas de bénéfice supplémentaire quand elle est associée à la chimiothérapie (CT). Le traitement adjuvant par tamoxifène diminue les rechutes et les décès de façon significative. L’étude indirecte de l’influence de la durée du traitement adjuvant par tamoxifène suggère qu’un traitement de 5 ans est plus efficace qu’un traitement de 2 ans, lui-même plus efficace qu’un traitement d’1 an. L’étude NSABP B-14 chez des malades avec des tumeurs RE + et sans envahissement ganglionnaire axillaire montre une détérioration de la survie sans rechute et de la survie lorsqu’on prolonge la durée d’administration du tamoxifène adjuvant à dix ans au lieu de cinq. C’est à la suite de cette étude que la durée standard d’administration du tamoxifène a été de 5 ans en adjuvant. L’utilisation du tamoxifène chez les femmes dont les tumeurs sont RE– ne modifie pas le nombre de rechutes Les bénéfices obtenus par un traitement adjuvant de 5 ans de tamoxifène chez les patientes RE+ sont retrouvés quels que soient l’âge et le statut ganglionnaire. L’association du tamoxifène à la CT augmente le bénéfice en réduisant les rechutes (35 %) et les décès (30 %) alors que l’association d’une castration à la CT n’améliore pas les résultats obtenus par la CT seule. 8 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 La prise de tamoxifène pendant 5 ans diminue le risque de présenter un cancer du sein controlatéral. L’augmentation de la durée du traitement adjuvant par tamoxifène entraîne une diminution supplémentaire de ce risque. Le traitement adjuvant par tamoxifène entraîne une augmentation du taux de cancer de l’endomètre qui persiste pendant 15 ans. Cependant, il a été constaté que le cancer de l’endomètre reste suffisamment rare pour ne pas influencer de façon significative la survie spécifique. De la même façon, l’augmentation des accidents thromboemboliques n’augmente pas la mortalité des patientes sous tamoxifène. Conclusion - Le traitement adjuvant par suppression ovarienne définitive diminue les rechutes (31 %) et les décès (31 %) chez les patientes pré-ménopausées - Le traitement adjuvant par suppression ovarienne temporaire diminue les rechutes (15 %) et les décès (15 %*) chez les patientes pré-ménopausées. - L’association de la suppression ovarienne à la CT ne semble pas avoir d'intérêt, ni en terme de SSR, ni en terme de survie globale - Le traitement adjuvant par tamoxifène diminue les rechutes (43%) et les décès (22%) chez les patientes RH+, quels que soient l’âge et le statut ganglionnaire - En revanche, il n’améliore pas les résultats chez les patientes RH– - L’association du tamoxifène à la CT chez les patientes RH+ améliore encore les résultats en diminuant les rechutes (35 %) et les décès (30 %) - La durée optimale du traitement adjuvant par tamoxifène est de 5 ans (20 mg/j) - Le tamoxifène diminue le risque de cancer controlatéral - Il augmente le risque de cancer de l’endomètre et d’accident thromboembolique, qui restent cependant rares Pour ceux que cela intéresse, voir en fin de ce cours les graphiques et tableaux amenant aux conclusions de l’EBCTG (mais c’est pas hyper intéresssant…) 9 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 3. Le développement des Anti-Aromatase de 3° génération et du fulvestran (1992-2007) 3.1 Les anti-aromatases Production des oestrogènes L’aromatase est une P450 monooxydase Les androgènes précurseurs obligatoires subissent 3 hydroxylations successives On retrouve des aromatases aussi bien dans les ovaires que dans les surrénales (aromatases périphériques) : elles sont responsables des transformation qui aboutissent respectivement à l’œstrogène et à l’oestradiol. Les estrogènes sont sécrétés principalement par les cellules des thèques et de la granulosa ovariennes de la femme non ménopausée, mais aussi par les glandes surrénales, le tissu adipeux et le tissu mammaire, expliquant que des quantités non négligeables d’estrogènes soient sécrétées chez la femme ménopausée. Les androgènes (Androsténedione et testostérone) sécrétés à partir du cholestérol, sont les précurseurs obligatoires des estrogènes qui sont synthétisés par une aromatase (une P450 monooxygénase) présente dans les ovaires, les glandes surrénales, le tissu adipeux, l'hypothalamus les cellules de Leydig testiculaires et dans une moindre mesure dans les muscles, les fibroblastes et les tissus cancéreux. L’estrone et l’estriol sont formées dans le foie à partir de l’estradiol. L'estradiol stimule la croissance des cellules glandulaires mammaires en se liant à un récepteur nucléaire (de la superfamille des récepteurs stéroïdiens). Le complexe récepteur hormone vient reconnaître des séquences de liaison sur l'ADN, et active la transcription de nombreux gènes spécifiques dont plusieurs ont été séquencés. Les protéines estrogéno-induites ont des fonctions diverses : facteurs de croissance (EGF, IGF1, TGFa ), oncogènes (c-fos, c-myc, c-myb), protéases (cathepsine D, activateur du plasminogène), récepteurs stéroïdiens (de la progestérone), protéine S2 dont le rôle reste inconnu... 10 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Les anti-aromatases (AI ou IA) sont très actives sur les aromatases surrénaliennes et peu actives sur les ovariennes. De ce fait, la réponse varie en fonction de l’état hormonal de la femme : - Avant la ménopause : les oestrogènes sont fabriqués par les ovaires et les surrénales. Les anti-aromatases diminuent les aromatases périphériques mais de manière insuffisante pour traiter le cancer, - Après la ménopause : les oestrogènes sont fabriqués uniquement par les surrénales : l’action des anti-aromatases est donc possible. Origine double des oestrogènes : Préménopause: Origine unique des oestrogènes : Ménopause 11 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 12 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Mécanisme d’action des inhibiteurs stéroïdiens et non stéroïdiens de l’aromatase Stéroidiens Non stéroidiens Hèm Hème Fe2+ e I.A. I.A.Stéroïdien Stéroïdien:: Inhibition irréversible Inhibition irréversible IA Androstènedione Aromatase exeIA mestane Aromatase Androstènedione Hèm Hème e I.A. Stéroïdien : Inhibition réversible On distingue 2 catégories anti-aromatases - les anti-aromatases de type I, de nature stéroïdienne, regroupant les produits qui se lient sur le site d'action de l'enzyme qui transforme les androgènes en oestrogènes, de façon irréversible (inhibiteurs suicides) : pour pouvoir transformer à nouveau les androgènes en oestrogènes, les cellules cancéreuses doivent synthétiser à nouveau de l'aromatase (dont formestsane (Lentaron®) exémestane (Aromasine ®)) - les anti-aromatases de type II agissent sur la réductase du cytochrome P450, qui constitue le co-enzyme du complexe enzymatique ayant l'activité aromatase, de façon réversible et temporaire (dont anastrozole (Arimidex ®) létrozole (Fémara ®)) 13 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Taux d’oestrogène intra mammaire : patientes non ménopausées et ménopausées Préménopause 2 Postménopause 2 0 pmol/mL Stimulation estrogénique PARACRINE 1 L 1 F Synthèse d’estrogène Par le tissu graiseux 0 Taux sérique d’estrogène Concentration d’estrogéne Dans le tissu mammaire O = ovulation; L = lutéale; F = folliculaire. Taux sérique d’estrogène Concentration d’estrogéne Dans le tissu mammaire Les cancers estrogéno-dépendants nécessitent la présence d’un taux significatif d’estrogène pour proliférer. On constate que : - pré-ménopause : les estrogènes sont principalement synthétisés dans les ovaires et atteignent le tissu mammaire par voie sanguine, les taux sériques fluctuant avec les cycles menstruels [phase ovulatoire ~ 2 pmol/ml, phase lutéale ~ 1.2 pmol/ml, phase follicullaire ~ 0.7 pmol/ml]. Le taux moyen dans le tissu graisseux mammaire est ~ 0.8 pmol/g. - post-ménopause : alors que le taux circulant d’estrogènes est effondré ~0.1 pmol/ml, le taux moyen dans le tissu graisseux mammaire est similaire à celui observé chez la femme avant la ménopause (~ 0.8 pmol/g). - De même les taux d’estrogènes sont identiques chez les femmes ménopausées et non ménopausées dans le tissu cancéreux mammaire. Ceci résulte de la présence d’aromatase dans le tissu graisseux mammaire et dans les cellules tumorales elles mêmes. L’aromatase du tissu graisseux est à l’origine d’un effet paracrine des estrogénes. 14 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Oestradiol sérique (pg/ml) Efficacité des inhibiteurs de l’aromatase Importance majeure du statut ménopausique : - L’efficacité des anti-aromatases de 3ème génération semble supérieure à celle du traitement témoin, - Les AI 3G rendent quasiment indosable l’oestradiol chez la femme ménopausée. 400 400 300 300 200 200 100 100 Témoins AI 3 ° G Pré-ménopause Témoins AI 3 ° G Post-ménopause 3.2 Etudes sur les anti-aromatases (+ annexe 2) Voir en annexe 2 des études comparant les anti-aromatases à d’autres traitements. J’y ai mis les graphiques et tableaux montrés par le prof, il n’y a pas toujours de commentaires désolé… (Je n’ai pas tout compris, et il n’a pas tout décrit et en plus ce n’est pas hyper intéressant). Voici quelques conclusions que l’on peut tirer : Pour le cancer du sein métastatique (Anastrozole vs. Tam) l’anastrozole augmente la Survie Sans Récidive par rapport au tamoxifène, quand on étudie les patientes ER+ uniquement. Letrozol vs. Tamoxifen première ligne métastatique : la survie sans “cross over” est augmenté avec le Femara On note une augmentation de survie des patientes métastatiques en pratique clinique courante traitées après 1994, car dès 1994 on a traité en fonction des récepteurs aux hormones (RH) et non plus de façon empirique. 15 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 3.3 Essais adjuvants (cf annexe 3) Ici je n’ai mis que les conclusions, pour le détail voir l’annexe 3, tous les graphiques ne sont pas en annexe car il n’a pas tout décrit en cours. Donc si certains les veulent absolument amenez moi une clé usb, je me ferai un plaisir de vous donner cette merveille d’épidémiologie et de méta-analyse !! Premier essai Adjuvant : ATAC L’effet en adjuvant des anti-aromatases est supérieur à celui du Tamoxifène, mais l’association des 2 traitements est meilleure (sauf pour les cancers métastatiques). L’Arimidex diminue le risque de métastase et de cancer du sein controlatéral Il n’y a pas de différence significative entre ARIMIDEX et le tamoxifène en terme de survie globale, ce qui n’a rien de surprenant. Il est important de prendre en compte que dans l’étude ATAC, les patientes ont un relativement bon pronostic avec 61% de N- et 64% de tumeurs 2cm. De plus, il a fallu 7 ans pour démontrer un avantage en survie globale du tamoxifène versus placebo dans l’étude NASBP-B14. Il est donc encore trop tôt pour voir l’impact d’ARIMIDEX sur la survie car le nombre d’événements rapportés est insuffisant à ce stade (411 vs 420). Le suivi des patientes continue encore 5 ans avec des analyses régulières prévues (suivi de 10 ans au total) Cependant, dans la méta-analyse de l’EBCTCG, la corrélation entre le taux de récidive et la mortalité a été bien établie dans le cadre du traitement hormonal adjuvant. On peut donc supposer que le bénéfice déjà démontré pour ARIMIDEX en terme de diminution du risque de récidives sera associé à une amélioration significative de la survie globale par rapport au tamoxifène. Les hazards ratios pour la survie sans maladie et le temps jusqu’à progression sont en faveur du létrozole.La survie globale est en faveur du létrozole, sans atteindre la significativité statistique. Le bénéfice d’ARIMIDEX est retrouvé dans tous les sous groupes de patientes (RE+/ RP+ et RE+/ RP-) avec un bénéfice encore plus important dans le sous groupe RE+/ RP-. Research Questions: HER2 - Y a t il une prevue de la résistance au tamoxifen dans les tumeurs ER+/HER2+ ? - Quel est le bénéfice du letrozole vs. tamoxifen pour les patients avec des tumeurs ER+ / HER2+ par rapport à ceux avec des tumeurs ER+ / HER2- ? Conclusions - Le statut PgR n’influe pas sur le bénéfice du letrozole par rapport au tamoxifen - La supposée hormono-résistance des tumeurs ER+/HER2+ reste à prouver. 16 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Etudes des anti-aromatases en séquentiel après Tamoxifene Phase III randomisée en Double Aveugle Patientes Ménopausées sous Tamoxifène Adjuvant (depuis Minimum 2 ans et Maximum 3 ans et un mois) comparant poursuite Tamoxifène versus Exemestane Durée Totale de Traitement = 5 ans Objectif principal Survie sans récidive Efficacité : Exemestane > TAM – Réduction risque de rechute = 33 % – Bénéfice absolu = 4,7 % en DFS à à 3 ans – Réduction cancer du sein controlatéral = 56 % – Amélioration marginale de la survie : HR 0,83 p = 0,08 Tolérance – À court terme Exemestane est bien tolérée Faut-il traiter après 5 ans de TAM ? MA-17 - Antiaromatases SUPÉRIEURES à Tamoxifène En comparaison directe En substitution après 2 à 3 ans de tamoxifène En allongement de la durée de l’hormonothérapie - Diminuent les Cancers Controlatéraux - TOLÉRANCE meilleure que Tamoxifène (on y vient..) Les Inhibiteurs de l’Aromatase augmentent-ils le risque cardiovasculaire ? - Métabolisme des lipides - Effets anti-oxydants - Effets hormonaux - Effets anti-inflammatoires → Effet protecteur coronarien « potentiel » du Tamoxifene → Mais augmentation connue des AVC & des thromboses veineuses → Réduction de 50% des événements thrombo-emboliques veineux → Pas d’augmentation significative des accidents coronariens par rapport à un médicament « protecteur coronarien » → Rester tout de même prudent, continuer de recenser les problèmes et étudier les modifications lipidiques liées à ces médicaments IA et Fulvestran : conclusions - Métastatique : o Les IA améliorent la survie o Utilisés en première ligne o Utilisation successive possible (Stéroïdiens/non stéroïdienS) o Le Fulvestrant est une drogue comme une autre - Adjuvant : o Les AI améliorent la SSR et probablement la survie o Indiqués d’emblée pour les femmes ménopausées o Indiqués en relais pour les femmes en péri ménopause o Aucune donnée en pré ménopause 17 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 4. L’hormonothérapie à l’heure de la génomique (2000-2007) Pour une tumeur, on étudie l’ensemble des gènes exprimés et on peut voir lesquels le sont plus ou moins. Pour le cancer du sein les gènes les plus exprimés sont : ESR1, ERB2 et MKI67 (pour la prolifération). Ces gènes étaient déjà connus (gènes impliques dans les RE) avant l’arrivée des méthodes de génomique et l’on croyait que l’on en mettrait d’autre en évidence. Eh bien non !! L’hormonothérapie à l’heure de la génomique - Les données génomiques modernes confirment l’importance de l’activation des RH dans la carcinogenèse de certaines tumeurs mammaires - Ceci est intellectuellement satisfaisant aux vues de l’efficacité de ces traitements et l’intérêt de la sélection des malades Clustering non supervisé d’échantillons de tumeurs mammaires (expression ARNm) = schéma d’une puce à ADN (clusters of known genes correlate with biological status evaluated by standard procedures) ESR1 ERBB2 MKI67 18 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Luminal A Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Luminal B ERBB2 Basal Normal Phénotypes cellulaires Ils sont de 5 catégories, en fonctions des gènes possédés : - Luminal A - Luminal B - ERB2 - Basal - Normal Le type de phénotype est identifié par analyse de la puce à ADN : cela dépend des gènes exprimés. Perou, Nature 2000 Sous classes tumorales géniques : détermination phénotypique Luminal A, B ERB-B2 Basal RE+ RP+ REx RPx HER-2 + RE- RP- HER-2 – Sous classes tumorales géniques : corrélation pronostique ER+ ER+ ER- PgR- HER2- Il y a 2 types de cellules épithéliales dans la glande mammaire : cellules basales et cellules luminales. Elles se distinguent par leurs caractéristiques immuno-histochimiques, les cellules luminales ont la particularité d’exprimer le RE. HER2+ 19 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 5. Evolution moderne : vers l’intégration de l’hormonothérapie et des autres thérapeutiques ciblées En 1980, on décrit les ER et PR. Puis on décrit ensuite les co-régulateurs, ce qui permet de comprendre les différents mécanismes d’action. Rôle des corégulateurs de RE dans la transactivation des gènes Le corépresseur N-Cor et les autres facteurs associés (mSin3A et HDAC-1) liés au dimère estradiol-récepteur fixé sur l’élément de réponse estrogénique de l’ADN (ERE) entraîne la déacétylation des histones et une forte fixation du complexe RE-ERE, empêchant la transcription. La fixation au dimère du coactivateur AIB en place de HDAC-1 permet l’acétylation des histones et libère les résidus de la machinerie de transcription pour RE. Transcription Génique Directe par l‘oestradiol : activation de protéines membranaires 1. Activation classique des récepteurs nucléaires 2. Activation de récepteurs d‘oestradiol incorporés dans la membrane cellulaire: la fixation du ligand sur ces récepteurs en coopération avec d'autres protéines membranaires activent directement des cascades de signaux d'initiation. 3. Activation par l‘oestradiol d'autres protéines membranaires (telle GPR30 par ex), capable d'activer directement des cascades du signal d'initiation. L'activation des signaux d'initiation conduit à la transcription génique. 20 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Relation ER/AKT-mTOR-Cytokine-RMTK Mais encore….(Hanahan, Cell, 2000) On sait maintenant que les RE interviennent dans tout le métabolisme de la cellule. 21 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Mécanismes de l’hormonorésistance - Perte d'expression ou de fonction du récepteur aux estrogènes - Modulation de l'expression du récepteur aux estrogènes (ER) - Altération des protéines de co-régulation d'ER - Tolérance pharmacologique - Implication d'autres voies d'activation cellulaires : Récepteurs à tyrosine kinase (HER1, HER2….) Phosphoinositidyl-inositol-3-OH kinase (PI3K) 6. Évolution moderne : vers l’intégration de l’hormonothérapie et des autres thérapeutiques ciblées Premiers essais : - Association tamoxifene ou AI et SMTK d’HER1 : peu démonstratif (méta et néoadjuvant) - Tumeurs métastatique HER2+ : Étude tandem SMTK est un inhibiteur de la Tyrosine Kinase d’HER1 HER1 est un récepteur à Tyrosine Kinase transmembranaire : c’est un récepteur à EGF (Endithelium Growth Factor) Étude TAnDEM Patientes HER2+ RH+ Traitement en 1ère ligne (n=208) - Anastrozole 1mg/j et Trastuzumab 2mg/kg - Ou Anastrozole 1mg/j Croisement possible pour Trastuzumab Étude TANDEM : survie sans progression 1,0 Événements SSP médiane 0,8 Pr o ba bil ité 87 99 0,6 p IC95 4,8 mois 2,4 mois 3,77,0 2,04,6 0,0016 0,4 0,2 0,0 Nombre à risque A + H A 0 5 10 15 20 25 10 3 10 4 48 36 31 22 17 9 14 5 13 4 30 35 Mois 11 2 9 1 40 45 50 55 60 4 0 1 0 1 0 0 0 0 0 SABCS 2006 - Abstract 3 22 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 Celecoxib et Exemestane vs Placebo et Exemestane Première ligne métastatique (Goupe GINECO, G Freyer) 167 patientes inclus / 342 attendus RR : E + Clelecoxib E + Placebo E + Celecoxib = 35% E + Placebo = 20% p= 0,035 En projet : Anti-mTOR + Tam (Groupe GINECO) PHASE II RANDOMISÉE Patientes Métastatiques ayant déjà reçu un AI (en adjuvant ou métastatique) n= 55 A : Tamoxifene n= 55 B : Tamoxifene + RAD 001 Autre approche : association d’hormonothérapie (peu de succès jusqu’a maintenant !) Progression sous anastrozole ou letrozole n=250 Fulvestrant n=250 Fulvestrant + Anastrozole n=250 Exemestane 23 Cancéro D1 GB Thomas BACHELOT Louise GENESTIER Emilie SAHUGUET 12/02/08 7. Conclusions 7.1 CONCLUSION 1 : En pratique Traitement hormonal du cancer du sein : Présence de récepteurs hormonaux ce qui permet une thérapeutique ciblée Il y a plusieurs traitements disponibles : – castration, – SERM, – antiaromatases, – progestatifs, – anti oestrogènes purs (fulvestrant) Pour le cancer métastatique : intérêt ++ de réaliser plusieurs lignes successives Un traitement adjuvant est possible pour toutes les tumeurs R+ – Postménopause = anti-aromatases (durée à préciser) – Préménopause = tamoxifène (anti-aromatases associées à la suppression de la fonction ovarienne à l’étude) 7.2 CONCLUSION 2 : Mécanistique Hormonothérapie dans le cancer du sein : quelles leçons en tirer pour les traitements ciblés ? 1) Les thérapeutiques ciblées sont efficaces : elles agissent sur les RE qui sont la cible à inhiber. 2) La même cible peut être atteinte avec différentes molécules ayant différents mécanismes d’action 3) Les résultats sont meilleurs pour les formes peu avancées (tumeurs de faible volume) 4) La mise au point d’un test fiable pour identifier la cible chez les patientes est fondamentale. C’est ainsi que l’hormonothérapie a fait des grands progrès en découvrant les RH. 5) Le test sélectionne les non-répondeuses, les patientes ER- ne répondent pas à l’hormonothérapie les patientes ER+ répondent à plus de 60% 6) Nécessité de comprendre l’interaction de la cible avec d’autres facteurs cellulaires 7.3 CONCLUSION 3 : généralités L’hormonothérapie dans le cancer du sein : • A été le premier traitement médical du cancer • A évolué sur un siècle en suivant directement les progrès de la biologie • A été la première thérapeutique ciblée • Il n’y a aucune raison que cela s’arrête Ouf !! c’est la fin d’un cours hyper chiant où il faut surtout retenir les principaux types de traitements et les mécanismes (et surtout pas les études…) 24