Elle correspond à une situation clinique dans laquelle l`angoisse est

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Dr. L. BRUN-BARASSI
Cours IUFM
Les troubles névrotiques chez l’enfant.
Ce sont des troubles intra-psychiques liés à un conflit qui ont comme
caractéristiques :
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ils sont durables sans tendance spontanée à la guérison,
ils sont non explicables par des événements récents.
Les relations avec l’environnement s’établissent sous le double signe de la
contrainte et de la dépendance mais sans aboutir à un dessaisissement complet
des capacités d’individuation et d’autonomie. La souffrance psychique et plus
particulièrement l’angoisse occupent une place centrale dans les troubles
névrotiques qui s’exprime soit par des manifestations somatiques soit par des
rites ou obsessions qui envahissent la vie du sujet. Le rapport à la réalité
demeure et le sujet a conscience de ses troubles.
Les névroses des enfants sont à différencier de celles adultes, c’est un
mouvement inévitable dans la vie d’un enfant mais qui s’effectue de manière
plus ou moins bruyante. Comment les évalue-t-on chez l’enfant ? On évalue la
fréquence et le retentissement dans la vie de l’enfant du point de vue scolaire,
affectif et des apprentissages. On observe si les signes persistent au-delà de
l’âge normal.
I.
La névrose d’angoisse.
1. Définition.
Elle correspond à une situation clinique dans laquelle l’angoisse est le
principal symptôme. Cette angoisse peut se manifester sous deux formes :
-
Des crises d’angoisse paroxystiques avec des
manifestations physiques ( tachycardie, dyspnée, troubles
digestifs…) et psychiques ( sensation de malaise intérieur,
de catastrophe imminente).
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-
ou un fond permanent d’anxiété. L’individu exprime un
pessimisme majeur, exprimant sans cesse des doutes et des
craintes et s’enferme dans une existence routinière et
protégée.
Elle est souvent associée à une insomnie d’endormissement, un ou des
réveils nocturnes, un sentiment de fatigue et un tempérament hyperémotif.
2. Les manifestations d’angoisse chez l’enfant.
On différencie :
-
Les réactions d’angoisse épisodiques qui font suite à
certaines situations particulières comme une intervention
chirurgicale ou des affections fébriles.
-
Les réactions d’angoisse aiguës comme les crises de panique
qui nous montrent un enfant terrifié, tremblant, et
transpirant qui se plaint de troubles fonctionnels divers :
cardiaques, respiratoires, digestifs….Ces crises sont de
durée variable et leur intensité peuvent orienter en premier
lieu vers une étiologie somatique. Il est important de
rechercher un facteur déclenchant.
-
Un fond d’angoisse chronique avec un enfant exprimant sans
cesse des craintes et des inquiétudes et présentant en
permanence un état de vigilance.
L’angoisse est inhérente au développement de l’enfant mais on évoque le
diagnostic de névrose d’angoisse quand les mécanismes de défense contre
l’angoisse sont débordés et que les symptômes sont invalidants. On peut être
alerté par des troubles du sommeil, des terreurs nocturnes. Elle peut apparaître
précocement : angoisse lors des changements (entrée maternelle….).
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II.
La névrose phobique.
1. Définition.
Elle regroupe 3 éléments :
-
-
-
Les phobies qui sont des peurs paniques et irraisonnées
devant un objet ou une situation ne comportant pas de
danger réel. Il en existe différentes formes, les plus
caractéristiques sont : les phobies de situations
(claustrophobie, agoraphobie) et les phobies des animaux.
Les conduites d’évitement. Elles consistent à éviter par tous
les moyens la rencontre avec l’objet ou la situation
phobogène.
Cette
attitude
s’accompagne
d’une
rationalisation importante.
Les conduites de réassurance et notamment l’utilisation d’un
objet « contraphobique ».
2. Les manifestations chez l’enfant.
Les phobies sont très fréquentes chez l’enfant et font partie du
développement normal (comme la peur du noir par exemple). On décrit
chronologiquement :
-
Les phobies du noir et les terreurs nocturnes à partir de 2
ans.
Les phobies des gros animaux vers 3 ans.
Les phobies des petits animaux (insectes, souris,
araignées…) vers 4 ans.
Les phobies de situation (moyen de transport, ascenseur…)
vers 5 ans.
Au cours de l’adolescence : dysmorphophobie (phobie
centrée sur le corps), érotophobie (peur de rougir),
nosophobie (peur de contracter des maladies).
Les phobies scolaires sont une des formes fréquentes d’organisation
phobique chez l’enfant. Elles surviennent souvent vers 8- 9 ans. C’est une
situation pathologique en rapport avec une difficulté de séparation avec la mère.
On la rencontre souvent vers 8-10 ans, il y a pas mal de phobies scolaires qui se
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manifestent lors de l ‘entrée en 6ème. Elle survient souvent après une
interruption scolaire : une maladie ou des vacances. On retrouve :
- soit des enfants qui ont de bons résultats scolaires et
qui ont peur de l’échec. Ils évitent alors la situation car ils
craignent de perdre leurs premières places.
- soit des enfants qui ont érotisés le rapport aux
lettres, à l’écriture et écrire provoque alors en eux des
angoisses importantes qu’ils ne peuvent gérer.
Il existe fréquemment une participation de l’entourage aux symptômes
avec soit une complaisance des parents, soit un surinvestissement de l‘école.
À côté de ces phobies, il existe des phobies mal organisées envahissantes
ou ayant un caractère bizarre. Ce type de phobie a plutôt valeur de symptôme
psychotique ou prépsychotique.
Des organisations phobiques déjà structurées ont été décrites dès l’âge
de 2 ans ½.
Souvent, les phobies de l’enfant prennent le masque d’une instabilité
psychomotrice, d’une inhibition ou de troubles du comportement ou du caractère.
III. Névrose obsessionnelle.
1.
Définition.
Elle est caractérisée par :
- Des symptômes qui correspondent à des irruptions répétitives et lancinantes
de pensées, de représentations, ou de groupes de représentations connotés
par des sentiments pénibles contre lesquels le sujet se défend :
- soit par des mécanismes mentaux, qui ont pour but d’écarter, de
conjurer, ou de maîtriser ses pensées et ses représentations : suite de
mots, arithmomanie, pensées conjuratoires, ruminations mentales ;
- soit par des comportements ayant la même signification (actes
conjuratoires, rituels, comportements vérificateurs).
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L’angoisse qui accompagne les pensées et les représentations obsédantes
est parfois très vive, survient par crise aiguë. Le sujet a toujours conscience de
la morbidité de ses troubles.
S’y associe un fond de personnalité avec tendance aux scrupules, à
l’aboulie, au doute, une méticulosité ou encore un souci exagéré de la propreté.
Personnalité obsessionnelle qui présente une tendance l’inhibition, au caractère
introverti, au repli.
2.
Les manifestations chez l’enfant.
En fonction de l’âge, on repère les symptômes suivants :
- 1ère année : rituel de jeter les jouets qui correspond à une tentative de maîtrise
de la séparation.
- 2ème année : rites accompagnant l’apprentissage sphinctérien.
- 3ème année : rituel du coucher.
- Pendant la période de latence : on discute la valeur obsessionnelle de
symptômes en apparence bénins : persistance de rites de la première enfance,
marotte telle que les collections de timbres, gommes…ou encore des tics.
- Au cours de l’adolescence : on rencontre des préoccupations métaphysiques,
des scrupules excessifs, une masturbation compulsive culpabilisée. Un tableau
proche de celui adulte peut éclore. Certains comportements d’allure compulsifs
sont a gardé en mémoire (kleptomanie, fugue, exhibitionnisme). On retrouve plus
rarement des traits de caractère obsessionnel.
IV. Névrose hystérique.
1. Définition.
Elle se caractérise par l’association (ou l’alternance) de deux types de
manifestations : les symptômes névrotiques proprement dits et les traits de
personnalité hystérique.
- Les symptômes de conversion hystérique : elle correspond à l’expression
à travers le corps, des conflits psychiques. Le symptôme de conversion
exprime à a fois la pulsion et l’interdit qui s’y oppose. Il est source de
« bénéfices secondaires » c’est à dire d’une position par rapport à autrui
(dépendance, intérêt, pitié) que l’hystérique recherche et qui soulage son
angoisse.
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On distingue des troubles paroxystiques et des troubles durables :
- Les troubles paroxystiques : exemple typique la « grande crise » pseudoépileptique décrite par Charcot sur le modèle de la crise du Grand Mal. On voit
généralement des crises atténuées. Il existe quelques états crépusculaires,
« seconds ou des amnésies paroxystiques.
- Les troubles durables : on considère :
- Des désordres tonico-moteurs (paralysies fonctionnelles dont la localisation
anatomique ne correspond pas à l’anatomie mais à l’anatomie populaire ou
imaginaire du sujet).
- Des troubles sensoriels ou sensitifs (anesthésies, hyperesthésies, surdité,
troubles visuels, anosmie, aphonie…).
- Des manifestations viscérales (gastro-intestinales, génito-urinaires….)
- Des manifestations psychiques (troubles de la mémoire++, amnésies,
hallucinations….).
- La personnalité hystérique : L’hystérique est comme à la recherche de
son propre personnage qu’il cherche dans l’opinion et le regard de l’autre.
Ce fond de personnalité se traduit par : une suggestibilité –théâtralisme –
exagération des attitudes et des affects – exaltation imaginairedépendance affective, souci de plaire et de séduire.
2. Manifestations chez l’enfant.
Il est habituel de rencontrer chez l’enfant, et surtout chez la petite fille,
des traits de personnalité hystérique. Le corps est fréquemment utilisé chez
l’enfant pour exprimer sa souffrance, son angoisse. Le corps sert de
« médiateur » entre lui et sa mère (L. Israël). Les manifestations somatiques
sont : anorexies, douleurs abdominales, vomissements, céphalées, spasme du
sanglot, troubles du sommeil…. On retrouve souvent un facteur déclenchant :
conflit familial, scolaire, affection somatique….
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