
MAX WEBER (1864-1920)
Max Weber naît en 1864 dans une famille prussienne au protestantisme rigide. C’est
une famille aisée d’industriels et d’intellectuels, politiquement engagée mais
modérée. Son père mène une carrière politique dans le parti national-libéral, et
Weber côtoie dès son jeune âge des politiciens et des intellectuels tels Dilthey et
Mommsen. Outre des cours de droit, Weber suit à la faculté de Heidelberg des cours
d’économie politique, de philosophie, d’histoire et de théologie. Il préfère très
rapidement l’isolement de sa chambre d'étude aux amphithéâtres où se bousculent
des étudiants qu'il n'apprécie guère. Weber poursuit alors de brillantes études de
droit et d'économie : sa thèse sur les sociétés commerciales au Moyen Âge (1889) et
le texte de son habilitation portant sur l'histoire des institutions agraires dans
l'Antiquité (1891) le font saluer comme un chercheur éminent. Privatdozent à
l'université de Berlin dès 1892, Weber enseigne le droit commercial et est très
rapidement remarqué par ses pairs.
Ces années furent décisives dans la formation de Max Weber à un autre titre : il
commença à s'intéresser aux problèmes sociaux de son époque et rejoignit, en
1888, le Verein für Socialpolitik (Association pour la politique sociale), association
formée par des économistes issus de l'Ecole historique et pour qui la réflexion
économique devait jouer un rôle décisif dans le traitement des problèmes socio-
économiques de la jeune nation allemande. Weber considère l'intervention étatique
dans le domaine social comme une nécessité pour assurer la force de la nation
allemande. Fervent nationaliste, il adhère en 1893 à la fédération pangermaniste qu'il
quittera définitivement en 1899 en raison de son opposition à l'idéologie raciste et
impérialiste prônée par la fédération.
Les années 1898-1903 représentent une période charnière dans la vie de Max
Weber. Atteint d’une grave dépression nerveuse, il est contraint à interrompre ses
activités de professeur et de chercheur. Cette crise durera près de cinq ans et le
contraindra à interrompre durablement ses activités de professeur et à suspendre
pour un temps son travail de recherche. Weber voyage alors beaucoup et réoriente
ses recherches au fil de ses lectures vers la sociologie. Il publie alors en 1904 une
étude qui lui assure très rapidement la célébrité : L'Éthique protestante et l'esprit du
capitalisme. Dans le cadre d'un ouvrage collectif consacré aux fondements de
l'économie sociale, il entreprend en 1909 son oeuvre majeure qui demeurera
inachevée : Économie et société. En 1910, il participe avec G. Simmel, et F. Tönnies
à la fondation de la Société Allemande de sociologie qu’il quitte deux ans plus tard
suite à une querelle théorique.
En 1918, après avoir refusé la défaite et appelé à la résistance, Weber fit partie de la
délégation allemande qui signa le traité de Versailles. Il participa également à la
commission en charge de rédiger la constitution de la République de Weimar. Au
milieu de l'agitation révolutionnaire de 1918, Max Weber sera l’un des membres
fondateurs du Parti démocratique allemand. Profondément meurtri par les conditions
imposées à l'Allemagne par le Traité de Versailles, Weber se détourne de la politique
pour une chaire de sociologie que l’université de Munich a créée spécialement pour
lui. Weber, à l'invitation de l'association libre des étudiants, y prononce deux
importantes conférences : l’une a pour titre « La vocation du savant » prononcée en
1917 et l’autre « La vocation du politique » en 1919. Cependant ayant à peine repris
ses cours et après une succession de deuils familiaux, il est terrassé subitement en
1920, à l’âge de 56 ans, par une pneumonie. Au moment de sa mort, Weber est sur